Nordpolen 2004
Bettina Aller et Jean-Gabriel Leynaud

4 mai 04 : Le couple Aller Leynaud a réussi
C'est le 1er mai que les deux aventuriers sont arrivés à bon port au pôle Nord. Epuisés et souffrant de nombreuses blessures. "Le moindre des muscles fait mal, même ceux qu'ils ne connaissent pas..."dit leur communiqué du 28 mars dernier. Ils ont tous deux perdu entre 6 et 7 kilos.

24 avril 04 (Jour 51) : Bonnes nouvelles
Position: N88.617 E 99.309 / Tempête/ Distance d'aujourd'hui : 9 km / Distance restante : 154 km.
La tempête dure toute la nuit et la moitié de la journée. Mais quand ils s’arrêtent pour bivouaquer, le soleil brille dans un ciel bleu. La journée a encore été dure, le vent soufflant dans les visages. La gelure de la joue de Bettina a empiré. Ils ont traversé 12 chenaux, dont 2 à la nage.
Et maintenant, la bonne nouvelle : les pilotes de l’hélicoptère russe ont accepté d’attendre Bettina et JG jusqu’au 5 mai. Cela leur donne 4 jours de plus, juste assez pour soulager la pression. Bien qu’ils soient très fatigués, c’est un bon coup de pouce pour leur moral.

23 avril 04 (Jour 50) : De l'or pour Jean-Gabriel et Bettina
Position: N88,535 E102,175 / Weather: Storm, white out / Distance aujourd'hui : 10 km / Distance restante : 162km
Après avoir passé le jeudi soir et la moitié du vendredi à m’inquiéter, j’ai finalement reçu un appel. D’une Bettina et d’un Jean-Gab très fatigués. Je sais, j’ai déjà écrit que c’était la pire journée jusqu’à présent. Mais aujourd’hui, j’ai parlé à JG, et je peux vous dire qu’il confirme tout. Y compris le nom de « Hell on ice » donné à cette journée. Ils ont marché 14 heures, pour faire 10 km seulement. Comment est-ce possible ? Eh bien, chaque fois qu’ils tombaient sur un chenal, ce n’était pas de l’eau, mais une lac de glace molle. Et la fois où ils ont quand même nagé, Bettina était tellement épuisée qu’elle a « passé » à mi-chemin. Passé comme aux cartes, quand on n’a plus rien à jouer. Heureusement, JG était là. Il lui a dit de continuer, et elle l’a fait.
Je vous souhaite à tous un très bon week-end. Continuez à prier pour que JG et Bettina reviennent sains et saufs.

20 avril 04 (Jour 47) : Les temps sont durs...
Position: N88,126 E93,621 / Distance d'aujourd'hui : 7 km / Distance restante : 208 km
Ils luttent contre le chronomètre. Hier, ils ont marché 12 heures et progressé de 15 km. Pourquoi leur faut-il tant de temps pour faire 15 km ?? Hier, par exemple, ils ont dû franchir un chenal à la nage, parce qu’ils n’en voyaient pas le bout. A partir du moment où ils ont décidé de nager, il a fallu une heure pour être prêts à repartir de l’autre côté : trouver les combinaisons dans les traîneaux, fixer les skis, empêcher l’eau d’entrer dans les traîneaux pendant la traversée… L’un passe à la nage, tire les traîneaux, après quoi l’autre traverse aussi. Puis, il faut enlever la combinaison, la sécher, la remballer, ôter les skis du traîneau, les rechausser. Une heure a passé, et ils ont fait 30 mètres… Voilà comment ils passent leur temps là-bas.
Le traîneau de JG a de nouveau cassé. La soirée est consacrée à la réparation. La moitié du traîneau dans la tente, l’autre moitié dehors. La chaleur s’échappe.
Tous deux souffrent de gelures, mais nous avons parlé à un médecin, et ils vont recevoir un traitement.

JG m’a dit hier au téléphone que si jamais l’envie me prenait d’aller au Pôle Nord, il ne le conseillait pas. Pour rien au monde je ne ferais une chose pareille, ai-je répondu, même par amour !! Il y a des choses qu’on fait par amour, mais jusqu’à un certain point seulement… Dans la tente, le moral de Jean-Gabriel et Bettina pourrait être meilleur. Ils sentent vraiment que le temps leur file entre les doigts. Imaginez : s’ils avaient quitté Khatanga à temps, ils auraient eu 5 jours de plus, juste assez pour arriver dans les délais. Continuez à leur envoyer des messages. Cela leur fait plaisir et leur remonte le moral.

18 avril 2004 (Jour 45) : Approvisionnement
Position: N87,796 E91,466 / Distance d'aujourd'hui : 18 km/ Distance restante : 245 km.Bettina et JG ont bien reçu leur approvisionnement, y compris la tarte aux pommes. On leur a annoncé que la glace ne va pas s'améliorer, malheureusement. Ils ont aussi appris que s'ils veulent rentrer via Svalbard, ils devront être à Borneo le 29 avril. S'ils y parviennent le 30, il faudra qu'ils rentrent par Khatanga, ce qui prend davantage de temps.
Ils vont donc devoir faire plus de kilomètres par jour. Après avoir dormi 4½ heures hier à cause de l'attente des vivres, ils voudraient pouvoir aller dormir tôt, mais il faut encore réparer le bas des traîneaux. Le sommeil réparateur sera pour demain.

17 avril 2004 (Jour 44) : Vivement la tarte aux pommes !
Position: N87,638 E92,753 / Distance hier et aujourd'hui : 37 km/ Distance restante : 262 km.
Hier encore, le grand blanc n'a pas facilité la progression. Mauvaise glace et chenaux sont omniprésents. Ils ont traversé à la nage un chenal de 40-45 mètres. C'est très dur de nager dans ce mélange d'eau et de glace molle. A mi-chemin, ils désespéraient, mais comme d'habitude, ils ont persévéré. Bien joué ! Dix-neuf kilomètres en 11 heures aujourd'hui. Pas mal, mais insuffisant. Nous avons besoin de quelques jours de temps clair, et surtout de bonne glace.
Le temps était plutôt bon aujourd'hui, mais la glace reste très mauvaise. Ils ont dû s'arrêter tôt aujourd'hui pour dresser le camp et communiquer leur position à la base de Borneo pour recevoir leur nouvelle balise Argos et des vivres. Bettina et JG attendent dans leur tente, surtout impatients de voir arriver la tarte aux pommes de la mère de Bettina. Mais sur Borneo, le temps se dégrade, et l'hélicoptère n'est pas encore parti. Espérons pour Bettina et JG que cela ne durera pas trop. Il est temps qu'ils profitent d'une bonne nuit de sommeil.

15 avril 2004 (Jour 42) : Des blocs de glace, rien que des blocs de glace
Position: N87,309 E92,620 / Distance d'aujourd'hui : 14 km. / Distance restante : 299 km
Encore une journée infernale. Bettina et JG sont encore sur le pack. Des blocs d'au moins 1 mètre d'épaisseur sont entassés partout. A cause du grand blanc, qui entrave la visibilité, ils n'ont pas pu choisir la meilleure voie, se contentant de garder le cap sur le nord. Par-dessus le marché, ils n'ont pas beaucoup dormi, ayant dû passer la moitié de la nuit à réparer le traîneau de JG, cassé dans le bas. A cause de la météo et de la fatigue, ils ont décidé de marcher 9 heures seulement, mais au bout des 9 heures, il n'y avait pas d'endroit pour camper. Il a fallu continuer. Camper au milieu du pack est trop dangereux. C'est donc après 11 heures de marche qu'ils ont trouvé un bon endroit pour faire halte.
Au bivouac, le moral remonte toujours un peu. Prions tous pour que le temps s'améliore demain. Ils en ont besoin pour faire 20 km, condition pour arriver à N90.00 le 1er mai.
Jean-Gabriel envoie un " salut " à ses amis, surtout à Laurent et à sa femme, qu'il félicite pour la naissance de leur petite fille.

14 avril 2004 (Jour 41) : Le genou de Bettina
Nous pensions que la mauvaise glace était derrière nous. Nous avions tort. Bettina et JG ont vu aujourd'hui des blocs de glace comme des autobus ou des trains, impossibles à escalader. Ils ont dû louvoyer constamment. A un certain moment, Bettina a dit : " J'en ai assez de partir à gauche et à droite tout le temps, je veux aller tout droit ", à quoi JG a répondu : " Appelle l'hélicoptère, il t'emmènera tout droit à la maison ". Mais ne vous inquiétez pas. Ils restent et se battent.
La zone des chenaux n'est pas finie non plus. Aujourd'hui, ils ont dû en franchir un en rampant, et à mi-chemin, le genoux de Bettina est passé à travers la glace. Heureusement, la glace d'eau salée est un peu élastique, et elle a pu continuer. Et elle portait sa combinaison !
Leur balise Argos ne fonctionne pas. En attendant qu'ils reçoivent une nouvelle balise ce samedi avec leurs provisions, j'obtiendrai leur position par téléphone. Prions pour que rien de grave n'arrive entre-temps.

13 avril : en attendant le prochain ravito, le couple avance vite..
Excellent moral dans le couple Aller-Leynaud car, depuis quelques jours, et sachant que le prochain ravito devrait arriver le 17 avril, ils abattent des distances peu communes : le 6 et le 7, 51km, le 10 avril, 25 km et les 11 et 12, 58 km. Ce qui fait, que jour après jour, le pôle Nord se rapproche lentement. Le soir du 12 avril, il leur restait en effet plus que 346 km à faire avant d'atteindre le but final...

05 avril / JOUR 32 / Le couple connaît des difficultés
Le 2 avril, Bettina Aller et Jean-Gabriel Leynaud se trouvaient encore à 580 km du pôle Nord et à environ 55 km des deux autres équipes encore sur la glace ce printemps. Leur position ce jour-là : 84,773 N / 96,172 E. Mais malgré que, de leur côté aussi, les conditions s'améliorent (le 28 mars, ils ont franchi le 84e degré de latitude nord), Bettina souffre d'un mal persistant au bras gauche tandis que les chenaux d'eaux libres qui leur barrent en permanence la route, ils commencent tout deux à trouver le temps long. Ils se sont fait ravitailler le 2 avril.

23 mars / JOUR 19 / Encore une grand chenal de passé !
Position: N83,531 E96,316 / Distance : 11km, mais dérive de 5 km cette nuit,
Météo : Très beau temps, très froid et vent du sud
La journée semblait idéale pour couvrir une grande distance, mais - après un peu plus d'une heure, les deux aventuriers se sont retrouvés confrontés à un grand chenal. Ils l'ont suivi pendant 4 heures et demi avant de trouver un endroit permettant de le franchir. Mais ils ont dû nager un mètre ou deux pour ce faire. La perspective de plonger dans l'eau n'était certes guère réjouissante, mais ils ont à présent essayé les combinaisons de Helly Hansen : en cas d'urgence, ils connaissent l'équipement.

22 mars 2004 / JOUR 18 / La neige devient meilleure
Position : N83,440 E96,522 / Météo : beau temps mais vent très froid venant t du Nord
La journée a été bonne. Il a neigé toute la nuit, ce qui a rendu plus difficile la traction des traîneaux. Le vent a de nouveau tourné et ils l'ont donc une fois de plus de face. Bettina a des engelures au nez et, d'après ce qu'elle dit, ils ont tous les deux le visage enflé. La glace s'est avérée mauvaise pendant toute la matinée, mais - l'après-midi - ils ont finalement atteint une zone vraiment plane. Espérons que cela continuera. Le grand moment de la journée consiste pour eux à déguster leur repas de Real Expedition Meal. Ce soir, c'est du poulet au curry.

21 mars 2004 / JOUR 16 / Un très beau jour
Position : A 06:00 UTC 21.3.2004 N83,271 E96,700 / Distance:12 km / Météo : ensoleillé, -25°C
La journée a été belle, avec un grand soleil et des reflets de différentes nuances turquoise sur la glace. Ils continuent à progresser difficilement à travers des amas et consacrent 40 % de leur temps à se traîner péniblement. Bettina éprouve de grandes difficultés à tracter son traîneau. C'est pourquoi ils ont aujourd'hui abandonné une partie de leur nourriture, en prélevant une petite partie de chaque ration journalière. Aujourd'hui, ils ont marché pendant huit heures et n'ont cependant progressé que de douze kilomètres. Espérons que l'allègement des traîneaux leur permettra de franchir une plus grande distance.

19 mars 2004 / Une petite fête pour célébrer la poursuite du grand combat
contre la nature
Position : N 83,168 E 96,781 / Distance : 8 km / Météo : ensoleillée, pas de vent, -35° Celsius

Ils ont été réapprovisionnés hier. 90 kilos, soit 45 kilos de charge supplémentaire par traîneau. La tâche a été difficile, mais - une fois achevée - cela a été un véritable luxe pour eux de s'asseoir sous la tente, d'organiser une petite fête et de savoir qu'ils allaient dormir dans des sacs de couchage secs. La journée d'aujourd'hui a été marquée par un nouveau défi, la glace commençant à s'accumuler autour des deux aventuriers pendant qu'ils faisaient une pause. Cela a d'abord commencé derrière eux, puis - lorsqu'ils se sont sauvés - elle a commencé à s'accumuler d'abord sur un côté, puis sur l'autre. Un chenal s'ouvrait devant eux. Cela a été terrible : le bruit était assourdissant et ils n'apercevaient aucune issue pour échapper à cet enfer. Après deux heures terrifiantes, alors que la glace tremblait sous leurs pieds, que des blocs de glace s'accumulaient partout autour d'eux et s'élevaient de plus en plus haut, le phénomène s'est soudain arrêté. Silence complet. Ils savaient qu'ils devaient partir au plus vite, car tout pouvait recommencer. Aussi, chacun tirant un traîneau 45 kilos plus lourd que le jour précédent, ils se sont péniblement traînés au travers du pack. Ils sont parvenus à s'échapper, mais ils ont brisé leurs bâtons de ski. La casse était heureusement réparable. Après quatorze jours, ils ont franchi le 83ème degré de latitude, au cours de la nuit de mercredi à jeudi. Il ne reste plus " que " 777,77 kilomètres à franchir !!

14 mars 2004 / Météo : temps glacial et tempête
Position : N 82,697 E 96,776 / Distance: -7 km

La journée a été terriblement dure et froide. Les deux aventuriers sont toujours confrontés à un vent de face particulièrement mordant et qui pénètre partout. Ils ne cessent de dériver dans la mauvaise direction. C'est particulièrement frustrant : pour un kilomètre parcouru, ils dérivent de 500 mètres dans la mauvaise direction. Et aujourd'hui, comme l'attestent les chiffres, ils ont davantage reculé qu'avancé.
Ils ont marché pendant neuf heures et ont reculé de sept kilomètres. Ce n'est pas très bon pour le moral, mais ils semblent se relayer pour être déprimés à tour de rôle.
Assis dans leur tente, ils ont les pires difficultés à se maintenir au chaud. Seule la partie du corps qui fait face au feu éprouve un peu de bien-être. Le reste est gelé.

13 mars 2004 / Jour 9 / Ils ont franchi les 100 premiers km
Position : N 82,756 E 96,178 / distance d'hier : 10 km / distance d'aujourd'hui : 7 km
Ils sont partis tôt aujourd'hui, mais ont dû s'arrêter un peu plus tôt aussi, bloqués par un vaste chenal. Ils ont campé à un demi-kilomètre au sud du chenal et réfléchi au meilleur moyen de le franchir. Je n'ai pas parlé à Bettina aujourd'hui, mais d'après les nouvelles qui me parviennent, ils vont bien et ont fait 7 km aujourd'hui. Ce n'est pas beaucoup, mais d'une façon ou d'une autre, ils ont passé le chenal. Nous en saurons plus demain. Aujourd'hui, ils ont franchi les 100 premiers kilomètres. Plus que 800 !! Bravo.

11 mars 2004 / Jour 7 / Dure journée - Fort vent contraire
Une journée extrêmement dure. Des murs de glace de 3 mètres de haut se dressent de tous côtés, les chenaux ouverts sont fréquents, et le vent du nord souffle directement contre eux. Ils n'ont guère pu utiliser leurs skis ; parfois, le vent les contraignait à ramper. Le grand blanc a duré toute la journée. Dans leur tente, il est difficile de se réchauffer. Quand je parlais à Bettina, elle pouvait voir et entendre les hélicoptères revenant de leur tournée en quête de Dominique. Ils sont tous deux très affectés par la disparition de Dominique.
Nous espérons tous de bonnes nouvelles pour bientôt. Bon week-end à tous !

10 mars 2004 / Jour 6 / Journée difficile mais riche en enseignements
Location: N 82,517 E 97,333
Bettina aBettina et JG ont entamé la journée avec un bonus de 11 km, gagné en dérivant pendant la nuit. Mais la journée sera moins favorable. Après 14 bons kilomètres de marche, ils se trouvent face à des eaux libres, à peine un mètre devant eux, mais à perte de vue de part et d'autre. Ils décident donc de sauter. JG, gentleman, passe devant. Vu la taille de l'ouverture, ils ne font pas appel à la combinaison, mais nouent une corde autour de la taille de JG. Judicieuse précaution. Il saute et s'agrippe à l'autre bord, mais la glace, trop molle, fond et l'entraîne vers le bas. Bettina ne peut s'approcher, au risque de tomber ; elle doit donc tirer la corde sur un mètre, sortir JG de l'eau et saisir sa main. Il a passé une minute et demie dans l'eau, mais cela lui a paru bien plus long. Ensuite, ils s'écartent de 500 mètres de l'ouverture, les ouvertures dans la glace attirant les ours. Après avoir monté le camp, ils consacrent 5 heures et beaucoup de combustible à sécher JG et ses vêtements. Une entreprise considérable vu sa taille : deux mètres ! Mais heureusement, l'on ne déplore pas de gelures.
Pendant que je parlais avec Bettina, elle dit soudain à JG en anglais : " Qu'est-ce que c'est, est-ce un ours ?? " Et à moi : " Nous entendons quelque chose à l'extérieur, nous croyons que c'est un ours, je t'appelle demain ". Tandis que je lui criais " Rappelle-moi ", le signal disparaissait. J'ai passé 10 minutes à contrôler mon imagination, puis le téléphone a de nouveau sonné. C'était Bettina. Après avoir raccroché, ils avaient éteint le feu, pris le fusil et couru dehors, prêts à en découdre avec le grand ours blanc. Mais ce n'était que le traîneau qui glissait dans la neige. Un avertissement. Le deuxième de la journée.
Bettina et JG envoient beaucoup de pensées et de prières à Dominique et à sa famille. Ils remercient pour le sauvetage de Frédéric

09 mars 2004 / Jour 5 / Progression malgré
le mauvais temps
Position : N 82,407 E 96,962 / Distance d'aujourd'hui : 18 km / Temps : tempête de neige et vent jusqu'à 30 noeuds
Jean-Gabriel et Bettina sont partis tôt ce matin dans la tempête, ne sachant pas si elle allait durer ni comment elle Allait évoluer. Mais ils ont accompli un bon 18 km, de quoi être satisfaits à la fin de la journée.

Ils ont de nouveau observé des traces d'ours fraîches. Au déjeuner, ils se sentaient mal à l'aise, conscients qu'un ours pouvait facilement surgir de la tempête et de la glace. A nouveau, un bruit. Bettina se lève et fait du vacarme pour éloigner un ours éventuel, mais ce n'est qu'un renard polaire. Impossible de se détendre, cependant, car là où il y a des renards, il y a des ours.
A 17 heures, ils dressent le camp. Le temps se dégrade et la tente est difficile à monter, mais quand je leur parle, ils sont à l'abri, écoutant la tempête.
La balise Argos fonctionne bien depuis que je leur ai communiqué les instructions de Cerpolex : éteindre la balise, enlever le connecteur noir, le remettre et rallumer la balise. Je reçois maintenant leurs températures. Il fait moins 11 degrés C dans leur " salon ".

08 mars 2004 / Jour 4 / Dure journée
Bettina et Jean-Gabriel ont eu une dure journée. Le pack qui les entoure entrave la progression. Ils ont dérivé de 4 km en marche arrière la nuit dernière, puis avancé de 15 km aujourd'hui, ce qui fait 11 km. Bettina n'est pas satisfaite. Les vêtements sont de plus en plus mouillés ; le combustible rationné ne peut être gaspillé à les sécher. Mais ils seront ravitaillés bientôt : il reste 10 jours avant le premier lâcher. Des vêtements mouillés ne favorisent cependant pas le moral.
Ils ont encore vu des traces d'ours aujourd'hui, certaines anciennes, mais aussi celles d'une mère et de son petit. La journée n'en est que plus dure. Ils doivent en même temps surveiller chacun de leurs doigts (emballés dans plusieurs paires de gants mouillés).
J'ai reçu ce soir un e-mail annonçant une dépression, mais comme je ne peux les toucher que par courrier vocal, j'espère qu'ils écouteront demain matin avant de partir, pour pouvoir prendre les précautions qui s'imposent.

07 mars 2004 / Jour 3 / Une agréable randonnée
Bettina and Jean-Gabriel have been on the ice now for 3 days. Yesterday they made 17 km. The weather is fine, Bettina et Jean-Gabriel sont sur la glace depuis 3 jours. Hier, ils ont fait 17 km. Le temps est beau, sans vent, mais aujourd'hui, un pack abondant les a empêchés d'en faire autant. Je crains des problèmes d'émetteur : je n'ai pas reçu de données de localisation aujourd'hui.
Ils ont vu des traces d'ours et de renard. L'ours va là où il trouve des phoques, le renard suit pour manger les restes. Ils ont monté le camp tôt, ayant trouvé un aire plate, sans amas de glace. Il peut être dangereux de camper trop près du pack : l'ours risque d'en sortir subitement. C'est pourquoi ils se sont arrêtés à cet endroit, sachant ce qui les attend demain.
Ils s'habituent au peu d'espace dont ils disposent pour vivre. Ils sélectionnent ce qui est nécessaire dans la tente et ce qui ne l'est pas.

05 mars 2004 / Jour 1 / Ils ont été déposés sur la glace
Ils sont en route. Ils n'ont marché que quelques heures aujourd'hui, car on les a déposés un peu tard sur la glace. Mais ils ont quand même fait 6,5 km. Un bon début. Le temps était beau : soleil, pas de vent, bonne glace. Malheureusement, celle-ci se prête moins au camping ; la tente est donc attachée aux bagages, ce qui ne laisse à leur petit château que 3 m2. Au menu du soir : cabillaud dans une sauce non identifiée, mais délicieuse après une journée au froid.
Bref, une bonne première journée. D'autres nouvelles dans un jour ou deux.

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