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Les régions polaires Antarctiques | Brève histoire de l'Antarctique

Drames, tragédies & exploits (Page 1)



Où il est question d'immortalité...
L'aventure de la Belgica dans les eaux de l'Antarctique a été un tournant dans l'histoire de la découverte du 6e continent. Dorénavant, l'homme sait, en effet, qu'il est capable d'endurer les rigueurs du terrible hiver austral ; il peut donc entrevoir de rester plus longtemps sur place et organiser des raids importants à l'intérieur des terres. Il sait aussi que le temps presse et que l'Antarctique -même s'il s'affirme de plus en plus comme un continent gigantesque- va tôt ou tard être traversé et son pôle vaincu.
C'est ainsi que les années 1900 vont voir les expéditions australes se succéder à un rythme soutenu tout au long des 20.000 kilomètres de côtes que représentent le cordon littoral antarctique. Un dénominateur commun à tous ces voyages ; contrairement à ce qui s'est passé au siècle dernier lorsque les intérêts économiques prévalaient, toutes les expéditions qui, dès 1900, s'en vont dans l'Antarctique, partent au nom de l'exploration et de la science.

La chasse aux Premières.

  • Février-décembre 1899 : L'expédition britannique de Carsten Borchgrevink (d'origine norvégienne) réussit le premier hivernage sur le continent ; ils ont installé une petite base non loin du cap Adare, en mer de Ross. Elle est aussi la première à utiliser des chiens pour tirer les traîneaux.
  • 14 octobre 1900 : Le naturaliste Hanson - qui participe à l'expédition de Carsten Borchgrevink - meurt mystérieusement. Il est le premier homme a être enterré sur le continent Antarctique.
  • 3 février 1902 : La première ascension en montgolfière est réalisée dans l'Antarctique. A bord se trouve, notamment, le célèbre Robert Falcon Scott. Retenu au sol par des filins d'acier, le ballon s'élève jusqu'à 244 mètres au dessus du sol.
  • Octobre 1902 : Lors d'un raid de 611 kilomètres à l'intérieur des terres antarctiques, Otto Nordenskjöld trouve les premiers fossiles du continent.
  • Décembre 1902 : Scott et deux de ses hommes atteignent le point le plus proche du pôle Sud jamais atteint par l'homme ; 80°16' de latitude sud.
  • Janvier 1903 : Une expédition allemande expérimente pour la première fois la méthode qui consiste à étendre des ordures sur la banquise qui retient le bateau Gauss prisonnier afin de provoquer des réactions thermiques et faire fondre la glace.
  • 12 février 1903 : C'est la première fois qu'un voilier d'expédition -l'Antarctic- coule dans les eaux australes. Une voie d'eau trop importante avait été provoquée par la pression des glaces sur la coque.
  • Janvier 1908 : Six hommes, dont l'explorateur anglais Ernest Shackleton, réussissent la première ascension du volcan Erebus (3.794 mètres). C'est également au cours de cette expédition que fut débarquée la première voiture en Antarctique. C'était une Arrol Johnston. Elle devait aider à tirer les traîneaux mais se révéla parfaitement inefficace.

Rapprocher les mots immortalité et exploration, c'est se tourner vers des personnages comme Scott, Amundsen, Shackleton, Nordenskjöld ou Charcot. A l'instar de ce qu'ont fait Nansen et Peary dans l'Arctique, ces hommes vont écrire les pages les plus héroïques de la grande histoire de l'exploration du pôle Sud.
Chronologiquement, Scott vient en premier. Au commencement de sa vie, n'étant pas attiré par l'exploration polaire, il choisit le métier de lieutenant de marine parce qu'il adore la mer. A 31 ans, pourtant, son destin bascule suite à la rencontre qu'il fait, en janvier 1899, avec Sir Clements Markham, le président de la Royal Geographic Society de Londres. Ce dernier estime, en effet, qu'il est grand temps que son pays s'engage à nouveau dans la conquête polaire. Ayant décidé que l'opération serait maritime avant tout, il se tourne vers un officier de marine et demande à Scott de prendre le commandement de la National Antarctic Expedition. Le 6 août 1901, le Discovery, le premier bateau anglais construit spécialement pour les expéditions antarctiques, quitte l'île de Wight. Au sein de l'équipage, s'est glissé un certain Ernest Shackleton, futur grand nom de l'exploration antarctique. Comme à cette époque, l'hivernage semble être à la mode, le programme de l'expédition prévoit que le Discovery ne reviendrait pas au port avant deux ans. Pendant ce temps, explorations, observations scientifiques, ascensions en ballon et raids à l'intérieur des terres doivent occuper les hommes de Scott.
Un an plus tard, après avoir passé l'hiver dans des cabanes construites sur un promontoire de glace, Scott prépare son raid vers le Grand Sud. L'homme qui est capable de faire taire sa faim en fumant une bonne pipe va tout faire pour battre le record de 78°50' atteint trois ans plus tôt par Borchgrevink. En ce mois de septembre 1902, la course au pôle a commencé.

Le 2 novembre, Scott, Shackleton et Wilson (le zoologiste de l'expédition) partent avec des traîneaux et des chiens pour la grande aventure. Deux dépôts ont été effectués en chemin ; ils peuvent compter sur 68 kilos de nourriture et six semaines de provisions. Au début, c'est le grand beau fixe et il leur faut à peine onze jours pour établir un nouveau record austral : 79° de latitude sud ! Mais, rapidement, le voyage tourne mal. Les chiens s'affaiblissent et le blizzard souffle. En décembre, alors qu'il ne reste plus que 14 chiens sur 19 et que le scepticisme s'installe, Wilson relève des symptômes de scorbut chez Shackleton. En plus, la faim tenaille. A 80°16', ils ont atteint leurs limites et décident de rentrer. Le retour est difficile ; les chiens meurent les uns après les autres, les forces abandonnent l'équipe, le moral aussi. Lorsqu'ils arrivent aux dépôts de vivres, ils se jettent affamés sur la nourriture et tombent malades. Shackleton a les gencives de plus en plus noires ; il crache du sang. Le 3 février 1903, alors que l'équipe est partie depuis trois mois, ce sont de véritables zombies dépenaillés que les vigies du Discovery aperçoivent sur le haut d'une colline. Shackleton est allongé sur un traîneau, il ne reste plus que quelques chiens, Wilson est presque aveugle et Scott aussi.
Un mois plus tard, alors qu'on prépare le retour vers la terre natale, un revers de taille vient saccager le moral des troupes ; malgré plusieurs tentatives pour se dégager et l'aide d'un deuxième bateau appelé à la rescousse, le Discovery reste prisonnier des glaces. Scott et ses hommes doivent passer un deuxième hiver sur place. Mais le lieutenant de marine a certaines idées dans la tête ; peu importe ce qui se passe en Angleterre, il sait que tout ce temps passé sur le continent de glace est un entraînement idéal pour ceux qui, tôt ou tard, tenteront de vaincre le pôle Sud. En avril 1904, le Discovery rejoint l'Angleterre. La quantité d'observations scientifiques rapportées par l'expédition de Scott force l'admiration de la communauté internationale.


Aux grands hommes, les grandes souffrances.

Adrien de Gerlache avait inauguré l'ère des recherches scientifiques dans l'Antarctique ; Scott, lui, lance celle de l'exploration polaire proprement dite.
Que ce soit pour aller retrouver des hommes isolés sur un bout de côte, s'enfoncer dans l'inconnu des latitudes extrêmes ou explorer une côte inaccessible par bateau, il s'agit, à chaque fois d'aventures hors du commun qui s'inscrivent dans la mémoire des archives relatant les grands exploits humains.
Ce qui est arrivé à l'expédition suédoise commandée par le géologue Otto Nordenskjöld est un exemple des souffrances que peuvent endurer des hommes pour se sortir des situations critiques dans lesquelles le déroulement de leur projet les plonge parfois.

Janvier 1901: le navire de l'expédition, l'Antarctic, quitte Göteborg. Onze mois plus tard, le voilier dépose 5 hommes, des chiens et du matériel sur l'île de Snow Hill (côte orientale de la péninsule Antarctique) et revient aux Falklands. Les explorateurs passent l'hiver sur place en construisant une cabane de 26 m² et un observatoire magnétique. Lorsque revient la belle saison (septembre 1902), Nordenskjöld a le temps - avant que l'Antarctic ne vienne les rechercher - de prendre deux hommes et de s'en aller explorer un bout de côte situé à 300 kilomètres de là ; ils reviennent sains et saufs au camp de base après 33 jours d'un pénible voyage. Là, une surprise les attend ; malgré la belle saison, les glaces n'ont pas fondu. Ce qui veut dire que l'Antarctic ne va sans doute pas pouvoir se frayer un passage jusqu'à eux. Que faire? Attendre. Les cinq hommes sont condamnés à passer un deuxième hiver sur place, de juin à août 1903.
Au sortir de cet enfer, Nordenskjöld n'a d'autre alternative que de partir en direction du nord avec un de ses compagnons pour chercher du secours. Octobre 1903 : après cinq jours de progression, ils aperçoivent au loin des points noirs qu'ils prennent pour des manchots. Ce sont leurs compagnons. Mais ceux-ci sont tellement sales et amaigris qu'ils ne les reconnaissent pas !
L'histoire de ces trois hommes, Andersson, Duse et Grunden, est époustouflante. Comme prévu, l'Antarctic était revenu chercher l'expédition. Mais, une fois arrivé dans les hautes latitudes, le capitaine craint que les eaux libres qui lui avaient permis d'approcher l'île l'année précédente ne soient, cette fois, refermées. Pour plus de sécurité et avant de poursuivre tout de même sa route, il débarque donc ces trois hommes sur la banquise (le 29 décembre 1902) en leur assignant comme mission de se rendre, eux aussi, au camp du géologue, par voie terrestre, afin d'augmenter les chances de parvenir à eux.
Mais le trio Andersson-Duse-Grunden ne connaît pas la topographie des lieux et il se trouve rapidement bloqué par un gigantesque canal ; la vue de ces eaux libres réconforte toutefois les trois hommes dans l'idée que l'Antarctic pourra bel et bien parvenir jusqu' à Nordenskjöld et les siens. Ils appliquent donc la phase du plan qui prévoit que, si l'Antarctic peut rejoindre Snow Hill, les trois hommes envoyés par voie terrestre n'ont plus qu'à se replier sur la baie Hope et attendre le retour du bateau; le 13 janvier 1903, c'est chose faite. Le rendez-vous avec l'Antarctic se situe entre 25 février et le 10 mars. Les semaines passent et le trio ne voit rien venir. Infernale attente ! A la fin du mois de mars, persuadés que quelque chose de grave est arrivé, ils se décident alors à construire une petite cabane en pierre et de passer l'hiver calfeutrés à l'intérieur. Viande de phoque et de manchots, poissons pêchés dans un trou de banquise, graisse de phoque pour s'éclairer et se chauffer : quatre mois d'un interminable calvaire. Chaque soir, même s'il n'en a pas l'envie, l'un des trois doit raconter une nouvelle histoire pour faire rire ses deux compagnons ; ce petit détail les a tenu en vie.

En septembre, ils n'ont d'autre choix que de quitter les lieux ; plus personne, en effet, ne viendra les rechercher ici. La base où Nordenskjöld doit en principe se trouver est à plus de 300 kilomètres ! En avant pour le grand raid. Le 29, ils se mettent en route et, le 12 octobre, a lieu la rencontre inattendue relatée plus haut. Mais la joie des retrouvailles est de courte durée ; on ne sait, en effet, toujours pas ce qui est arrivé au bateau...
La réponse viendra deux mois plus tard, lorsqu'un navire argentin l'Uruguay, parti à leur recherche, arrive jusqu'à eux (7 novembre) et que quelques uns de leurs compagnons d'expédition parviennent, presqu'au même moment, mais venant à pied de la baie Hope et comme sortis de nulle part, jusqu'au lieu d'hivernage de Snow Hill. L'Antarctic, en fait, a coulé le 12 février en proie aux chocs incessants des blocs de glace contre la coque. L'équipe s'est réfugiée alors sur une île (l'île Paulet) et a passé l'hiver sur place. Apercevant que les eaux se dégageaient et que personne ne venait les chercher, ils ont mis un canot à la mer et ont tenté de rejoindre le rendez-vous de la baie Hope. Parvenus là-bas après d'innombrables efforts (car ils naviguaient plutôt dans de la glace chaotique que dans de l'eau libre), ils ont trouvé le message du trio Andersson-Duse-Grunden annonçant le départ des trois hommes pour Snow Hill. Ils n'avaient plus qu'à suivre leurs traces...
C'est ainsi qu'après une histoire mouvementée et dramatique (il y eut plusieurs morts sur l'île où s'était réfugié l'équipage de l'Antarctic) et après deux ans de pérégrinations aveugles en Antarctique, les hommes de Nordenskjöld se retrouvent. Ce fut un véritable miracle.

Bien que les chroniques le considèrent comme un héros, les aventures de Jean-Baptiste Charcot dans les eaux de l'hémisphère austral sont moins dramatiques que celles vécues par les Suédois. Médecin de profession et fils du neurologue Jean Martin Charcot (célèbre pour les leçons qu'il donna à la Salpêtrière), Jean Charcot va consacrer l'immense fortune que lui a léguée son père à concrétiser ses rêves d'aventure. Il ira même jusqu'à vendre une toile de Fragonard appartenant à la succession pour équiper le Français (un navire qu'il a fait construire spécialement pour l'exploration polaire) d'un laboratoire et acheter des instruments scientifiques.
Au début, ce sont les espaces du Grand Nord et les côtes groenlandaises qui attirent Charcot. Pourquoi avoir alors choisi le sud ? Parce que le comité de patronage de l'expédition et quelques uns de ses amis dont Adrien de Gerlache se rendent compte que les pays voisins ne parlent que de l'Antarctique et que, si la France veut jouer un rôle dans l'exploration polaire, c'est dans le sud qu'elle doit se rendre et non dans le nord.

Le Français ne fera pas long feu dans les eaux froides de l'Antarctique. Certes, ils y passent l'hiver dans une anse de l'île Booth, en face de la terre de Graham (péninsule Antarctique) en vaquant aux occupations traditionnelles des expéditions scientifiques en Antarctique ; raids sur l'île, recueil de données topographiques, observations magnétiques, etc. Mais au sortir de la nuit polaire, le Français heurte une roche à fleur d'eau : large voie d'eau à tribord ! Impossible de continuer l'exploration; c'est avec la plus grande prudence que Charcot conduit son bateau à Buenos Aires (février 1905) où le Français est revendu. De retour en France, Charcot est accueilli en héros. La contribution du médecin français à la découverte de l'Antarctique est surtout axée sur l'abondance de ses relevés topographiques et la qualité de ses observations scientifiques. Lors d'un second voyage dans les eaux australes (1908-1910), en effet, Charcot a parcouru à bord du Pourquoi Pas ? plusieurs centaines de kilomètres de côtes antarctiques : ce qui lui permettra non seulement de découvrir des terres nouvelles mais aussi et surtout de compléter les observations qu'il a faites trois ans auparavant à bord du Français. Il aurait sans doute été encore plus loin si une avarie grave (même aventure qu'avec le Français) n'avait obligé l'expédition à faire route vers les ports de l'Amérique du Sud.

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Les sources suivantes ont été utilisées pour rédiger ces textes :
Antarctique, la grande histoire des hommes à la découverte du continent de glace, Sélection du Reader's Digest.
Antarctica, the extraordinary history of man's conquest of the frozen continent, Reader's Digest Association Limited, Australia, 1985
The Explorations of Antarctica the last unspoilt continent, G.E. Fogg & David Smith.
Quinze mois dans l'Antarctique, Adrien de Gerlache.
Victoire sur la nuit antarctique, Adrien de Gerlache.
L'Odyssée de l'Endurance, première tentative de traversée de l'Antarctique, Sir Ernest Shackleton.
Explore Antarctica, Louise Crossley.
Au coeur de l'Antarctique, Vers le pôle sud, 1908-1909, Sir Ernest Shackleton.
Explorateurs et Explorations, Raymond Cartier.