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Les régions polaires Antarctiques | Brève histoire de l'Antarctique

Les premiers prisonniers de l'Antarctique (Page 1)



Les Belges entrent dans la danse.
Qu'est ce qui a poussé un jeune étudiant en polytechnique à s'engager dans une aventure aussi intrépide que la conquête du continent Antarctique ? Un heureux concours de circonstance auquel se sont ajoutés l'envie de découvrir des terres inconnues, la passion des horizons lointains, l'inclination pour les régions froides et inexplorées, le désir de faire avancer la science et le souhait de faire participer son pays à la découverte des dernières terres vierges du globe.
Pour mieux comprendre ce qui a pu se passer dans l'esprit d'un jeune officier de marine habitué à bourlinguer sur toutes les mers du monde, il faut également situer son envie de partir dans l'atmosphère fébrile de cette fin de siècle qui voit le continent mystérieux se dévoiler peu à peu... Ce n'est certainement pas par hasard que le "6e Congrès International de Géographie" (Londres, juillet 1895) s'exprime sur l'état des découvertes dans l'Antarctique et incite les pays participants à redoubler d'efforts pour envoyer au plus vite des scientifiques sur le terrain afin qu'avant la fin du siècle, le continent couvert de glaces ne soit enfin plus Terra Incognita. Le jeune Gerlache désire à tout prix faire partie de la grande famille de ceux qui vont aller découvrir ces régions fantomatiques.
Persuadé qu'en Belgique, il ne trouvera pas de répondant, il écrit d'abord à l'explorateur suédois Otto Nordenskjöld pour lui demander de l'accompagner dans son prochain voyage antarctique mais ne reçoit pas de réponse. "Cependant une idée d'abord vague était née, écrit Adrien de Gerlache dans son livre "Quinze mois dans l'Antarctique", puis s'était précisée dans mon esprit : pourquoi n'entreprendrais-je pas moi-même, de ma propre initiative, un voyage de découverte dans la zone si peu connue de l'Antarctique ?" C'est ainsi que, peu à peu, germe le projet et qu'un jour, le jeune bourlingueur belge se lance à corps perdu dans ce qui va être l'aventure de sa vie.

Bien que les membres de l'Académie Royale de Belgique et de la Société Royale de Géographie de Bruxelles (SRGB) - des gens influents donc - se montrent intéressés par le projet, les finances sont difficiles à trouver. La Belgique est, en effet, toute entière engagée dans la conquête coloniale et n'a manifestement pas envie de se tourner vers d'autres entreprises lointaines. Mais Gerlache est habité par une tenace volonté de réussir ; avec l'aide de la SRGB qui lance une souscription nationale, il parvient à convaincre 2.000 souscripteurs et voit ainsi l'escarcelle de l'expédition se gonfler de ses premiers 100.000 francs. Impressionnées par tant d'intérêt public, les Chambres votent un premier crédit de cent autres mille francs. Boucler le budget final (300.000 francs de l'époque) ne sera pourtant pas tâche aisée ; il faudra, en effet, passer par la création de comités de propagande dans différentes villes du pays, organiser moult fêtes populaires, concerts et autres conférences, programmer des ascensions de ballons payantes et convaincre bon nombre de conseils communaux...
Enfin, trois ans après avoir caressé l'idée de faire voyager le pavillon belge dans les parages du mystérieux continent, Adrien de Gerlache voit le grand jour arriver : le 16 août 1897, à huit heures du matin, il est aux commandes de la Belgica et quitte le port d'Anvers sous une salve de hourras et de coups de canon. Le bateau est tellement chargé d'instruments scientifiques que sa ligne de flottaison ne se trouve qu'à 50 centimètres au-dessus de l'eau. Autour du trois-mâts, une foule de yachts se presse pour escorter les explorateurs sur l'estuaire de l'Escaut ; parmi eux, se trouve le Kortenaar, un cuirasser que la reine Wilhemine des Pays-Bas a dépêché sur les lieux pour rendre les honneurs aux Belges. A bord de la Belgica, l'excitation est à son comble : tous sont convaincus que les années qui vont suivre marqueront à jamais leur existence. C'est qu'au-delà de l'originalité de la destination, l'explorateur belge a élaboré un projet de grande envergure qui inaugure de nombreuses années de découvertes antarctiques. "Mon plan primitif, écrira plus tard Gerlache, était de consacrer la première année à une reconnaissance dans la mer George V où Weddell avait atteint le 74e parallèle, de faire voile ensuite vers la Terre Victoria et d'y hiverner avec trois de mes compagnons, tandis que la Belgica irait se réapprovisionner à Melbourne". Quoiqu'il en soit du déroulement futur de l'expédition (les choses ne vont, en effet, pas toujours bien se passer), le caractère scientifique et international du projet est clairement affiché : outre les matelots, le maître d'hôtel, le chef-coq, le mécanicien et le commandant en second (Georges Lecointe), se trouvent à bord un géologue polonais (Henryk Arctowski, qui est également océanographe et météorologue), un médecin-photographe américain (le célèbre Frédérick Cook qui embarquera à Rio-de-Janeiro), un lieutenant d'artillerie formé en physique du globe avant le départ (Emile Danco), un zoologue et botaniste roumain (Emile-Gustave Racovitza), un assistant météorologue (Antoine Dobrowolski, polonais lui aussi) et une figure de proue des expéditions antarctiques que l'histoire rendra célèbre quelques années plus tard, le Norvégien Roald Amundsen. A bord, la moyenne d'âge est de 28 ans : tous ces jeunes loups qui partent ainsi à l'aventure sur un petit voilier armé par un petit pays souhaitent en découdre au plus vite avec l'inconnu qui les attend dans les eaux terribles de l'hémisphère Sud.

Comment acheter un trois-mâts...


C'est en 1895 alors qu'il était au service d'armateurs écossais et norvégiens pour effectuer une campagne à proximité de la banquise du Groenland qu'Adrien de Gerlache aperçut, pour la première fois, la Patria qui allait devenir plus tard la Belgica. A cette époque, le navire n'était pas à vendre. Mais le jeune lieutenant de marine belge bénéficia de circonstances favorables. L'année suivante, en effet, la société anonyme à laquelle appartenait la Patria fut dissoute et le bateau mis en vente. Selon les usages de l'époque, un droit de préemption était automatiquement réservé au capitaine qui commandait le navire - et ce dernier désirait l'acquérir. Mais pour ce faire, il dût dépenser toutes ses économies et, lorsque vint sa première campagne de pêche, la bourse du nouvel armateur était vide. Il fut donc obligé d'emprunter une forte somme pour la mener à bien. Effrayé par cette dette et pressé par le lieutenant belge de vendre son bateau, le propriétaire de la Patria lui consentit une option d'achat au prix de 50.000 couronnes ; l'acte fut signé le 29 février 1896. La Patria était un trois-mâts-barque dont la coque avait été renforcée de bandes de fonte dans toutes les parties exposées aux frottements avec la glace. Sa jauge nette était de 244 tonneaux, il mesurait 34,6 mètres de long sur 7,50 mètres de large. "C'était en réalité un tout petit bâtiment que cette Patria, écrit Adrien de Gerlache dans son livre "Quinze mois dans l'Antarctique", - si petit que j'eus un moment l'intention de la baptiser Coquille..."
En juin 1896, la campagne de pêche fut plus fructueuse que prévu et le capitaine, soudain, ne veut plus entendre parler de transactions. Trois semaines plus tard, pourtant, cédant à l'opiniâtreté du lieutenant belge, la Patria fut enfin vendu à Gerlache. Le 4 juillet, le pavillon norvégien était définitivement amené sur les quais de Sandefjord et, sous une salve de 21 coups de canons, le trois-mâts était rebaptisé Belgica.


La science se met au travail dans les eaux antarctiques.
Au début de l'expédition, mis à part un aléas de navigation qui a temporairement immobilisé la Belgica sur des hauts fonds au large de Ushuaïa, le projet se déroule comme prévu. Arrivés dans les latitudes froides, l'on se met au travail ; pendant que les matelots s'amusent à chasser l'albatros et faire de leurs os des tuyaux de pipe, les scientifiques relèvent la température de l'eau à différentes profondeurs et lancent des sondes ; depuis ces observations, on sait qu'une fosse océanique de 4.000 mètres sépare la chaîne andine de celle qui divise le continent Antarctique. Mais, dans l'après-midi du 22 janvier 1898, un drame se produit. Le temps est à la tempête et la Belgica embarque des paquets de mer ; tentant de dégager un dalot obstrué qui retient trop d'eau sur le pont, le matelot Auguste-Karl Wiencke enjambe, contre les ordres, le bastingage et tombe à l'eau. Impossible avec ce temps de mettre une embarcation à la mer. Lecointe, le commandant en second, offre alors de se laisser glisser dans l'eau au bout d'un filin pour tenter de rattraper Wiencke qui s'était accroché tant bien que mal à la ligne de loch. Il le saisit dans ses bras et tente de l'amener près de la coque. Mais de méchantes lames soulèvent sans cesse le bateau et, à plusieurs reprises, le tandem est projeté avec fracas dans l'eau. "Wiencke était inerte, écrira Lecointe dans son livre "Au Pays des Manchots", il avait les yeux grands ouverts, regardant dans le vague. Il maintenait la bouche fermée et chassait avec force par le nez l'air qu'il respirait. Deux ou trois fois, la corde se raidit m'imprimant les mêmes secousses ; je serrais Wiencke dans mes bras, mais mes forces me trahirent et je dus abandonner le malheureux". C'est le premier drame qui entache l'expédition ; nul ne se doute alors qu'il y en aura d'autres...
Pour horrible qu'il soit, cet accident ne remet pas en cause le déroulement du voyage. Trois mois après avoir quitté Anvers, la Belgica entre pour la première fois dans les parages de la péninsule Antarctique et explore, baies après baies, côtes après côtes, le détroit qui se faufile entre l'ouest de la péninsule et l'île Anvers -détroit qui, plus tard, allait porter le nom de Gerlache.
A lire les récits du chef d'expédition et de son second, on se rend compte à quel point les expériences scientifiques étaient primordiales pour ces jeunes aventuriers. Durant les trois semaines passées dans cette région, pas une journée ne se passe, en effet, sans que des hommes débarquent sur l'un ou l'autre coin de terre, sans que des relevés soient faits - du navire comme de terre -, sans que les mesures soient effectuées sur les échantillons de mer, de glace et de roche recueillis par l'expédition. "Quand nous débarquons, écrit Gerlache, Arctowski, détachant avec un marteau des éclats de vulgaire granit, semble un prospecteur cherchant du quartz aurifère ; Racovitza, dans les rares solutions de continuité de l'épais manteau de glace qui recouvre les terres, cueille parfois une graminée minuscule avec les mêmes soins que s'il s'agissait d'une orchidée rarissime. Nous n'avons pas une heure à perdre : pour faire oeuvre utile, il faut travailler rapidement, sans s'arrêter aux détails, de façon à obtenir une bonne carte d'ensemble, indiquant, pour les besoins de la navigation, la physionomie de ces parages. Tandis que les uns sont à terre, les autres, à bord de la Belgica, vont d'un rivage à l'autre, cherchant des points de repère, mesurant des angles, levant la carte...."
Trois jours et trois nuits durant, un team composé du commandant, de Cook, d'Amundsen, d'Arctowski et de Danco, va même faire une exploration sur quelques promontoires (les monts Solvay sur l'île Brabant), dormir sous tente, franchir d'impossible crevasses et marcher au travers d'une neige épaisse vers les points les plus élevés afin de mieux cartographier le secteur. Tandis que Racovitza, le biologiste de l'expédition, lui, récolte une foule d'informations sur les différentes espèces de manchots peuplant le coin et dresse l'inventaire de la faune terrestre -puces des neiges, moucherons à ailes atrophiées, acariens - tout en prélevant dans chaque recoin de terre non recouvert de glaces le moindre lichen, la moindre mousse ; malgré la pénurie de végétation qui caractérise ces endroits, les spécimens rapportés par la Belgica vont doubler le nombre des espèces de la flore antarctique connues jusque là.


Quelles étaient les réelles intentions de Gerlache ?
Le 18 février 1898, alors que l'expédition fait route le long de la banquise, les hommes aperçoivent dans le pack une large brèche orientée plein sud. De la même manière qu'une telle opportunité s'était présentée à James C. Ross en 1841, voilà cette énorme mer de glace qui s'ouvre miraculeusement devant les explorateurs. Adrien de Gerlache sait tout le bénéfice qu'il peut tirer de la découverte d'une vaste zone d'eaux libres se situant au-delà de la banquise ; il sait aussi que les scientifiques ne partagent pas sa frénésie de découverte et que tous n'ont pas envie de s'engouffrer dans cette faille de peur de perdre les précieux échantillons qu'ils viennent de récolter. Mais, dans ce type d'aventure, c'est le chef qui décide. "L'occasion était unique et il fallait profiter de cette dislocation des glaces pour courir vers le sud, écrit Georges Lecointe. Gerlache vint me trouver sur la passerelle ; notre conversation fut courte ; elle se termina par un vigoureux shake hand, et, avec une joie profonde, je transmis au timonier l'ordre de mettre le cap au sud ! Nous ne nous dissimulions pas, cependant, les risques de notre téméraire entreprise. La mauvaise saison allait nous condamner à un hivernage, pour lequel nous n'étions qu'incomplètement équipés. Si nous succombions, qui rapporterait au pays les documents précieux que nous avions déjà recueillis ?"

Quelques jours plus tard, alors que le baleinier ne peut plus faire machine arrière, une discorde naît à bord au sujet des réelles intentions du commandant. A-t-il sciemment voulu, dès le début, se faire piéger par la banquise afin de pouvoir être le premier à hiverner en Antarctique ? Ou s'est-il aventuré là par hasard ? Un premier élément de réponse est donné par Gerlache lui-même dans son livre alors qu'il termine le chapitre VIII "Vers le sud". "Nous allons être les premiers hiverneurs de la banquise antarctique, écrit-il, et ce seul fait nous promet une ample moisson de renseignements à recueillir, de phénomènes à étudier. N'est-ce pas là ce que nous avons désiré, ce que nous avons cherché ? Ce qu'on peut affirmer ensuite, à la lecture des pages qui retracent les premières semaines de l'hivernage et l'atmosphère qui s'en dégage, c'est que le commandant ne semble pas le moins du monde contrarié par ce qui lui arrive. La tranquillité des préparatifs, la minutie des ordres donnés, le calme avec lequel il analyse les problèmes, la diversité des solutions apportées ainsi que la rapidité de leur mise en place ; tous ces éléments prouvent que l'hypothèse d'un hivernage a été soigneusement étudiée. Un an plus tard, alors que la Belgica est sur le point de sortir de son calvaire à l'insu de tous, le commandant doit entrevoir, l'espace de quelques jours seulement, la terrible éventualité d'un nouvel hivernage sur place ; là, en quelques lignes, le ton devient soudain plus solennel et le rythme de l'écriture plus dramatique. Une troisième information est à verser au petit dossier de cette controverse : entre Lecointe et son chef, il existe jusque là une complicité parfaite. Pour preuve, cette solution proposée par ce dernier à Gerlache qui lui avoue ne plus être vraiment assuré de l'obéissance de ses hommes dans le cas où ils devraient hiverner ; affoler le compas liquide avec de gros aimants et remplacer la rose du compas-étalon par une autre de réserve que l'on pourrait, vite fait, aimanter en sens inverse de telle sorte que le timonier fera route au sud alors qu'il croira diriger le bateau vers le nord ! Pour conclure, il faut se reporter aux écrits de Lecointe qui précise lorsqu'on lui reproche de ne pas avoir utilisé toute la puissance possible de la machine et mis tout en oeuvre pour briser le pack : "Comment répondre à cette accusation ? Il est certain que nous avons honnêtement essayé de retourner vers le nord, mais il est certain aussi que Gerlache et moi, nous avons été heureux de l'échec de notre tentative".
Quoiqu'il en soit, voilà donc le baleinier belge bloqué, dès le 5 mars 1898, dans les glaces de l'Antarctique par 70° de latitude sud. Question combustibles, l'expédition a des vivres et du charbon en suffisance (il reste 110 tonnes d'anthracite) mais l'ordre est donné de couper néanmoins les feux de la chaudière pour plus de sécurité. Question quotidien, il faut l'organiser de mieux possible ; le commandant décide, pour les repas, un cycle de 28 jours, afin d'éviter qu'une monotonie ne s'installe trop rapidement à bord. Un exemple de menu pour le premier mercredi du mois : matin, café, pain et beurre (ils peuvent faire du pain frais tous les jours grâce à la farine stérilisée qu'ils ont à bord), marmelade d'oranges, midi, purée de pois, lard avec pommes de terre et choucroute, tête de veau tortue, raisins de Malaga, soir, riz au gras, pâté de foie de porc, maquereaux à l'huile, thé. Le tout en conserve, bien sûr. L'alcool, lui, est proscrit - mis à part 15 centilitres de vin de Bordeaux minutieusement distribué chaque dimanche. Et puis, on s'occupe du bateau ; une toiture est fixée sur le pont, on bourre de neige les flancs du bateau, on aménage des espaces de travail. Un horaire strict est affiché, ce que Gerlache appelle la "division socialiste du temps" ; huit heures de travail, huit heures de loisirs et huit heures de repos. Les hommes creusent un trou dans la banquise pour pêcher, sonder la profondeur et puiser de l'eau en cas d'incendie à bord. Le régime est le même pour tout le monde, matelots, scientifiques et officiers confondus. Il est par ailleurs interdit de s'éloigner du navire de telle sorte qu'on n'en voit plus la mâture ; Gerlache sait, en effet, que le pack bouge et que ses pièges sont parfois mortels.

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(1) Au Pays des Manchots, récit du voyage de la Belgica, George Lecointe, Société Belge de Librairie, Oscar Schepens & Cie, Editeurs, Bruxelles, 1904, p 350 et 351
(2) Adrien de Gerlache, pionnier maritime, 1866-1934, Charles Pergameni, Bruxelles, Editorial-Office, 1936, p 60 à 64
(3) Initialement prévu pour effectuer des croisières polaires, le Polaris fut finalement acheté par Ernest Shackleton pour son expédition antarctique de 1914 et devint l'Endurance.