Les régions polaires Antarctiques | Le 6e Continent et ses îles

Formation du 6e Continent - le Continent et ses îles

Jusqu'il y a 160 millions d'années, l'Antarctique faisait partie, avec l'Australie, l'Afrique, l'Amérique du Sud, Madagascar et l'Inde, d'un continent unique - un super continent en quelque sorte -, Gondwana.

Diverses théories circulent sur la situation géographique de ce super continent ; la majorité des géologues est toutefois d'accord pour estimer que ses masses terrestres se sont toujours situées dans l'hémisphère Sud et qu'elles ont été, pendant 200 millions d'années environ, agglomérées autour du pôle avant de se retirer plus au nord. Pour avoir une idée des origines de Gondwana, il suffit de regarder une carte du monde et de rapprocher les profils des continents. Les côtes occidentales de l'Afrique ne viennent-elles pas, en effet, s'emboîter dans les littoraux de l'Amérique du Sud qui lui font face? La configuration de la côte sud de l'Australie ne présente-elle pas une ressemblance troublante avec le pourtour antarctique qui lui est opposé ?
Il y a 160 millions d'années, le super continent se fractionne. Une première dislocation isole l'Afrique et l'Amérique du Sud. Suivra celle de l'Australie et de la Nouvelle-Zélande qui se produit il y a 60 millions d'années, tandis que l'Antarctique, abandonné, migrera lentement vers sa position actuelle tout en se détachant de l'Amérique du Sud, 25 ou 30 millions d'années plus tard. A partir de cette période, se développent les grands courants océaniques qui vont encercler le continent ; le percement du détroit de Drake entre la pointe australe de l'Amérique du Sud et l'extrémité de la péninsule Antarctique lors de la séparation définitive de ces deux continents (-25 millions d'années environ) va accélérer le processus d'isolement de l'Antarctique et lui imprimer ses gènes climatologiques actuels.
Il faut savoir, en effet que, jusqu'au milieu de l'ère tertiaire, le 6e continent était recouvert d'une épaisse forêt primitive, probablement d'origine tropicale. Aujourd'hui, malgré qu'il soit abondamment fréquenté par les scientifiques, les expéditions sportives et le tourisme - trois secteurs dont les activités engendrent inévitablement une certaine forme de pollution - le continent Antarctique reste sans doute un continent unique au monde : il y a plus de 15 millions d'années que cela dure...

Les preuves de l'appartenance de l'Antarctique au supercontinent Gondwana proviennent de sondages géologiques qui ont mis à jour l'existence de roches identiques de même âge et de fossiles communs : en terre d'Enderby, par exemple, on a trouvé des granites et des sédiments glaciaires semblables à ceux qui parsèment la côte orientale de l'Inde. Il y a aussi les chaînes de montagnes qui, passant d'un continent à l'autre, permettent de reconstituer les ensembles ; c'est ainsi qu'on retrouve le prolongement de la chaîne transantarctique dans l'est australien, et les formations de l'Antarctique occidental (monts Ellsworth) en Afrique du Sud et en Amérique du Sud. Autres preuves : des ossements fossiles du reptile terrestre Lystrosaurus (un animal ressemblant à un chien court sur pattes, avec pour toute dentition deux canines situées de chaque côté de la mâchoire supérieure, qui a vécu sur terre il y a 200 millions d'années environ) et des traces fossilisées du conifère Glossopteris - une plante aquatique pouvant atteindre dix mètres de haut - ont été trouvés sur tous les continents issus de Gondwana, Antarctique compris. D'autres éléments sont venus renforcer les preuves géologiques : en 1982, des Américains découvrent que les ancêtres des marsupiaux australiens ne sont pas comme on l'avait cru jusqu'alors originaires de l'Amérique du Nord mais bien de l'Antarctique. En décembre 1985, des plantes aquatiques très anciennes et des restes de bois fossilisé sont récoltés dans les monts Transantarctiques, preuve que le climat du continent n'a pas toujours été soumis au régime polaire.
Le dernier paramètre qui apporte la preuve de l'appartenance de l'Antarctique au Gondwana concerne les relevés bathymétriques. Si, au lieu de prendre comme bordures des continents les contours des côtes géographiques, on décidait de se baser plutôt sur la limite géographique des plateaux continentaux, les différentes formes d'assemblage montreront que l'Afrique, l'Antarctique, l'Amérique du Sud, l'Australie et l'Inde occupent les mêmes positions relatives mutuelles. Prenons deux littoraux qui semblent coller au niveau de la reconstitution gondwanéenne ; le plateau continental de l'un et de l'autre plongera vers les abysses à la même profondeur et leurs courbes de niveau sous-marines seront pratiquement identiques. Il a été également prouvé que les parties occidentale et orientale de l'Antarctique, bien que provenant toutes deux de Gondwana, n'ont pas les mêmes caractéristiques géologiques et n'auraient donc pas suivi le même itinéraire.
C'est ainsi qu' a été formulée l'hypothèse selon laquelle les terres formant l'assise de l'Antarctique de l'est ont bien formé, jadis, le coeur du super continent et se sont mises en place vers le pôle Sud alors que Gondwana bougeait imperceptiblement autour du globe terrestre ; l'Antarctique de l'ouest provenant, lui, de la lente reconstitution d'un puzzle géant composé de pièces d'âges différents qui se sont assemblées de manière indépendante et à des époques distinctes.