Les Expéditions polaires Arctiques / Saison printemps 2005
Ann Daniels 2005 North Pole Solo |
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Lundi 4 avril
En raison de graves difficultés entre Cerpolex et les autorités russes la semaine dernière, le TO français a décidé l'évacuation des expéditions, « faute de pouvoir assurer leur sécurité ». Voici ce que disait le site web de Daniels après cet abandon forcé :
Ann Daniels a été évacuée de la banquise. Son rêve d'atteindre le Pôle Nord géographique est fracassé.
Après 20 jours de lutte contre les éléments arctiques, les ours blancs et la bureaucratie russe, ce matin, Ann n'a rien pu faire d'autre que de monter dans l'hélicoptère, qu'elle croyait chargé de la ravitailler. En 20 jours sur la glace, Ann a franchi 121 milles nautiques. Il lui en restait 399, un objectif réalisable vu les 40 jours encore disponibles. Mais à 08h00 GMT ce matin, elle a appris que son rêve, celui d'être la première femme à fouler le Pôle Nord géographique en solo, avait cessé d'être.
A cause d'un fort vent de face et d'une glace morcelée par les rafales, Ann a connu hier la journée la plus dure de son expédition, parcourant seulement 8 milles nautiques en 11 heures de marche. Ce matin, elle attendait le ravitaillement dans sa tente. Deux heures avant l'opération, le téléphone lui apprenait que l'hélicoptère venait en fait l'évacuer pour la reconduire en Sibérie.
Depuis un peu plus de 36 heures, l'équipe de base d'Ann savait qu'un conflit local entre les opérateurs logistiques risquait de mettre en péril les procédures de sécurité de l'expédition. Ensuite, très tard hier soir, l'équipe a appris que son partenaire logistique, Cerpolex, avait décidé, en liaison avec l'organisation de Khatanga et le gouvernement de Taymir, d'évacuer toutes les expéditions se trouvant entre la Russie et le Pôle Nord. C'était là le point culminant des problèmes nés à Krasnoïarsk et Khatanga, qui avaient retardé de 16 jours le départ de l'expédition d'Ann. Celle-ci ignorait jusqu'à présent que le désaccord n'était pas résolu et qu'elle allait être évacuée aujourd'hui.
Saine et sauve, Ann est cruellement déçue de voir son rêve polaire ainsi avorté. Ann s'est donnée à fond pendant les 20 premiers jours, et si les conditions l'avaient permis, elle se sentait capable d'aller jusqu'au bout.
Ann a regagné la terre ferme à Sredney, dans le nord de la Sibérie. Elle prendra demain l'avion pour Khatanga, avant de retrouver vers la fin de la semaine prochaine sa famille et ses amis.
Mardi 29 mars
Il y a cinq jours, le 24 mars, Ann a perdu les peaux de ses skis. Et depuis lors, elle est obligée de marcher. En attendant de pouvoir effectuer des opérations de colage le soir dans la tente, lorsque le temps deviendrait moins froid, elle avance à pied, ne skiant que les chenaux d'eaux libres bien gelés.
Elle observe des traces d'ours et de renard polaire mais n'en a pas encore vus.
Ses hanches et ses pieds souffrent le matin, mais la douleur disparait au fur et à mesure de la marche. La nuit, elle continue de se réveiller environ toutes les 30 minutes en tremblant de froid... Elle marche environ 10 heures par jour.
Sa position le 26 mars :
82°41'45'' N / 93°00'32' E
Distance accomplie jusqu'ici
: 82.5 miles nautiques
Distance restante : 438 miles nautiques
Vendredi 25 mars
22,5 miles N parcourus depuis dimanche dernier. La glace est plus dangereuse que jamais et difficile à négocier. Zones de compressions, nombreux petits ou plus larges chenux d'eaux libres devant lesquels de nombreuses questions toujours se posent quant à la manière de la traverser ou de les négocier (en faire le tour, mais cela ne va-t-il pas mener trop loin, tenter la traversée à ski, mais quid de la glace ?, revêtir quand même la combinaison étanche, mais quels temps perdu - n'oublions pas que Ann Daniels est seule et ne bénéficie pas de l'aide d'un partenaire en cas de difficulté, c'est ce qui a coûté probablement le vie à Dominick Arduin l'an passé). "Le seul réconfort le soir, écrit Ann le mardi 22 mars dans son carnet de bord, c'est d'avoir pu progresser sous un beau ciel bleu aujourd'hui. Sinon..."
Sa position le mercredi 23 : 82°14'13" N / 92°36'53" E
Dimanche 20 mars
Ann Daniels progresse à raison d'environ 5 miles nautiques (5,75km) et 8 heures de marche par jour depuis qu'elle a quitté Arktichewski - ce qui n'est évidemment pas assez rapide à son goût. Elle est retardée à la fois par la dérive, les chenaux d'eaux libres et par les zones de compression qui se dressent devant elle. Celui qui la suit et met à jour son site note le 15 mars que Ann a en fait accompli 38 miles mais ne s'est approché du but que de 19.5 miles !
Il explique également, pour l'anecdote, que le soir, la voyageuse est tellement frigorifiée et ses vêtements tellement raides de glace qu'elle est obligée de se mettre dans son sac de couchage pour se changer en fin de journée. Elle dort également très mal en ce début d'aventure, se réveillant et tremblant de froid toutes les 30 minutes, ce qui naturellement ne favorise pas le repos...
Lundi 14 mars
Après 16 jours de tergiversations bureaucratico-administratives en Sibérie (à Khatanga), Ann a finalement commencé son périple arctique de 575 miles vers le PN. Elle avait d'abord espéré de commencer son aventure fin février. Mais en raison de problèmes dus probablement à une certaine mésentente entre la logistique (Cerpolex) et les autorités russes, elle n'a pu quitter Khatanga que vendredi passé (le 11 mars) ; au cours de ces 16 jours, elle était montée trois fois dans le MI8 pour partir enfin, mais à chaque fois, un ordre de dernière minute intimait aux expéditionnaires de débarquer et d'attendre encore.
Bref, la Britannique a enfin atterri au cap Arktichewski à 7h30 GMT hier dimanche en compagnie des deux autres expéditions qui font le même trajet (Bancroft/Arnesen et PoleTrack) pour quitter tout aussitôt la terre ferme et s'engager sans se retourner sur la banquise. Ce qui devrait lui permettre d'accomplir assez de distance pour s'éloigner suffisamment des zones côtières où les glaces sont peu stables et en général très dangereuses...
Aucun contact radio n'a encore été possible avec son QG mais grâce à sa balise Argos, on sait qu'en ce seul jour, elle a accompli 1,8 miles nautiques.
Dimanche 13 mars / 8.02 am
Ann a pris l'hélicoptère à Khatanga avec les deux autres équipes. Direction le Cap Cheliouskin pour faire le plein. Là, carburant refusé : impossible de poursuivre le voyage. Selon les informations dont nous disposons, aucune explication n'accompagne ce refus de ravitaillement. Mais les équipes s'activent en coulisses.
Liv Arnesen et Ann Bancroft, les deux membres de l'équipe féminine empêtrées dans ce gâchis, ont informé les organismes officiels de leur pays en leur demandant s'ils pouvaient intervenir. De même, Peter Herbert, l'assistant logistique personnel d'Ann Daniels, a contacté le Foreign Office britannique dans ce sens.
C'est peut-être grâce à ces pressions officielles d'en haut que le problème a été résolu très vite, estime Christian de Marliave, de Cerpolex Logistics : « J'ai été surpris par le problème, mais encore plus par la rapidité avec laquelle il a disparu. »
L'hélicoptère a pu faire le plein et les équipes sont reparties. Ann est à présent arrivée à la station météo de Golomani. Elle se repose avant la dernière étape du voyage qui doit la conduire à son point de départ sur la glace. Ann appellera l'équipe quand elle y sera. Restez avec nous !
Peter Herbert, Expedition Technical support
8 Mars 2005 / 10 pm
De son site web
Les retards russes occasionnent de gros problèmes à l'expédition de cette année. Disposant pourtant de tous les documents nécessaires, Ann et les deux autres expéditions qui espèrent partir du Cap Arktichevsky cette année sont encore bloquées à Khatanga, en Sibérie du Nord. Cerpolex, l'entreprise française qui fournit le soutien logistique à l'expédition, opère dans la région depuis douze ans. C'est de loin le meilleur opérateur dans cette partie du monde.
Les expéditions sont donc freinées par la bureaucratie russe. Cerpolex a travaillé dur pour qu'elles reçoivent tous les papiers et autorisations officiels.
Chacune des expéditions et Cerpolex avaient la permission officielle de se rendre au Cap Arktichevsky. Le samedi 5 mars, elles se sont donc rendues à l'aéroport pour prendre l'hélicoptère qui devait les emmener à leur point de départ.
Mais là, elles ont été informées qu'un coup de fil des autorités militaires de Khatanga leur interdisait d'aller plus loin, sans autre explication. Nous craignons vivement qu'en dépit de tous les documents officiels, elles ne puissent arriver au Cap Arktichevsky. L'interdiction ne repose quant à elle sur aucun papier officiel. Une fois de plus, Cerpolex s'efforce de résoudre le problème. En attendant, il ne reste qu'à patienter.Malgré les 13 jours de retard, Ann est de bonne humeur et compte toujours sur la réussite de l'expédition. Elle tue le temps en parcourant à pied les environs de Khatanga, faisant connaissance avec les gens du lieu et les autres membres de l'expédition.