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Les régions polaires Antarctiques | L'océan Austral L'océan Austral a toujours fasciné les hommes Etant donné sa position extrême, sa superficie, son peuplement et sa relative facilité d'accès, l'océan Antarctique a depuis longtemps fait l'objet de nombreuses recherches scientifiques. Rappelons ici que la distinction faite aujourd'hui entre plusieurs eaux antarctiques selon leur degré de salinité et leur température date du voyage de la Belgica. Ce furent, en effet, les relevés effectués par l'équipe d'Adrien de Gerlache qui, les premiers, firent une distinction nette entre les eaux froides de surface, les eaux profondes plus chaudes et les eaux glacées du fond de l'océan. Avant cela, l'océanographie antarctique avait déjà fait ses premiers pas lors de la campagne du navire anglais Challenger (le premier vapeur à pénétrer au-delà du cercle antarctique) qui quitta le Royaume-Uni en décembre 1872 pour un périple de trois ans couvrant 70.000 milles nautiques. Il devait s'intéresser, entre autres, aux températures de l'eau, à la circulation des courants et à la pénétration de la lumière, et ce, aussi bien dans les eaux de surface que dans les eaux profondes. 50 volumes et 30.000 pages de résultats océanographiques furent publiés à la suite de ce voyage. Une autre période importante pour l'étude de l'océan Austral fut celle qui vit successivement les bateaux anglais Discovery (l'ancien bateau de Scott), Discovery II et William Scoresby écumer les eaux antarctiques sous l'égide du Discovery Committee. Originellement lancées en 1924 pour étudier le comportement des baleines qui avaient été décimées, ces campagnes se tournèrent rapidement vers l'étude de l'écosystème marin antarctique en effectuant, dès les années 1930, une série d'observations topographiques, physiques et biologiques dans des zones à forte concentration de mammifères marins. De cette époque, datent les premiers efforts significatifs pour protéger les baleines et les premiers marquages ; en 1939, 5.219 baleines étaient ainsi déjà suivies à la trace (1). Une récompense d'une livre sterling était alors allouée par le Discovery Committee à tout pêcheur qui parvenait à envoyer au siège de Londres le petit tube de 20 centimètres trouvé dans la chair d'un animal capturé ainsi que quelques renseignements concernant les conditions de capture, l'espèce et l'état de santé de la baleine. Ayant pris fin en 1951 à cause d'un manque de crédit, ces recherches anglaises ont été considérées comme le premier grand challenge scientifique de l'histoire de l'Antarctique.
Depuis les années 60, les recherches océanographiques se sont développées tous azimuts dans l'océan Austral. Il y eut notamment, entre 1962 et 1972 et après les efforts déployés par la communauté scientifique internationale lors de l'Année Géophysique Internationale (1957-58), les 52 voyages du navire américain Eltanin acheté par la National Science Foundation (2) dans le but de reprendre de manière plus spécifique (c'est-à-dire en considérant le milieu antarctique comme ayant des caractéristiques propres) des recherches océanographiques qui étaient quelque peu tombées dans l'oubli ou reléguées comme programmes annexes après l'AGI. Au cours de ses dix années de service auprès de la NSF, le bateau, qui pouvait accueillir une quarantaine de scientifiques, resta la plupart du temps en mer. Les observations effectuées à bord de l'Eltanin -sur les propriétés biologiques de l'océan Austral et l'étude de la chaîne alimentaire, notamment- ont participé à la mise en place les bases de l'océanographie antarctique moderne.
Il faut également signaler l'effort entrepris sous l'égide du SCAR (3) afin de mettre sur pied un programme international de recherches de dix ans (entre 1978 et 1988), le programme BIOMASS (Biological Investigations of Marine Antarctic Systems and Stocks), dans le but de mieux comprendre le fonctionnement de ce vaste écosystème ; il s'agissait de mettre en place une gestion respectant les grands équilibres écologiques et de pouvoir fournir aux responsables politiques un ensemble d'informations scientifiques leur permettant de prendre, en toute connaissance de cause, les décisions concernant l'exploitation des ressources vivantes autres que les baleines dans les eaux antarctiques. 16 navires et 12 nations prirent part à cette gigantesque aventure ; le programme étudia surtout les populations de krill (voir section sur le krill) et aboutit à la création, par le SCAR et à Cambridge, d'un centre mondial de renseignements océanographiques concernant l'état des glaces, la température et la composition chimique (les sels nutritifs, notamment) des eaux de mer, la vitesse et la trajectoire des courants, les caractéristiques physiques des masses d'eau, les stocks d'animaux et de végétaux ainsi que l'état de la faune et de la flore. Dans le même souci de protéger et mieux gérer l'environnement des eaux australes, une convention a été adoptée en 1980 par les pays signataires du Traité de Washington sur l'Antarctique, la CCAMLR, Convention for the Conservation of Antarctic Marine Living Ressources (convention pour la conservation des ressources marines vivantes de l'Antarctique) ; cet accord spécifie que les activités de pêche industrielle ne peuvent dépasser un stade au-delà duquel toute régénération naturelle des populations marines et tout maintient des stocks deviennent impossible et que l'équilibre entre les différentes espèces doit être maintenu. De nos jours, l'océan Antarctique fait plus que jamais l'objet de toutes les attentions. Et l'on ne compte plus le nombre de pays impliqués dans la recherche océanographique australe, le nombre de symposiums, de colloques ou de publications qui ont l'océan Austral pour thème, le nombre de programmes internationaux de recherche qui ont été lancés (5) pour étudier de plus près cette mystérieuse plus grande mer annulaire au monde ; en Belgique aussi, une grande partie des projets subventionnés par la politique scientifique concerne l'océan Austral. La multiplication de ces programmes de recherches et de ces conventions concernant l'océan Antarctique est à mettre en parallèle avec les trois étapes qui ont marqué la connaissance océanographique au cours du dernier quart de siècle.
Les raisons de cet intérêt croissant pour l'étude des eaux australes peuvent se résumer selon deux axes ; l'économique et l'environnemental.
(1) A History of Antarctic Science, G.E. Fogg, Cambridge University Press, 1992, p 211 .(2) La National Science Foudation (NSF). Créée en 1950 aux Etats- Unis, la NSF est une agence gouvernementale américaine indépendante chargée de promouvoir la science et l'ingénierie au moyen de programmes scientifiques dont le coût annuel est de 3,3 billions de dollars (chiffres de 1996), ce qui couvre environ 20.000 projets de recherche et d'éducation. En ce qui concerne les moyens attribués à la recherche scientifique antarctique proprement dite, ils couvraient, en 1995, une somme de près de 196 millions de dollars. (3) Le SCAR est une organisation non gouvernementale qui a été créée sous le nom de Special Committee for Antarctic Research en 1958 à La Haye suite à l'avènement de l'Année Géophysique Internationale ; devenant très vite le Scientific Committee for Antarctic Research, le comité s'occupe d'initier, de promouvoir et de coordonner les activités scientifiques internationales en Antarctique. (4) A History of Antarctic Science, G.E. Fogg, Cambridge Iniversity Press, Cambridge,1992, p 243. (5) Parmi les campagnes internationales de recherches lancées dans le but d'approfondir les connaissances de l'océan Austral on peut citer : les études Internationales de l'océan Austral (International Southern Ocean Studies) lancées par les Américains en 1974 ; le programme européen EPOS initié à la fin des années 80 par les Allemands de l'institut Alfred Wegener (Bremerhaven); le programme international de recherches de dix ans (entre 1978 et 1988) mis sur pied par le SCAR, programme BIOMASS (Biological Investigations of Marine Antarctic Systems and Stocks); le SO-JGOFS (Southern Ocean Joint Global Ocean Flux Studies) un programme à forte tendance américaine qui étudie l'ensemble des processus physico-bio-chimiques du cycle du carbone dans l'océan Austral et, liés au programme SOJGOFS, les programmes français Antarès (I, II & III) qui se sont déroulés à bord du Marion-Dufresne en 1995 et 96, et qui avaient pour objectif de comprendre et de modéliser les flux de gaz carbonique dans l'océan Austral, en liaison avec les perturbations du régime climatique. Signalons enfin dans le cadre du développement de l'intérêt de la communauté internationale pour l'océan Austral, l'existence de la CCAMLR, Convention for the Conservation of Antarctic Marine Living Ressources (convention pour la conservation des ressources marines vivantes de l'Antarctique) un accord signé entre les pays membres du Traité de Washington qui date de 1980 et spécifie entre autres que les activités de pêche industrielle ne peuvent dépasser un stade au-delà duquel toute régénération naturelle des populations marines et tout maintien des stocks deviennent impossible et que l'équilibre entre les différentes espèces doit être maintenu. (6) 500.000 tonnes de krill furent pêchées dans les eaux australes en 1982.
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