Jusqu'ici,
les grandes traversées polaires arctiques ont été
entreprises depuis le cap Arktichewski en Sibérie pour joindre
l'île d'Ellesmere (voir carte), soit un trajet d'environ 1700
kilomètres en ligne droite.
Cette fois, le trajet envisagé par Alain Hubert est nettement
plus long puisque, partant des îles de la Nouvelles Sibérie,
il devrait mesurer aux environs de 2400 km en ligne droite. Jamais
un pareil défi n'a été relevé.
L'expédition
Compaq Pole II se déroulera entre les mois de février
et de juin 2002; le tandem sera déposé en hélicoptère
dans les environs des îles de la nouvelle Sibérie, au
degré 76, au début du mois de février.
Il devrait mettre - si tout se déroule bien - une centaine
de jours pour rejoindre Ward Hunt et le Canada. La progression se
déroulera selon les critères classiques de toute expédition
polaire sur la banquise arctique ; c'est-à-dire en tirant un
traîneau qui, au début, pèsera environ 180 kilos.
Les traîneaux auront toutefois une particularité ; fruit
d'une étude minutieuse réalisée par Alain Hubert
et son équipe, ils ont été conçus pour
résister aux chocs que va entraîner le chaos glaciaire
et servir également d'embarcation amphibie pour traverser les
eaux libres rencontrées en chemin et qui avec le réchauffment
climatique sont de plus en plus étendues et nombreuses.
Qu'il
s'agisse du matériel de l'expédition (skis, fixations,
sacs de couchage, tente, réchaud, etc.), des équipements
polaires (vestes, chaussures, gants, etc.) ou la nourriture : profitantd'une
expérience polaire qui s'étend sur plus de 10 ans maintenant
et fidèles à leur vision scientifique des préparatifs,
Alain Hubert et Dixie Dansercoer ont une fois de plus tout peaufiné
jusque dans les moindres détails.100
jours de nourriture seront emportés.
Nombreuses
et exceptionnelles seront les difficultés que va rencontrer
l'expédition tout au long du périple : le froid combinéau
facteur vent (wind chill), l'instabilité de la glace,
son épaisseur imprévisible et changeante presque d'heure
en heure, les énormes zones de compression, les eaux libres
qui lézardent de plus en plus l'océan arctique suite
au réchauffement climatique (voir plus haut), la peur de tomber
à l'eau (bien que Hubert ait déjà connu ces frissons
lors de son aventure au pôle Nord avec Didier Goetghebuer en
1994, voir ici ),
les jours de mauvais temps, les jours blancs (le white out), le rationnement
inévitable des vivres, le poids des traîneaux, etc...
PAREIL
DEFI N'A
JAMAIS ETE TENTE...
Durant
l'expédition, Hubert et Dansercoer procèderont à
des observations scientifiques au sujet des multiples caractéristiques
de la glace (épaisseur, types, concentration, zones de compression,
etc.). Les résultats de ces observations serviront à
valider le modèle mathématique CLIO (Couple Large Scale
Ice Ocean) qui depuis 1985 simule la dérive des glaces arctiques
et qui est utilisépar les chercheurs Thierry Fichefet, Hugues
Goosse et Benoît Tartinville de l'institut d'Astronomie et de
Géophysique G. Lemaître de Louvain-la-Neuve.