Samedi
24 février : Alain Hubert est de retour
Alain
Hubert est bien rentré au pays par un jour de neige.
Il devra donc attendre quelques jours pour revoir la couleur ... du vert.
Le temps de dépouiller le matériel photographique, nous reprendrons
contact d'ici une semaine pour vous présenter une galerie de photos
et les nouvelles de la fin de l'expédition.
Mercredi
14 février : Retour d'une partie de l'équipe de
l'expédition
Katelijne
Van Heukelom résume pour nous le retour du groupe avec lequel
elle est rentrée en Belgique.
"Aujourd'hui vers midi, nous - Fabrizio, Alain (Bidart)
et moi - sommes arrivées à Zaventem. Comme notre
route de vol passait par Zurich (Kaapstad - Johannesburg - Zurich
- Brussel ), André Georges - qui habite en Suisse - est
resté à Zurich.
Deux heures après notre arrivée, Fabrizio a pris
l'avion pour Londres. Alain Bidart a pris le TGV pour Lille.
Nous sommes revenus de l'Antarctique (Blue One) dans le nuit du
vendredi à samedi.
L'Illouchine est partie à 3 heures du matin et nous sommes arrivés à Cape
Town dans la matinée.
Après tous les check-in et check-out, nous sortons de l'aéroport
dans l'après-midi.
La différence du température avec l'Antarctique était
grande.
Nous nous sommes lavés, nous avons mangé, nous avons dormi et
surtout nous avons attendu pour pouvoir rentrer à la maison."
Dès
que nous aurons plus de détails concernant ce premier retour,
nous ne manquerons pas de vous les communiquer aussitôt.
Jeudi
8 février : "Dans un an, presque jour pour jour,
le départ de la grande traversée arctique",
explique Alain
Arrivé à Neumayer,
Hubert nous envoie un petit mot. Une sorte de premier bilan de
l'expédition en même temps qu'un saut dans l'avenir...
"Nous sommes bien arrivées à Neumayer. 60
heures dans la tente en attendant que passe le mauvais temps...
Nous avons pu avoir le retour du beau temps juste pour notre arrivée
sur le bord de l'iceshelf : icebergs, penguins and so on... So
nice. C'était aussi la première fois que nous revoyons
le soleil disparaître pour quelques heures... Les couleurs
changent, c'est très très beau. Le temps s'est recouvert
dès le lendemain et c'est dans le white out complet que
nous avons franchi la dernière grande zone de crevasses
qui nous séparait encore de Neumayer.
Sinon, la traversée de l'iceshelf fut sans aucune crevasse.
L'accueil que nous avons reçu des Allemands est absolument
exceptionnel. Nous sommes arrivés le soir du "Taking
Over" : fête pour
le passage d'une équipe à l'autre, un buffet incroyable, bien
arrosé jusqu'aux petites heures de la nuit.
Nous avons posé notre tente en bout de ligne des containers qui logent
les équipes de la saison d'été... Funny, c'est un peu
comme un camion de gamin à coté des gros camions de chez nous.
Mais elle tient la tente et, heureusement, car la tempête est de retour,
le vent devrait dépasser les 140 km /h demain. Nous sommes à l'embranchement
de deux perturbations.. Ils ne doivent pas trop souvent voir le beau temps
par ici.
Bref,
nous en profitons donc pour découvrir la base et ses installations
scientifiques et logistiques. Cette station est actuellement à 10
m de profondeur. Construite en 1992, ils espèrent la garder
encore 10 ans en relevant les tours d'entrée tous les
deux ans. Ils ont par contre à relever chaque année
les différents observatoires de météorologie,
chimie de l'air, antenne et eolienne....C'est un modèle
de technologie.
Quant
au Polarstern, il reste dans les eaux libres jusqu'à ce
que la tempête se calme (Ndlr, voir carte graphique ci
dessous), il arrivera dimanche et nous partirons aussitôt
pour arriver le 22 à Punta. Nous sommes actuellement accueillis
et donc les invites des Allemands ici, c'est un honneur pour
les petits Belges.
C'est
donc la fin de mon périple antarctique de cette année...
Au bord de la mer et c'est sur la mer, mais au Nord of course
que débutera la prochaine grande expédition dans
exactement une année !
Cette expédition The Wall aura été plus variée
et difficile à mener que ce que j aurais pu croire. Comme quoi, même
dans une expédition que je croyais plus facile, il y aura eu beaucoup
de choses imprévues! Le mois de décembre aura été plus
stressant vu le programme très chargé du fait qu'une partie de
l'équipe allait devoir partir début janvier alors que dès
le début, nous avions pris du retard à cause de l'arrivée
tardive de l'avion. Puis il y a eu cette question de sécurité soulevée
par la qualité médiocre du rocher de l'attaque du pilier Nord.
Le temps allait dès lors être très court pour grimper et
arriver au sommet on time pour le départ des autres. Comment faire alors
pour les images à tourner, etc... Autant de questions auxquelles nous
avons essayé de répondre, et au travers desquelles j ai essayé d'assumer
mes responsabilités de leader de ce groupe et de l'expédition,
en prenant donc un certain nombre de décisions moi-même et en
laissant par ailleurs le groupe décider d'autres orientations afin de
contenter les uns et les autres dans les tâches respectives qu'ils avaient à remplir.
Un challenge dans lequel nous avons pas trop mal navigué, je pense.
Le sommet du Holtanna a été atteint le premier. Et,
même si le pilier Sud est fort différent dans le type d'ascension
requise et que donc nous n'allions pas véritablement devoir utiliser
de camp portaledge et grimper comme cela avait été prévu,
nous nous sommes partagé le boulot, privilégiant finalement les
images de la première partie du pilier, ce qui ne fut pas facile à cause
de la rotation du soleil qui ne correspondait pas vraiment avec nos horaires
globaux. Mais la flexibilité de Daniel et de Ralph ont pu s'accorder
avec la patience de notre équipe photo et film. Je voudrais les en remercier
ici.
Le
lendemain même du nouvel an, après avoir pu contempler
l'insondable grandeur de ce continent depuis le sommet par beau
temps, nous nous sommes retrouvés orphelins de trois membres
de l'expédition ayant à entamer la deuxième
partie de cette aventure. Le projet éducatif avait commencé beaucoup
plus tard que prévu et s'était retrouvé en
décalage avec le calendrier scolaire. Alain allait avoir
du travail et s'y est employé avec belle assiduité,
sacrifiant presque toute sortie du camp de base. Nous espérons
avoir pu apporter un éclairage nouveau sur ce continent
aux enfants et à tous ceux qui nous ont suivis. Katelijne,
elle, s'est attachée à tenter de transmettre des
informations au HQ sur cette bande de sauvages que nous sommes
un peu quoique qu'on en dise, de monter des images, d'essuyer
aussi de temps à autre les remarques occasionnelles du
chef... Bref un travail difficile mené petit à petit
au fil des jours.
Ronald n'a pour ainsi dire pas arrêter de travailler sur les stations
météo avec une méticulosité stupéfiante,
garant - nous l'espérons - de la suite qui sera donnée à cette
première expérience.
Les cailloux et les emplacements à trouver pour les lichens (partie
du travail pour la Nasa) furent l'apanage de René, infatigable, malgré les
va et vient incessants d'un photographe à l'affût des bonnes lumières,
etc. Il apporta une dynamique certaine a l'expédition. Avec André Georges,
nous avons découvert, début janvier, les montagnes aux alentours...Une
sorte de pèlerinage, une centaine d'années en arrière
comme au temps des premières ascensions chez nous. Un véritable
moment de détente pour moi. Après quoi, nous sommes partis sur
le plateau, quelques puits à creuser, trop courts malheureusement, la
fin de l'expédition approchait, des problèmes logistiques nous
obligeaient à regagner plus tôt Blue One pour une partie du groupe...
Le temps va trop vite à ces moments-là, mais la marque de ce
Continent restera à jamais marquée dans nos têtes, une
expérience unique nous le croyons. Nous voilà donc séparés
maintenant, les uns en attente du vol sur Capetown à Blue One et René et
moi prêts à embarquer sur cet extraordinaire Polarstern prêts
pour une nouvelle aventure.
Un grand merci à tous ceux qui nous ont aidé à mener à bien
cette aventure et à la faire partager au plus grand nombre".
Alain Hubert
Lundi
5 février : Alain et René bloqués dans la
tempête, Kathelijne, Ronald et les autres en attente à Blue
One
Pour
une des dernières fois sans doute, le téléphone
satellite a fonctionné entre l'expédition et le QG.
C'était Alain Hubert qui venait de se réveiller et
qui appelait de sa tente. En fait, Hubert et René ont quitté Sanae
il y a cinq jours malgré un avis de tempête et donc
des conditions de progression défavorables. Hier, dimanche,
les deux hommes étaient donc bloqués à 37
km de la station allemande de Neumayer où se trouve actuellement
le navire de recherche Polarstern. "Nous sommes bloqués
sous la tente depuis hier, a expliqué Alain, avec
une visibilité de guère plus de trois mètres...
Mais nous avons encore le temps d'arriver à Neumayer, le
Polarstern ne quitte la station que vers le 8 ou le 9 février
et les gens là-bas nous attendent..."
Si la progression des deux hommes - pour cet ultime trajet
sur le 6e continent - a été ralentie par les conditions
météo (jeudi, par exemple, ils n'ont pu faire que
19 km en neuf heures de marche), elle l'a également été du
fait d'un stupide oubli. Lorsque le DC3 en provenance de Blue One
a déposé René et Alain à Sanae, ces
derniers ont en effet oublié de décharger les skis
: l'émotion de retrouver des vieux copains et l'empressement
du pilote du DC3 à repartir au plus vite, sans doute.
Bref, Robert et Hubert se sont retrouvés sans skis. Il leur
a fallu donc emprunter des skis à Sanae, des skis qui manifestement
n'étaient
pas équipés pour supporter de longues distances. A ce propos,
Hubert observe : "C'est quand même curieux, nous a-t-il dit hier,
les gens d'ici n'ont aucune connaissance du terrain qui sépare leur
station de celle de Neumayer ! Nous sommes donc partis dans l'inconnu mais,
malgré les skis qui se sont cassés la figure rapidement, ce qui
nous a obligé à progresser à pied, le voyage s'est bien
passé..." De plus, le traîneau d'Alain pèse lourd...
Une fois à Neumayer, le duo embarquera à bord du Polarstern qui,
du fait que certains scientifiques doivent encore effectuer quelques travaux
de recherches en mer de Weddell, devrait mettre une douzaine de jours pour
rejoindre Punta.
Quant
au reste de la troupe (Kathelijne, Alain Bidart, André,
Fabrizio et Ronald), il est en train d'attendre à Blue One
l'arrivée de l'Iliouchine 76.
Une mauvaise nouvelle nous est parvenue il y a quelques jours ;
le satellite sud-africain Sunsat, qui, jusqu'ici, servait de relais
aux retransmissions des informations contenues dans les logiciels
des stations météo
installées par Ronald Ross, est tombé en panne et, aux dernières
nouvelles, serait définitivement hors d'usage. Nous ne savons pas encore
si cet incident remet en cause tout le travail accompli par l'Américain.
Samedi
3 février : André Georges raconte une de ses ascensions.
Impressionnant...
"Le
tabernacle de l'Ulvetanna est un monobloc rocheux exceptionnel
coiffé d'un chapeau blanc. Un dièdre très
esthétique, le parcours. Tous les grimpeurs qui passent
au pied ont envie d'y aller. J'y vais en solo pour clôturer
mon périple antarctique. D'en bas c'est plus simple que
la réalité. Paroi de 500 m de haut déversente,
il me faudra cinq jours pour en venir à bout avec des
moments très difficiles. La partie gauche du dièdre
est déversente, à chaque rappel il faut penduler
pour retrouver le prochain relais. En solo il faut faire les
bonnes manœuvres de cordes pour ne pas rester pendu comme
un sac. Pas un mètre de grimpe facile, chaque centimètre
se gagne à l'énergie dans une fissure souvent large.
Un jeux de gros " friends " et des " big brothers " m'aident
bien. Deux jours d'une neige qui ne reste pas, c'est trop raide,
et des moments de froid pour améliorer le menu.
C'est
très dur mais tête obstinée s'accroche. Debout
sur l'étrier sur un petit " friends " quelques instants,
regardant la suite. Soudain c'est le vol, le friends a lâché,
le piton d'en dessous aussi, et je me retrouve pendu dix mètres
plus bas. Une petite cordelette de 5 mm c'est mon assurage, posée
en prussic sur la corde principale qui coulisse au fil de ma
progression. Le choc a fait chauffé la corde sur 20 cm
et les deux nylons sont soudés !! Quelques petites douleurs
sans y penser, je remonte, plante le même piton, remet
le même
friends bien précisément et passe le passage.
Plus
d'un mois et demi de grimpe et habitué à ce rocher
je suis bien affûté. La sortie de fait dans des
cheminées, ramonage athlétique pour le dessert.
Relais sur une vis à glace dans la goulotte de sortie
avec un grosse ambiance. Je suis heureux d'avoir fait une course
exceptionnelle par sa beauté et sa difficulté,
où la fourmis solitaire a grignoté avec une grosse
concentration pendant cinq jours. L'oiseau défie l'apesanteur.
L'araignée sur son fil ne s'inquiète pas du vide.
Mais l'homme qu'est-il venu foutre ? "
André Georges
Mercredi
31 janvier : Les enfants ont posé des questions (pertinentes
comme toujours lorsqu'elles nous viennent de nos petites têtes
blondes), les grimpeurs ont répondu...
En
attendant le retour des hommes, voici quelques questions qui ont été posées
par certains
des enfants dont les classes se sont inscrites au Projet Pédagogique.
Q
: Pourquoi l'ascension des quatre derniers mètres a été aussi
longue ?
R : Parce
que durant l'ascension, chaque grimpeur avait un travail à accomplir,
parfois à des hauteurs différentes dans le mur, cela a donc pris
du temps pour qu'à la fin ils se rassemblent tous afin de finir le sommet
ensemble.
Q
: Qu'est-ce qu'un portaledge ? A quoi sert-il ?
R : C'est une sorte de tente que l'on peut accrocher à la paroi. Constitué par
un lit de toile fermé, il tient au rocher par seulement un point de
suspension. Les alpinistes peuvent y dormir ou se protéger des tempêtes,
il peut être monoplace ou biplace.
Q
: Quels sont vos accessoires de protection ? Quelle partie du
corps protègent -ils ?
R : Les grimpeurs n'ont qu'un véritable accessoire de protection, c'est
un casque pour la tête.
Q
: Nous n'avons pas compris les mots: une kata, des spits, le
skidoo. Pourriez-vous nous les expliquer ?
R : La kata est une écharpe népalaise ou tibétaine, bénie
par des moines bouddhistes d'un monastère. Cette écharpe est
sensée souhaiter une bonne route au voyageur auquel elle est donnée.
Il doit ensuite la laisser à un endroit où le vent souffle pour
que les vœux se dispersent et que tout le monde en profite. C'est pourquoi
Alain en a laissé une au sommet d'Holtanna. Un spit est une grosse vis
avec un boulon et une attache pour une corde. Dans la paroi, tous les 50 m
ou dans les endroits dangereux, les alpinistes s'en servent pour faire une
assurance très forte qui ne se décrochera pas. Il font un trou
dans la roche avec un tamponnoir, puis entrent la vis qu'ils bloquent avec
le boulon. C'est très solide, dans leur progression ils peuvent accrocher
une corde à ce point d'attache qui tiendra parfaitement. Le skidoo est
une moto avec des skis, il est utilisé pour se déplacer sur la
neige. C'est très pratique, il permet de transporter rapidement de lourdes
charges parfois sur d'assez longues distances. Par grand froid, c'est parfois
un peu long pour le démarrer le matin. A la station Blue One il a deux
skidoos Je veux aussi expliquer ce qu'est un cairn. Ce sont des pierres que
l'on pose les unes sur les autres pour faire petit monument, afin de montrer
que l'on est passé par là, que ce soit au sommet d'une montagne
ou sur un chemin peu utilisé.
Q
: Quel travail la Nasa vous a-t-elle confié ?
R : La Nasa nous a confié la mission de chercher de nouvelles espèces
de lichens, mais surtout d'installer des thermomètres électroniques
qui mesureront toute l'année la température de la roche sur laquelle
ils poussent. Ces informations intéressent la Nasa car durant la période
la plus chaude de l'année sur la planète Mars, les conditions
climatiques ressemblent parfois à l'hiver Antarctique. Les scientifiques
essaient donc de comprendre grâce aux lichens comment la vie aurait pu
exister sur Mars. La technique de communication par radio et satellite des
stations météorologiques automatiques que nous avons installées,
servira aussi peut être un jour dans un programme météo
sur Mars.
Q
: Pourquoi creusez-vous des puits ? Que cherchez-vous ? Quelle
sera leur profondeur ?
R : Nous avons creusé des puits, de 1,5 à 2 m de profondeur,
pour réaliser des études glaciologiques. La neige s'accumule
depuis des années, dans un puits nous pouvons donc retrouver des couches
qui sont vieilles de parfois plus de dix ans et les étudier, savoir
comment elles ont évolué, quelle est leur température,
leur densité. Durant l'expédition nous avons fait ces travaux
pour que ensuite des scientifiques puissent connaître les caractéristiques
de la neige uniquement en prenant des photos satellites.
Q : Pourquoi photographiez-vous les grains de neige ?
R : Dans le cadre de l'étude glaciologique, nous prenons des photographies
pour connaître la taille et la forme des grains de neige à diverses
profondeurs dans le puits, c'est une méthode qui permet ensuite de ramener
ces informations aux scientifiques dans les laboratoires.
Q
: Comment savez-vous qu' il pourrait y avoir des météorites à l'endroit
remarqué depuis le sommet ? Est-ce que vous avez vu un
cratère ? ou un caillou ?
R : Les régions où nous avons le plus de chance de trouver des
météorites sont les champs de glace bleue, car dans ces zones
la glace remonte depuis le fond de la calotte polaire et ramène avec
elle toutes les météorites tombées dans la neige depuis
des dizaines de milliers d'années. C'est une intéressante zone
de glace bleue que les grimpeurs ont vue depuis le sommet, hélas trop
loin pour y aller rapidement à ski.
Q
: Si vous trouvez une météorite, pourriez-vous
envoyer une photo ?
R : Oui bien sur, mais malheureusement nous n'en avons pas trouvé.
Q
:Que faites-vous pendant les temps libres ?
R : Nous dormons, nous lisons, nous écrivons, nous nous réunissons
pour parler et rigoler, et nous faisons de bon repas.
Q
: Comment avez-vous le courage de dormir dans des sacs de couchage
en hauteur ? Avez-vous peur de dormir dans la paroi ?
R : C'est comme dans la vie, au début on ne connaît pas, on n'est
pas rassuré, on a un peu peur de tomber, puis on s'habitue au vide,
on se rend compte que le montage dans le lequel on dort est solide, on prend
de l'assurance et tout va mieux.
Q : Comment faites-vous pour ne pas tomber quand vous dormez
?
R : Les grimpeurs dorment dans leur sac de couchage en étant accrochés à la
paroi avec leur harnais par une corde. Ils ne peuvent donc pas tomber.
Q
: Comment avez-vous pu poser l'avion sur la glace ?
R : Les pilotes de l'Iliouchine sont très talentueux, pour eux se poser
sur la glace bleue c'est presque comme atterrir sur une piste normale en goudron
ou en béton.
Q
: Comment accrochez-vous les pitons sur la paroi quand vous escaladez
?
R : L'alpiniste trouve une fissure, dans celle ci il repère l'endroit
où elle se resserre et y enfonce alors le piton avec un marteau. Il
peut ensuite y accrocher une corde grâce à un mousqueton.
Q
: Vos familles vous manquent-elles ?
R : Oui, bien entendu, après deux mois il nous tarde de retrouver nos
familles, nous souhaitons tous que le retour soit à la hauteur de nos
espérances.
Q
: Communiquez-vous avec vos enfants ?
R : Pour ma part je n'en ai pas (Ndlr : c'est Alain Bidart qui
répond)
, mais les membres de l'équipe qui ont des enfants communiquent régulièrement
avec eux par e-mail.
Q
: Combien de fois par semaine changez-vous d'habits ?
R : En fait nous ne lavons pas nos vêtements, nous en avons donc plusieurs
de rechange que nous remettons régulièrement sans qu'ils soient
vraiment propres. En Antarctique le temps est froid et souvent sec, nous ne
transpirons pas comme ailleurs et nous salissons moins nos vêtements.
Cependant, la première chose que nous allons faire en arrivant en Afrique
du Sud sera de se doucher !
Q
: Avez-vous escaladé d'autres sommets ? Lesquels?
R : Après Holtanna, André et Alain ont fait toutes les montagnes
qui nous entourent, soit une dizaine, presque toutes jamais escaladées
auparavant.
Q
: Avez-vous fait ça pour être célèbre
ou pour le plaisir ?
R : Nous avons tout d'abord fait cela par passion pour l'Antarctique et son
environnement extraordinaire.
Q
: Avez-vous rencontré des animaux très étranges
?
R : Non, mais nous avons rencontrés les fabuleux Pétrels
des neiges et les impressionnants Skuas.
Q
: Quelqu'un a-t-il glissé pendant l'ascension ?
R : Non, heureusement.
Q
: Aviez-vous fait d'autres expéditions avant celle-ci
pour vous entraîner ?
R : En fait les alpinistes sont guides et ils font des expéditions autour
du monde tout au long de l'année, ils avaient donc tout l'entraînement
nécessaire.
Q
: La paroi Sud de l'Holtanna était elle aussi verticale
que la paroi Nord ?
R : Oui, la paroi sud était plus verticale que la paroi nord, elle était
même parfois en surplomb.
Vendredi
26 janvier : Les uns partent, les autres continuent de grimper...
Mercredi
dernier, Alain, Ronald et René ont quitté le camp
de base vers midi pour rejoindre Blue One à la voile. Ils
devraient atteindre la station ce soir ou demain. De là,
nous l'avons déjà écrit, ils rejoindront d'abord
Sanae puis la base allemande de Neumayer pour embarquer sur le
Polarstern.Il est prévu que des contacts radio réguliers
soient établis entre cette partie du groupe et les autres
puis avec le QG.
Pendant
ce temps, les autres qui sont restés au camp de base, ne
peuvent s'arrêter de grimper, tant l'environnement est idéal
pour ce type de pratique. Déjà, avant de quitter
les lieux, Hubert et Georges ont "fait", mardi, un dernier
sommet, le Kintanna, un des sommets les plus impressionnants du
cirque, après le Holtanna et le Ulvetanna.
A
propos de ce dernier sommet justement, le Ulvetanna, véritable chasse
gardée des grimpeurs norvégiens et non encore
grimpé par les membres de The Wall, voilà que André et
Fabrizio ont décidé de s'y attaquer également.
C'est ainsi que hier, jeudi, tout le monde a accompagné les
deux grimpeurs jusqu'au pied de ce géant, skiant dans une
neige profonde. Ce qui a enchanté Kathelijne qui, enfin,
avait le temps de sortir de ces préoccupations de communiquer
avec le monde extérieur et de se payer une petite balade
au beau milieu de ce paysage grandiose. André et Fabrizio
devaient en principe s'occuper du géant aujourd'hui...
En
ce qui concerne le retour de ceux qui son restés au camp
de base (Kathelijne Van Heukelom, André Georges, Fabrizio
Zangrili et Alain Bidart, ici sur la photo), voici les informations
telles qu'elles nous ont été transmises par Kathelijne
aujourd'hui, vendredi (ce message étant naturellement d'abord
destiné aux familles).
Le
31 janvier : fermeture (désinstallaltion) du camp de base
et départ à skis et traîneaux vers Blue One.
L'Iliouchine 76 qui doit venir les prendre est prévu pour
le 9 février, tandis que le vol Capetown - Bruxelles a été fixé,
lui, au 13 du même mois.
Malgré les marges de temps suffisantes que laisse ce programme, ils
est évident qu'étant donné les humeurs de la météo
antarctique, surtout en cette fin de saison estivale, les dates cités
ci-dessus peuvent être modifiées du jour au lendemain. Nous tenterons
toutefois de tenir le plus possible les familles informées de l'évolution
de la situation.
Dès
lundi, nous informerons nos visiteurs d'un premier bilan du projet
pédagogique qui, d'après Laurent Dubois, qui coordonne
tout depuis son école en Suisse, a connu un sacré succès.
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