TRANSARCTIQUE 2000
Arnaud Tortel et Rodolphe André

Suivre l'expédition sur la carte

5 mars -> 12 mai | 12 mai -> 10 juin

Semaine du 5 au 12 mai

Le 6 mai, Arnaud et Rodolphe doivent négocier un grand nombre de polynies ; les chenaux d'eaux libres s'ouvrent presque à perte de vue devant eux !
De plus, la glace est tellement molle qu'ils ont l'impression de marcher sur un matelas gonflable.
Durant la nuit du 6 au 7 mai, il ont reculé de 4 km, dérive de la banquise oblige. Dimanche dernier, le 7 mai, rebelotte : ils reculent à nouveau, et, cette fois, de plus de 10 km ! Bref, comme le disent les deux hommes, une nouvelle expédition commence. Sans aucun doute, beaucoup plus difficile et nettement plus dangereuse que la précédente...

Semaine du 27 avril au 4 mai

29 avril : consternation au pôle Nord ! Alors que la joie était dans le coeur des deux Français - après avoir été ravitaillés sans le moindre problème lors de leur passage au pôle (un Twin de Resolute est venu à la fois effectuer cette opération et reprendre des touristes qui avaient marché 100 km jusqu'au pôle) -, Arnaud et Rodolphe ont découvert, en ouvrant les paquets pour vérifier les rations alimentaires qu'on leur avait déposées, qu'un vol avait eu lieu."Des mains indélicates", explique le communiqué, leur avait substilisé des cadeaux comme des oeufs de Pâques, les saucissons de Dieulefit (ville natale d'Arnaud) et plein de petits délices offerts par la famille et les amis de Rodolphe à Montpellier ! Même tous les fruits secs absolument nécessaires à leur alimentation polaire ont été volés ! En clair, 12 kilos de nourriture.

Comme un malheur n'arrive jamais seul, Arnaud tombe à l'eau jusqu'au cou quelques jours plus tard, alors qu'il négocie une glace manifestement trop fine ; par bonheur, Rodolphe se rend vite compte de la situation et court sortir son compagnon de ce mauvais pas - un sprint de plus de 60 mètres ! Plus de peur que de mal donc, mais ce type de mésaventure ne met certes pas du baume au coeur. Le communiqué ne dit pas s'il a fait l'ours (se rouler sur la glace), oui ou non...

Le 1er mai, il sont obligés de retourner au Pôle car la dérive les a emportés en direction du détroit de Béring et il leur fallait impérativement rejoindre leur cap vers les terres canadiennes.

Consolation de tous ces malheurs : le 2 mai, ils ont la chance de voir le phénomène polaire qui s'appelle les trois soleils. Avec cette différence que, cette fois, les deux Français en voient 7 - 7 soleils - en une seule fois et dans le même ciel ! Voici leurs sentiments communiqués par leur site : "7 soleils ultra lumineux prenant la totalité du ciel. Chacun des "faux" soleils se reflétait dans l'autre moitié du ciel. Arnaud avait déjà eu la chance d'avoir rencontré ce phénomène lors de son expédition au pôle Nord magnétique avec Lycia en 1998. Rodolphe n'en croyait pas ses yeux ! Ils ont contemplé un bon moment ce merveilleux spectacle tandis que le froid en profitait pour les pénétrer de ses aiguilles. Afin de ne pas se laisser geler sur place, ils ont du reprendre leur chemin"

Le 28 avril dans la soirée

Le 28 avril à 22h30 Arnaud et Rodolphe ont atteint sans encombre le premier but de leur expédition, le pôle Nord géographique.
Voici une partie du contenu de leur communiqué du jour : " Rodolphe et Arnaud ne sont pas très bavards au téléphone.
En plus de la fatigue, ils ne réalisent pas tout à fait bien la situation. Mais, petit à petit, ils retrouvent leurs mots et, au fur et à mesure, qu'ils racontent, ils découvrent leur exploit du jour, leur coeur devient plus léger et finalement, il est impossible les arrêter.
Aujourd'hui, ils ont parcouru 38 km et ont tiré leurs charges jusqu'au soir pour mettre le pied sur le pôle Nord géographique. Il est difficile d'imaginer l'effort que ça leur a demandé. Il leur est même arrivé, à 10 km du pôle, de vivre une situation qui est loin d'être banale. Devant deux, se trouvait, en effet, une voie d'eau de 5 m de large qui les a progressivement encerclés. Tout cela à 10 km du but ! Mais une bonne étoile, semble-t-il, les accompagnait ce jour-là. Alors qu'ils se préparaient à contourner l'eau libre, ils ont aperçu une énorme île flottante se diriger vers eux. Sans demander leur reste, Arnaud et Rodolphe se sont hissés tant bien que mal sur ce radeau de glace et ont ainsi atteint l'autre rive..."

Partis le 27 février, les deux hommes ont donc mis 10 jours de moins que les Norvégiens (arrivés au pôle Nord le 29 à 11pm, soit avec 24 heures de décalage sur eux) pour effectuer le parcours cap Arktikschevsky - pôle Nord. Ils vont prendre maintenant un ou deux jours de repos avant de continuer leur aventure et de se diriger vers le grand Nord canadien.

Il est étonnant - et nous avons fait la même réflexion dans la page "En direct" des Norvégiens - qu'ils n'aient absolument pas mentionné dans leurs communiqués presque quotidiens la présence des deux Norvégiens qu'ils ont dû rencontrer lors de leur passage au pôle. Il est vrai que les Vikings sont arrivés au pôle 24 heures plus tard mais comme ils ont décidé de faire un arrêt d'au moins un jour, ils sont forcément rentrés en contact avec eux.

Semaine du 19 au 26 avril

Une vision que Arnaud a qualifié d'apocalyptique le 18 avril : ils progressaient en ligne sur de la glace plate depuis quelques jours - 28 km le 16, 25 km le 17 - lorsqu'à nouveau des chenaux d'eaux libres leur ont barré la route. Rien de bien particulier jusque là. Mais il y avait en même temps un vent à décorner les boeufs qui soufflait sur la banquise. En fait, Eole était tellement violent qu'il formait de grandes vagues qui se dégageaient de ces zones d'eaux libres et qui, en plus, laissait échapper des panaches de fumée de vapeur d'eau dus au froid intense... On imagine le spectacle...

Corollaire de cette situation ; le vent souffle dans le mauvais sens, engendre une dérive de banquise dont la direction est opposée à celle de leur route. Bref, dans le communiqué du 20 avril, Arnaud disait qu'ils s'éloignaient du pôle de 1 km à l'heure ! Bilan ; trois jours bloqués sous la tente, les 18, 19 et 20 avril.

Le 21, Arnaud passe au travers de la glace et tombe à l'eau ; comme il a vu des ours de rouler dans la neige après le bain, il fait de même et il s'en sort à bon compte

21 avril : Arnaud passe au travers de la glace tombe à l'eau jusqu'à la taille. Rodolphe parvient heureusement à le sauver très rapidement. Sorti de l'eau, au lieu de penser à se sécher le plus rapidement possible, Arnaud se roule dans la neige pendant un petit moment. Un comportement inattendu dirait-on ! C'est en tout cas ce qu'a pensé Rodolphe lorsqu'il a vu son compagnon en train de se contorsionner sur la glace. Mais Arnaud est ainsi fait : il a vu des ours se comporter de la sorte (immédiatement se rouler dans la neige après être sorti de l'eau) et en a déduit qu'une telle attitude n'était pas le fait du hasard et qu'elle pouvait s'appliquer aux humains ! Effectivement, la neige absorbe l'eau et, pour l'incident du jour, cela a fonctionné à merveille.

35 km effectués le 23 avril, 29 km, le 24 : malgré une banquise hyperfracturée - et donc très dangereuse car on ne reconnaît pas toujours l'épaisseur des glaces qui est sous les skis -, les deux Français progressent bien. Il leur reste 90' (une centaine de kilomètres) pour toucher le pôle. Le 26 avril, le pôle Nord n'est plus qu'à 71,5 km à vol d'oiseau. Mais il y a la glace cassée, le vent qui souffle à 80 km/h et les eaux libres ...

Semaine du 11 au 18 avril

21 km parcourus le 11, 23 km le 12 et 20 km le 14 avril : Arnaud et Rodolphe ont semble-t-il atteint une belle vitesse de croisière. Sur la banquise - qui est désormais plus plate et donc plus facilement négociable -, il fait moins froid, -25°C au lieu des - 35°C précédemment.
Nous n'avons pas encore de nouvelles du remplacement des traîneaux.
Nous ne savons pas non plus s'ils continunent à progresser en plaçant les skis en-dessous des traîneaux, ce qui les force à faire de la marche à pied. Ou bien s'ils ont trouvé une astuce quelconque pour pouvoir avancer à skis quand même.

Semaine du 3 au 10 avril : ils mettent le turbo

28 km parcourus le 9 avril et 25, le lendemain : voilà de quoi remonter le moral des deux hommes.
Aujourd'hui, Arnauld et Rodolphe ont été les témoins d'un phénomène rare : la formation d'une crête de compression à 20 m d'eux !. Le fracas était tel qu'ils ont pris peur. Le sol vibrait. Quand deux plaques de glace se sont rencontrées, elles se sont comprimées et par la poussée, se sont brisées pour former un mur de glace au bords déchiquetés. Ils ont eu la présence d'esprit de filmer cet évènement naturel.

Semaine du 26 au 3 avril : dormir dans de la glace...

Le froid devient de plus en plus intense sur la banquise arctique, -30, -35°C. Depuis quelques jours, les deux hommes dorment très mal et récupèrent donc moins vite des fatigues de la journée. Leurs duvents sont remplis de glace, ce qui n'est pas facile à supporter.
Le 29 mars, Arnauld et Rodolphe dressent le bilan : partis depuis maintenant 32 jours, ils ont parcouru 280 km, ce qui fait une moyenne de près de 9km par jour. Cette lenteur est surtout au fait de la dérive de la banquise qui les fait perdre une partie de distance qu'ils ont beaucoup de peine à parcourir. Quant au pôle Nord géographique, première étape de l'expédition, il se trouve maintenant à 660 km des deux hommes.
Parce qu'ils éprouvent de plus en plus de difficultués à progresser, ces derniers envisagent sérieusement de remplacer les traîneaux. Une demande a été formulée auprès du logisticien de l'expédition. A ce propos, c'est Alain Hubert qui, il y a plusieurs semaines déjà (en fait, dès que les traîneaux ont été endommagés par le tranchant de glaces), leur en a fabriqués de nouveaux ; ces derniers seraient déjà parvenus au c
ap Arktikschevsky.

Semaine du 19 au 26 mars : de l'eau dans les chaussures

Malgré un moral au beau fixe, Arnaud et Rodolphe se sentent de plus en plus insécurisés à cause de la présence des ours qui viennent de plus en plus souvent rôder autour de leur tente, le soir ou la nuit. Durant la nuit du 22 mars, une grande femelle est encore venue tourner autour du campement. Comme ils en ont maintenant pris l'habitude, ils ont tiré un coup de feu (des balles à blanc) en l'air et cela a suffi à faire fuir l'animal.
Le lendemain, Arnaud s'est enfoncé jusqu'à la taille dans la neige qui s'était accumulée entre deux énormes blocs de glace. Plus de peur que de mal donc. Et cela malgré le fait que, suite à cet incident, ses deux pieds ont glissé dans l'eau qui s'est infiltrée dans la chaussure gauche.
Bilan le 24 mars : 230 km parcourus.

Semaine du 12 au 19 mars : toujours les ours et des températures élevées

Extrait du communiqué : La fin de la journée fut très mouvementée, après l'installation du campement, Arnaud et Rodolphe ont préparé leur repas, fait le relevé des kilomètres parcourus, examiné la carte et téléphoné à notre base en France pour le compte-rendu de la journée. Soudain, dans le silence glacial de l'océan arctique, des bruits qui nous paraîtraient étranges surgissent.... Arnaud et Rodolphe ont reconnu celui de l'ours blanc. Essayant de garder leur calme, ils ont passé la tête à l'extérieur de la tente et ont aperçu, derrière un bloc de glace, un ours couché sur ses deux pattes avec le train en l'air. Cette position indique qu'il était prêt à bondir sur la tente. Arnaud et Rodolphe ont hurlé et utilisé leur pelle pour lui faire peur. L'ours s'est redressé, les a fixé.... puis est reparti en dodelinant de la tête.

Comment se protéger des ours pendant la nuit ? En installant tout autour du campement, une barrière anti-ours. C'est une cordelette qui relie quatre piquets et sur l'un d'entre eux, est fixée une fusée fumigène qui se déclenche lorsque la corde est mise en mouvement. Normalement, la fusée alerte ceux qui dorment dans la tente. Le fait que les températures soient élevées pour la saison (ils ont observé jusqu'à 20°C) est contrairement à ce qu'on pourrait croire, un facteur déstabilisant pour l'expédition. Cela fait fondre la glace qui devient du même coup plus fine. D'où la formation de nombreuses polynies (eaux libres) qui facilitent l'accès aux poissons. C'est pour cette raison sans doute que les ours sont aussi nombreux, ils en ont déjà rencontré 5.

Distance parcourue le 19 mars au soir : 170 km. Il leur en reste 1630 à faire.

Semaine du 5 au 12 mars : les ours déjà...

Arnauld et Rodolphe ont été confrontés lors de ces premiers jours de progression à trois difficultés majeures : les zones d'eaux libres, l'état vraiment chaotique de la banquise, avec des hummocks de plus de trois mètres de haut, et le danger lié à la rencontre avec les ours polaires qui semblent fréquenter cette zone de la banquise. Extrait du livre de bord : "Celui-ci les a immédiatement chargé. Rodolphe a eu le réflexe de sortir le fusil du traîneau, pendant qu'Arnaud tapait ses deux skis l'un contre l'autre afin de faire le plus de bruit possible. Voyant que nos deux marcheurs n'ont pas reculé d'un centimètre, l'ours a préféré stopper sa course à 5m d'eux. Du haut de ses deux pattes arrières, il a reniflé en direction de ses deux proies et de leurs traces laissées au sol. Ne reconnaissant pas les odeurs de phoque, il est reparti comme il est arrivé. C'était un jeune mâle de 400kg pour 3m de haut."

Un autre obstacle : la dérive de la banquise qui les pousse dans le sens opposé de leur marche. "Nous avons un véritable tapis roulant sous les pieds" à déclaré Arnauld au téléphone.

Les communiqués publiés sur leur site ont également donné des nouvelles d'une Danoise, Bétina Aller qui est partie du même endroit, le cap Arktikchevsky, avec comme objectif de rallier le pôle en solitaire. Mais le 7 mars, confrontée à un ours qui ne semble pas vouloir la quitter, elle est obligée de l'abattre. Le lendemain, s'étant malencontreusement tordu le genou, elle demande le rapatriement.