ARCTIC OCEAN 2000
Rune Gjeldens and Torry Larsen

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12 février -> 15 avril | 16 avril -> 12 mai | 22 mai -> 04 juin

15 avril

Intéressantes observations faites par Torry Larsen aujourd'hui - en ce 60e jour d'expédition, - à propos de la transformation progressive du corps humain suite à toutes les contraines dont il est l'objet depuis deux moins maintenant (expérience de nourriture hyperalorifique, dépenses physiques extrêmes, froid, vent, etc). Il a dit : "On fait encore des jours de sept heures, et nous sentons la tension de ces deux mois passés à skis sur la glace. Après nos 7 heures de marches quotidiennes, on est très fatigué. Autant dire qu'on attend chaque jour du repos avec grande impatience, et, signe de la fatigue sans doute, la nourriture commence à nous sembler chaque jour meilleure. Il va être intéressant de voir quelle allure vont avoir nos corps dans quelque temps. Car nous maigrissons presque à vue d'oeil et l'on se marre un bon coup lorsque nous nous amusons à compter une à une nos côtes au travers du sac de couchage..."

5 avril

Position du 5 avril : 50e jour, 622 km parcourus. Pourquoi ne pas s'adonner aujourd'hui au petit jeu des comparaisons ?
Quelle équipe progresse le plus vite ? Les Français Arnaud Tortel et Rodolphe André ? Ou les Norvégiens Rune Gjeldnes et Torry Larsen ? Sachant que toutes deux poursuivent le même objectif - la traversée intégrale de l'océan arctique -, qu'ils sont partis du même point, mais que l'une (les Français) a quitté le cap Arktikschewsky avec un retard de 11 jours sur l'autre.
Il est possible en tout cas de comparer les distances parcourues par les deux team (toutes (approximatives du côté des Français dont le suivi est, vu les conditions financières moins avantageuses, moins bien assuré que celui des Norvégiens - ils ne donnent pas la distance parcourue quotidiennement, par exemple). Nous avons pris comme point de repère le 50e jour de progression.

COMPARATIF APPROXIMATIF DES POSITIONS & DISTANCES PARCOURUES LE 50e JOUR DE PROGRESSION PAR LES DEUX TEAM QUI TENTENT LA
TRAVERSEE INTEGRALE DE L'OCEAN ARCTIQUE

Les Norvégiens le 5 avril

86°00'N / 81°43'E / 622 km

Les Français le 16 avril
87°23'N / 85°30'E / 700 km
Il semble donc que les Français progressent plus rapidement que les Norvégiens. Mais comme ils sont partis avec 11 jours de retard, Arnaud et Rodolphe se trouvent encore quelques kilomètres derrière Rune et Torry ; et il semble qu'ils sont en train de les rattraper peu à peu...

Mis à part cela, les deux hommes souffrent pas mal. Surtout Torry avec son mal au dos que ne le quitte pas - et ce malgré les soins prodigués quotidiennement par ce que Rune appelle le Polar Ocean Massage Institute !
Hier, ils ont néanmois parcourus 17,5 km par un froid de canard qui les oblige à garder ne permanence les doigts des mains et des pieds in action...

24 mars

Quelle belle leçon de modestie, de simplicité et surtout aussi d'honnêteté (ce qui est plutôt rare dans le milieu des pros de l'aventure) nous donnent quotidiennement ces deux Norvégiens qui déambulent dans des conditions horribles sur cette océan polaire.
Peu après notre dernier rapport, il a d'abord beaucoup été question des craintes que leur 'inspirait la prochaine fermeture du réseau Irridium (grâce auquel ils communiquent chaque jour avec leur QG) ; mais ils ont analysé la situation avec calme et sans la moindre animosité envers ceux qui étaient responsable de cette éventuelle cessation d'activité. Remarquable preuve de sang froid.
Autre chose : depuis quelques jours, Torry souffre d'un mal persistant au dos (il ignore ce que c'est) qui lui fait mal. A ce propos, il ne dramatise pas et reste discret, profitant plutôt de ce revers pour lancer à la radio l'une ou l'autre vanne !

HONNETETE ET SENS DE L'HUMOUR

Ce qui me frappe de plus en plus dans cette expédition, c'est l'honnêteté dont font preuve ses protagonistes. Chacun sait que dans le milieu des aventures polaires, on tait souvent certaines choses, on cache ce qu'on juge impropre à la consommation médiatique, on travesti la façon précise dont se sont déroulées les choses.
Ici, rien de tout cela. Exemple : le
13 mars, ils informent le QG que grâce à la dérive positive de la banquise durant la nuit, voilà la deuxième fois qu'ils franchissent une latitude sans quitter la tente. Il existe d'autres voyageurs qui, pour rendre leur exploit le plus surhumain - et donc médiatique - possible, se seraient tus à ce propos...
Autre exemple : le 24 mars, Rune et Torry en viennent aux mains pour une stupide question de ration de petit déjeuner que Rune accuse Torry d'avoir oubliée la veille dans le traîneau - il faut donc sortir de la tente et affronter le froid pour aller le chercher... . Un moment, l'un d'entre d'eux veut même aller prendre le revolver... Heureusement, la querelle se termine bien. Combien d'explorateurs - toujours en quête de la plus belle image de marque qui soit - auraient caché cette dispute ?
Bref, ces deux gars sont extrêmement attachants. Et cela, d'autant plus qu'à chaque retransmission ou presque, il y a le moment d'humour. Le 21 mars, Rune explique qu'en fin de soirée ils ont décidé de jouer au strip poker mais qu'ils ne savent pas encore si la partie va se passer à l'intérieur ou à l'extérieur de la tente ...

Ces derniers jours, les deux hommes ont été confrontés à beaucoup de vent et pas mal de dérive. Mais, le 19, ils annoncent quand même être en avance sur l'horaire prévu. Un bon présage.
Le 24 mars, soit le 38e jour de leur périple, ils ont accompli 438 km. Lentement, ils se rapprochent du pôle Nord géographique.

12 mars

Une question que beaucoup souvent se posent au sujet de ce type d'expédition polaire, exigeant autant de forces physiques que d'endurance morale, réside dans le fait de savoir comment ces passionnés de la grande aventure font pour tenir le coup.
Dans le compte-rendu du 12 mars, Rune et Torry nous donnent l'ébauche d'une réponse - en ce qui concerne les différentes façons de garder le moral, en tout cas. "Nous avons organisé un petit concours hier soir dans la tente pour savoir qui de nous deux parviendrait à réaliser le plus d'exercices de gymnastique dans le sac de couchage, a expliqué Rune lors de sa vacation radio quotidienne avec son QG. Malheureusement pour Torry, j'ai gagné avec 137 exercices. La fin du jeu fut épique car mon camarade a désespérément essayé de faire un 360° complet à l'intérieur du sac. Peine perdue... Nous allons sans doute remettre cela aujourd'hui..."
Ces derniers jours, les deux hommes ont beaucoup mieux progressé : 24,4 km le 8 mars et 15 km le lendemain. Deux jours plus tard, ils grimpaient sur une haute crête de glace d'où le spectacle était somptueux ; profitant de ce grand moment, ils ont entonné l'hymne national norvégien.

5 mars

Une excellente surprise attend les explorateurs au petit matin du 1er avril : la dérive les a fait avancer - et dans le bon sens - de près de 10 km. Du coup, ils se payent un jour de congé.
Ayant de goût de la fête tel que le connaissent les gens des contrées septentrionales, Rune et Torry décident d'inviter, le 3 avril, les autres expéditions à un petit festin sur la glace : reste des saucisses russe, pâtes, fromage et chocolat avec thé et café.
Le même jour, il se rendent compte que compte tenu des embardées que font constamment les traîneaux dans la chaos des hummocks, un des bidons de fuel a fui. Pas de problème : ils en ont assez pour le reste du voyage.

26 février

Aujourd'hui, ils ne progressent que de 180 mètres ! La zone de compression qui barre leur route est tellement chaotique qu'ils doivent décharger entièrement les traîneaux (140 kilos par traîneau) pour pouvoir la passer.
Rune et Torry avaient emmené dans leurs bagages des voiles afin de négocier plus rapidement les zones d'eaux libres importantes. Mais ils se rendent compte que monter une voile serait trop dangereux. Trop de risques de blessures.

23 février

Rien de particulier durant cette première semaine de trek mis à part la visite de quelques ours, naturellement. Contrairement aux Français qui tirent des balles à blanc pour les effrayer, Rune et Torry se contentent de crier une bonne fois afin de les effrayer, ce qui semble donner les mêmes résultats qu'avec une arme. Le 25 février, ils se trouvent confrontés à une énorme zone de compression de plusieurs mètres de haut. Ils viennent également de faire leur premiers tests de flottabilité avec leurs traîneaux amphibie. Tout est OK.

16 février

Les deux Norvégiens Rune Gjeldnes et Torry Larsen quittent le cap Arktikchewsky en Sibérie pour un raid polaire de plus de 2000 kilomètres en autonomie qui doit les emmener de l'autre côté de l'océan arctique vers l'île de Ward Hunt dans le Grand Nord canadien en passant par le pôle Nord géographique. S'ils réussissent leur exploit, ils seront les premiers à réussir pareille tentative. Avant de partir ils font un tour en hélicoptère afin de pouvoir localiser les zones d'eaux libres qui se présentent sur leur route. Ils sont à peine en route que déjà, ils aperçoivent les premières traces de pas d'ours. Torry déclare lors d'une communication téléphonique: "Traverser l'océan Arctique, c'est comme décider de manger un éléphant..."