ARKTOS EXPEDITION / MIKE HORN
Après son échec sur la banquise Arctique, Mike Horn continue
son périple en solitaire
autour du cercle polaire Arctique
Voir ici l'épopée sur la banquise Arctique de Mike Horn lors du printemps 2002
21 octobre 2004 - Dernières nouvelles - Félicitations Mike !
Mike est de retour au Cap Nord en Norvège (point de départ et point d'arrivée de l'expédition) où il a retrouvé sa femme Cathy et ses 2 enfants, 27 mois plus tard, fatigué mais en très bonne forme. Aux quelques 80 personnes, journalistes, sponsors et amis qui étaient là pour l'accueillir, il a déclaré : ' Après tout ce temps, c'est bon d'être de retour. J'ai parfois pensé que je n'y arriverais pas, mais je l'ai fait. Je suis fier de moi !'
Bonjour!
A l'occasion de la fin de l'expédition 'Arktos', swissinfo et la Télévision suisse romande ont créé un dossier spécial consacré à Mike Horn, dossier qui sera complété ces prochains jours depuis le Cap Nord.
http://www.swissinfo.org/sfr/swissinfo.html?siteSect=680 / www.swissinfo.org
15 octobre 2004 - Mike écrit depuis la Norvège !
'Le voyage de Murmansk jusqu'à la frontière norvégienne à vélo n'a pas été des plus facile. Les mauvaises conditions météo annoncées sur la mer ont débordé à l'intérieur des terres. Le terrain était très accidenté et le vent violent combiné avec la neige et la pluie ont rendu ma progression très lente. 5 minutes après avoir quitté Murmansk j'étais trempé. La température a baissé et la route, comme moi et mon eau potable, s'est couverte d'une couche de glace et de neige. C'était difficile d'arriver en haut des collines, et je ne parle pas des descentes. Il fallait que je pédale en permanence pour garder une certaine traction sur la route et je ne devais en aucun cas toucher les freins, autrement j'aurais fait quelques acrobaties bizarres. J'étais content - j'ai réussi à rester sur mon vélo la plupart du temps, a part une fois où j'ai eu un contact un peu rude avec le sol russe.'
'J'ai parcouru la distance de 300 km en deux jours. J'ai pédalé presque jour et nuit. Il y a très peu d'abris le long du chemin, avancer était donc le seul moyen de garder un peu de chaleur.'
En approchant de la frontière russe, je me préparais à une longue attente. A ma grande surprise, ils m'ont laissé pédaler les 20 km du no-mans land entre les deux points de contrôle russe sans me poser une seule question. En présentant mon passeport, on m'a traité en héro. Les gens étaient déjà en train de parler du premier homme à avoir fait le tour de l'Arctique à ski, en kayak, à la voile et à vélo. Les garde-frontière attendaient mon arrivée, par conséquent les formalités ont été remplies très rapidement sans problèmes.'
'Mon entrée en Norvège ne s'est pas faite facilement, mais je comprends pourquoi. Qui voudrait d'un homme sale, puant, barbu avec des longs cheveux sur un vélo dans son pays ? Ce qui explique peut-être aussi pourquoi les Russes voulaient se débarrasser de moi aussi rapidement ! J'ai dû donner deux noms de gens que je connaissais en Norvège pouvant se porter garant de moi durant mon séjour en Norvège. Merci à Stig-Tore Johansen et Borge Ousland pour leur aide. Stig-Store est venu à ma rencontre du côté norvégien et j'aimerais le remercier, lui, sa femme et ses enfants, d'avoir ouvert leur maison à l'expédition et aidé autant qu'ils le pouvaient. Stig m'a guidé jusque chez lui à Kirkenes où il m'a invité à prendre une douche bien méritée et à dormir.'
'En pédalant vers la frontière norvégienne, que j'avais quittée il y a 2 ans et 20000 km, je ne pouvais pas m'empêcher de hocher la tête en signe de satisfaction. Dans ma tête je me disais que j'avais fait un bon boulot. Je suis heureux de ce que j'ai vu et vécu. Aucun bruit autour de moi - le silence en dit tellement long. Je suis un homme humble et heureux qui retourne en Norvège. J'ai continué de pédaler en baissant la tête et j'ai remercié Dieu de m'avoir garder sain et sauf dans l'Arctique.'
' J'ai un but maintenant, c'est d'atteindre le Cap Nord et de fermer la porte de cette expédition. Une porte qui a parfois été très lourde à déplacer. Plus une expédition est dure, plus il est difficile de s'arrêter. C'est la vie, mais je suis maintenant prêt à tourner la page. Salutations Mike
13 octobre 2004 - Mike est en Norvège !
A 13h00 GMT le 12 octobre, Mike a franchi la frontière entre la Russie et la Norvège sur son vélo Trek. ''J'ai de la peine à croire que je suis maintenant en Norvège. C'est un beau sentiment ! Mon dernier mois en Russie semble avoir été une succession de problèmes. Maintenant, je suis dans la dernière ligne droite. Dans une semaine j'atteindrai le Cap Nord et l'expédition Arktos touchera à sa fin.'
' Je suis très impatient de revoir mes amis et ma famille. Ça fait longtemps que je n'ai pas vu ma femme et mes filles. Il paraîtrait que quelques personnes viendront m'attendre au Cap Nord. Ce sera super !!!'
Le voilier Corsair de Mike arrivera en Norvège aujourd'hui, et une décision importante devra être prise. Si le temps le permet, il terminera son expédition avec son voilier pour franchir les falaises du Cap Nord. Si les conditions météo sont mauvaises, il arrivera au Cap Nord à vélo.
Le 21 octobre 2004, environ 80 personnes, la famille, les amis, les sponsors, les journalistes retrouveront Mike sur le plateau du Cap Nord et une fois de plus Mike entrera dans l'histoire du monde de l'exploration. Il sera le premier homme à avoir effectué le tour complet du cercle arctique en solo, sans interruption et sans moyens motorisés. Espérons que c'est plus facile de quitter le pays que d'y entrer!! Salutations Philippe
1 er octobre 2004 - Mike s'arrête à Drozdovka 68°20.359 N 38°25.144 E
A 13 heures GMT Mike a amarré son bateau dans une petite baie abritée à Drozdovka.
' J'ai réussi à traverser la Mer de Barents ! Je suis content de toucher terre. C'est chaque fois la même chose : Je mets le pied sur mon Trimaran Corsair et la tempête éclate ! On m'avait averti concernant les conditions de navigation de la mer de Barents, et bien maintenant je comprends pourquoi. J'ai navigué par vent de nord-ouest, soufflant en permanence à 25-30 nouds, avec des rafales allant jusqu'à 45 nouds. Des vents particulièrement violents ont soufflé aux alentours de la pointe de Kanin Nos et ensuite j'ai dû batailler contre une houle du sud qui pénétrait dans un bras de mer de la Mer Blanche, avec des vagues allant jusqu'à 4 mètres et demi. Mes flotteurs étaient toujours submergés et sont maintenant pleins à ras-bord, un des étai du mât a lâché sous la pression et les trois pilotes automatiques sont pleins d'eau et ont cessé de fonctionner.' 'Mon Trimaran Corsair est une merveille ! Il m'a emmené tout autour du monde lors de ma dernière expédition, Latitude Zero, et peut encore supporter des conditions si extrêmes¨'
'Je suis actuellement dans une baie protégée et peux enfin dormir et manger un peu. Demain, je vais vider les flotteurs, réparer l'étai et les pilotes automatiques avant de lever l'ancre à nouveau. Bernard Stamm m'aide en ce qui concerne la météo et il dit que le vent devrait se calmer ce soir et que je devrais pouvoir repartir pour Murmansk avant le retour du mauvais temps.'
' Les garde-frontières m'attendent à l'arrivée à Murmansk. Ils ont précisé que je devais naviguer en deçà d'une zone 12 miles de la côte, ils observent tous mes déplacements. Cathy leur envoie ma position quotidiennement. J'espère qu'ils vont accepter cette escale inattendue à Drozdovka. Ils prétendent qu'il me faudra quelques jours pour obtenir la permission de quitter le pays. Apparemment il y une longue procédure à Murmansk, un tas de paperasse à remplir .surprise, surprise !'
'Plus que 600 km pour atteindre le Cap Nord. Ce ne sera plus très long avant de dire au revoir à la Russie et de retrouver les eaux norvégiennes, là où j'étais il y a 2 ans.' 'C'est triste et excitant à la fois. Je me réjouis de rentrer à la maison !' Mike
27 septembre 2004 - Le bateau est réparé et Mike est prêt à partir.
Dans l'après-midi du 25 septembre, Jean-Philippe et un constructeur de bateau Russe ont rejoint Mike dans le village de Topseda, sur la côte nord de la Russie. Les outils, la résine, la fibre de verre ont été transportés, une fois de plus, par avion puis par hélicoptère. Les réparations pouvaient donc démarrer sur la coque principale du trimaran Corsair. Ils ont rapidement reconstruit le mètre et demi de coque détruit durant la dernière tempête.
Mike a téléphoné ce matin, pour dire que le bateau était maintenant déjà réparé. Tous les trois ont beaucoup travaillé et il est très satisfait du travail. ' Je suis prêt à prendre la mer', dit Mike. 'Nous allons préparer le bateau pour le départ aujourd'hui et ce soir les gars vont m'aider à le remettre à l'eau. Demain ils vont s'en aller et je pourrai partir aussi, si la météo est bonne.'
Bernard Stamm est actuellement en train d'étudier les conditions météo prévues pour ces prochains jours, la situation semble positive. Une bonne nuit de sommeil et demain matin, Mike pourra mettre les voiles. Mike est impatient de partir. ' Ce bateau m'a emmené à travers les océans Pacifique, Indien et Atlantique, il va donc aussi m'emmener à travers la Mer de Barents. Nous avons voyagé si loin ensemble ! Il ne peut pas me laisser tomber maintenant.'
'C'est un peu triste que je vais quitter mon ami le pêcheur. Nous avons passé beaucoup de temps ensemble ces deux dernières semaines. Il m'a aidé autant qu'il le pouvait sur le bateau, mais il était un peu limité à cause de son âge. Ce sera certainement beaucoup plus calme pour lui, une fois que je serai parti. Il n'y a jamais eu autant d'action à Topseda.' ' J'essaierai d'appeler depuis le bateau.' A bientôt ! Mike
18 septembre 2004 - Une semaine stressante !
Beaucoup de choses se sont passées cette semaine.
Le 11 septembre dernier, l'équipe a dit au revoir à Mike et une fois de plus il était seul. Le trimaran Corsair, le même qui fut utilisé durant la dernière expédition 'Latitude Zero', était là et tout ce qu'il restait à faire maintenant était d'attendre les bonnes conditions météo avant de lever l'ancre, pour traverser la mer de Barents en direction du Cap Nord.
Ce ne fut toutefois pas aussi simple que ça !
La tempête a commencé à se lever. Mike raconte :' Je me suis battu durant 4 jours non-stop pour essayer de sauver mon bateau. Il était amarré dans la baie, mais les vents étaient si violents que le bateau était chahuté dans tous les sens. Les trois ancres n'arrivaient pas à tenir le bateau en place. Les vents étaient simplement trop violents - je pense jusqu'à 80 km/h !!! Et moi, tout seul, je me suis battu autant que je le pouvais pour contrôler le bateau, mais ce fut impossible. Je n'ai pas dormi depuis 4 jours !'
Il y a 4 jours Mike a appelé pour dire qu'il pensait que le bateau avait été endommagé, probablement heurté par un tronc d'arbre. Mike a été contraint de sortir le bateau de l'eau pour faire un constat précis des dégâts. Les nouvelles n'étaient pas bonnes ! Mike a découvert dans la coque principale une fissure d'environ 40 cm, le bateau n'est donc plus navigable. Il faut réparer avant de repartir.
A Topseda, il n'y a rien. Quelques baraques en ruine et seulement un habitant, un vieux pêcheur très aimable qui aide Mike autant qu'il le peut. Mike lui est très reconnaissant.
La stratégie suivante est d'envoyer un kit de réparation à Mike. Le kit est prêt en Suisse. Mike attend qu'un hélicoptère lui apporte le kit, afin qu'il puisse commencer les réparations du bateau. L'hélicoptère est prévu pour demain. Nous restons optimistes et espérons que Mike pourra réparer le bateau et qu'il puisse partir le plus vite possible, mais chaque jour qui passe rend l'arrivée au Cap Nord prévue pour fin septembre un peu plus improbable.
9 septembre 2004 - Mike retrouve son équipe à Topseda !
Il aura fallu trois jours de navigation, en couvrant une distance de 860 km, pour que Bernard Stamm, Jean-Philippe Patthey et le frère de Mike, Martin, puissent amener le Corsair trimaran dans le village abandonné de Topseda, situé sur le Cheshkaya Guba, sur la côte nord de la Russie.
Jean-Philippe raconte : 'Ce fut une traversée passionnante. Un vent dominant du nord-ouest et la houle de la Mer Blanche nous ont poussés dans la bonne direction. On était content d'avoir quelqu'un d'aussi expérimenté que Bernard à bord. La Mer de Barents est agitée mais il a réussi à garder le contrôle du bateau en tout temps. C'est un plaisir d'être à nouveau sur la terre ferme. Sebastian (photographe) et Raphael (cameraman) sont venus en avion de Nar'Yan Mar hier, et maintenant nous sommes tous ensemble à attendre l'arrivée de Mike à l'abri dans une cabane. Nous avons eu un contact téléphonique avec lui ce matin et nous savons qu'il n'est pas loin. Il pourrait arriver d'une minute à l'autre.'
Martin fut le premier à voir Mike. Il l'a aperçu à 10km en train de ramer contre le vent.
'Ce fut un des moments les plus forts de toute l'expédition', dit Mike. 'Rencontrer mon frère que je n'avais pas vu depuis une année et de revoir Bernard après trois ans. c'est simplement incroyable ! Tu es là, tout seul, à pagayer à travers une contrée stérile et déserte et tout à coup, tu vois tes amis au milieu de nulle part. Je n'ai pas les mots pour le décrire, mais des moments pareils resteront à jamais gravés dans ma mémoire !'
Ils ont peu de temps à passer ensemble, parce que l'équipe doit retourner en Europe. Ils passeront deux jours ensemble pour ramener des photos et des images de Mike.
'Cette dernière semaine a été pénible' dit Mike. 'Ma décision de traverser par les terres et d'éviter la côte, battue par les vents, n'a peut-être pas été la meilleure. J'ai finalement dû tirer mon kayak à travers la toundra et je n'ai pu faire que un demi-kilomètre par heure. J'ai fait cela durant les trois derniers jours en marchant 14 heures par jour. C'était très dur, mais ça en a valu la peine - j'ai réussi à atteindre la côte.'
Maintenant, Mike est de nouveau bien équipé, enfin des habits propres et un bateau plein de nourriture fraîche et de chocolat.
Une fois qu'il aura dit au revoir à son équipe, Mike va partir à la voile en solo, à travers la mer de Barents et retourner en Norvège. 'Je devrai attendre les bonnes conditions météo. La Mer de Barents est dangereuse, donc il faudra que je parte quand les vents me seront favorables.' 'J'ai passé ma dernière nuit sous tente la nuit dernière. Etrange sentiment. Ma tente a été ma maison durant deux ans.
'Salutations à tous.' Mike
2 septembre 2004 - 68°27.242N 55°07.047 E
‘On y arrive gentiment. Un jour de progression, deux jours d’arrêt. Le vent semble ne jamais vouloir se calmer. Il souffle en permanence du nord-ouest, en plein dans mon visage. Quand le vent tombe, finalement, je sors immédiatement de ma tente et j’avance aussi vite que possible. Hier, j’ai réussi à faire 45 km contre le vent, j’étais content de ma progression. Une fois encore on annonce des vents violents pour demain, donc je ne suis pas certain de pouvoir avancer. Patience, patience !’‘Les marées aussi sont très grandes le long de la côte, les vagues se cassent au loin. C’est impossible de naviguer derrière ces cassures, parce que je suis constamment ramené vers la côte. Quand j’ai franchi ces vagues hier, je m’attendais à trouver un léger vent et le ciel bleu. J’ai dû rire d’avoir osé imaginer ça. Une fois de plus, tout ce que j'avais devant moi, c’était un brouillard épais, de la pluie, du vent, du vent et encore du vent ! J’ai un nouveau dicton : quand tu crois que ça ne peut plus devenir pire et bien ça empire encore !’
‘Les affaires se présentent bien pour un ravitaillement à Indiga. C’est un petit village situé sur la côte est de Cheshkaya Guba. Mon bon copain, Bernard Stamm est d’accord de convoyer mon bateau depuis la Norvège jusqu’ici. Nous aurons l’occasion de nous retrouver un petit moment avec l’équipe logistique et ensuite je continuerai vers la Norvège et eux, rentreront en avion en Europe. Je naviguerai vers la Norvège en traversant la Mer Blanche et j'aurai ainsi bouclé la boucle du cercle arctique en arrivant à l’endroit d’où je suis parti, il y a plus de deux ans.’
‘Ce sera sympa de retrouver Bernard et l’équipe de logistique. Quoi de plus… je vais enfin recevoir l’équipement et les vêtements plus chauds que j'aurais dû avoir il y a trois mois. J’ai résolu mon problème de batterie grâce à un gars d’ici qui m’a donné une batterie de voiture. J’ai installé un système pour mon téléphone satellite et je traîne ça avec moi. Mais au moins je n’ai plus le souci de perdre le contact avec mon équipe. Il n’y a eu aucune autre possibilité de me ravitailler le long de la côte. Il n’y a personne ici, pas d’habitations, rien. Occasionnellement je rencontre un pêcheur ou des ouvriers qui font des forages pétroliers, mais la région n’a que très peu d’habitants. Je ne mange que la moitié des rations que je mangeais durant l’hiver et je n’en ai plus que 5. J’en ai donc pour 10 jours, ce qui devrait être suffisant jusqu’à l’arrivée de mon équipe. A part cela la nourriture est abondante dans la toundra. Quand je ne peux pas avancer à cause du vent, je vais me promener et je ramasse des baies et des champignons. Un régime purement végétarien, mais c’est agréable de manger de la nourriture fraîche !!’
‘Je vais sortir maintenant pour voir si je peux avancer sur la terre aujourd’hui. Comme il y a eu beaucoup de pluie ces temps, je pourrais peut être trouver un cours d’eau pour tirer mon kayak. Je vais tout faire pour rester dehors et avancer !’
Salutations ! Mike
24 août 2004 - De retour en Europe !
‘C’est dur à réaliser, mais je suis de retour en Europe. J’ai franchi la frontière hier au moment où j’ai passé le point de Khrebet Pay-Khoy, pour arriver à la mer de Barents. On aurait dit que la nature essayait de m’empêcher d’y parvenir, parce que j’ai dû me battre contre un vent de face permanent, durant toute la semaine dernière.’
‘Après avoir quitté la côte, les choses ont changé et il m’a semblé que la nature voulait me récompenser pour tous les efforts que j’ai fournis. En effectuant mon portage pour franchir la terre, j’ai trouvé un lac et j’ai commencé à pagayer. J’ai ensuite vu un ours polaire qui m’attendait sur le rivage, debout sur ses pattes arrière, il me flairait. Il m’a quand même un peu effrayé, je dois avouer que j’ai commencé à pagayer plus vite !! C’était assez spectaculaire. Heureusement pour moi, il a décidé de me laisser.’
‘Hier ensuite, j’ai croisé une colonie de morses, environ 60, qui se prélassaient sur la plage. Soudain, ils ont commencé à entrer dans l’eau et à m’entourer en nageant tout près du kayak. Ils sortaient la tête de l’eau pour me montrer leurs défenses impressionnantes. Ils peuvent être agressifs dans l’eau et j’avais peur qu’ils retournent mon kayak. Une fois encore j’ai pagayé pour me mettre à l’abri, afin observer ce que la nature avait décidé de m’offrir en spectacle.’ ‘Comme la fin de l’expédition approche, de tels moments semblent prendre de plus en plus d’importances. C’est si rare que quelqu’un puisse être témoin de scènes aussi magnifiques. Je commence à regretter que mon exploration de l’Arctique touche à sa fin. Parfois j'aimerais que ça n’arrête jamais… puis d’autres éléments me ramènent à la maison : ma famille, mes amis et mes filles qui me manquent tant.’
‘Nous sommes tellement privilégiés de vivre dans un monde qui nous offre tant.’ Mike
17 août 2004 - Mike écrit depuis Amderma
‘Je suis dans une station météo en train d’observer la carte météo pour espérer trouver une petite fenêtre ou une période de calme, qui me permette d’arriver à la mer de Barents. Être sur l’océan à cette période de l’année n’est pas le meilleur endroit où l’on puisse être, parce que la côte arctique est constamment battue par des vents du nord-ouest très violents, qui soufflent en rafale.’ ‘Je suis si proche de mon but, et pourtant encore si loin ! A ce stade tout dépend du temps. Il fait très froid, il y a du brouillard, il pleut sans cesse et d’énormes vagues s’écrasent sur la côte, rendant ma progression difficile.’
‘J’ai travaillé dur pour en arriver là. Mon corps me fait mal. Mentalement aussi, je suis fatigué, mais je dois rester en permanence concentré sur mon but et prendre les bonnes décisions. Une erreur pourrait me coûter beaucoup de temps, même peut-être la vie. Durant ces deux dernières années, j’ai dû me battre avec les pires conditions météo qu'on puisse trouver sur cette planète. C’est ma vie. Toute l’énergie est venue de moi. Au moins, cette énergie a été dépensée de manière positive, et qui plus est, elle m’en a amené encore plus.’ ‘Une fois de plus j’ai dû modifier mes plans. Demain je vais pagayer jusqu’à un lac, faire une petit portage pour contourner une chute et des rapides et rejoindre une rivière qui me conduira à la mer de Barents. C’est un petit détour, mais tout pendant que je bouge, mon esprit est occupé et je suis heureux. Je vois des nouvelles choses. Je vais dans des endroits que je n’ai jamais vus auparavant et mon esprit sait que je me rapproche toujours un peu plus du Cap Nord.’
‘Quand j’arriverai à la mer de Barents, je serai une fois de plus à la merci de l’océan. Je devrai être patient. Je me dirigerai vers Nar’Yan Mar et ce sera le dernier arrêt avant le Cap Nord. Je commence à manquer de nourriture, de fuel pour le réchaud et les températures ont chuté. Mon matériel n’est plus adapté à cette période de l’année. Organiser un ravitaillement en Russie a toujours été un cauchemar, mais j’ai appris à ne pas trop espérer, pour ne pas être déçu. Le mauvais temps permanent m’a aussi appris à être respectueux de la nature. Celle-ci m’a appris à être patient et j’ai amélioré mes connaissances et ma technique en kayak de mer. Ceci prouve qu’il y a toujours quelque chose de positif à tirer du négatif. Tout dépend de quel point de vue on se place !!’ Salut, Mike Horn
10 août 2004 - J’ai cru que ça ne finirait jamais ! (68°29.057 N 67°49.300 E)
‘J’ai traversé la Baydaratskaya Guba ce matin … et, oh là là … comme je suis content d’être de l’autre côté !! 11 heures à pagayer contre le vent violent et dans d’énormes vagues. J’ai cru que je n’y arriverais jamais !! Je savais que les conditions étaient mauvaises, mais je n’ai pas pu descendre le long de la côte parce que les vagues m’écrasaient et me repoussaient contre les falaises. Une fois le point de non-retour franchi, je ne pouvais qu’espérer que les conditions s’améliorent et que le vent me pousse de l’autre côté … et bien, ça ne s’est pas passé comme ça ... une fois le point de non-retour franchi, j’ai été obligé de continuer et d’emmener mon kayak à travers de grosses vagues et un vent qui soufflait parfois à 36 km/h. Plusieurs fois les flotteurs du kayak furent complètement engloutis sous l’eau, j’étais sûr que j’allais chavirer. Je n’ai vu la côte que lorsque j’en étais éloigné de 3 km. A ce moment j’ai retrouvé de l’énergie pour forcer le passage à travers ces vagues et enfin arriver au bord. J’ai embrassé le sol en arrivant. Quel voyage : 53,5 km en 11 heures !!!’
‘Je suis complètement fracassé mais heureux d'être encore sur cette planète et pouvoir téléphoner à la maison pour dire à ma femme et mes enfants que je rentre bientôt. 1600km (à vol d’oiseau) jusqu’au Cap Nord. Pas si long que ça !!’ ‘Ça devrait être de la navigation tranquille à partir ici… tout au moins si le temps s’améliore. De gros nuages noirs menacent à l’horizon et des vents violents sont annoncés pour ces prochains jours. J’espère que, par la suite, les conditions vont s’améliorer et que le vent tournera en ma faveur (pour une fois). Il n’y a plus de moustiques grâce au vent (ce qui est un bonheur déguisé) et la température est redescendue aux alentours de 0°C.’ ‘J’ai besoin d’un réapprovisionnement. J’ai froid, froid, froid parce que j’utilise encore mon équipement et mes habits d’été. Mon équipe devrait venir à Amderma à quelque 280 km d’ici.’
‘C’est tout pour le moment. Je me réjouis d’aller dormir. A bientôt.’ Salut à tous !!! Mike
1 er août 2004 - De l’autre côte de l’Obskafa Guba
‘J’ai réussi à traverser l’Obskafa Guba !’ explique Mike satisfait. ‘Ce fut une traversée difficile. J’avais soigneusement étudié les conditions météo et les vents avec mon équipe logistique en Suisse. Ils m’ont dit que les conditions seraient relativement calmes durant les prochains jours. Je suis donc parti tôt le matin et j’ai pagayé, en 5 heures j’avais parcouru les 38 km. C’était relativement difficile, parce que le vent s’est levé après avoir parcouru 15 km et les courants me repoussaient presque en arrière. J’étais heureux d’arriver de l’autre côté mais les gardes-frontières aussi, qui s’étaient placés le long de la rive pour m’accueillir. Une fois encore, j’ai rencontré les mêmes problèmes. J’avais navigué en droite ligne dans un village interdit. Je n’avais pas d’autorisation spéciale et ils m’ont immédiatement arrêté. Polar Consulting a de nouveau fait les téléphones nécessaires auprès des autorités, et 8 heures plus tard, le message est parvenu que je n’étais pas un mauvais gars et que je pouvais de continuer.’
‘Continuer n’a pas été aussi facile que prévu. J’ai observé la rivière que je voulais traverser et j’ai constaté qu’il n’y avait pas assez d’eau. Je me suis approché d’un pilote d’hélicoptère dans la région et lui ai demandé, si il pouvait transporter mon kayak à l’embouchure de la rivière Yuribei où elle rejoint l’Océan Arctique. Il a été d’accord de le faire le lundi 2 août, donc j’attends jusqu’à lundi pour envoyer mon kayak. Une fois qu’il sera parti, je commencerai à marcher en n’étant pas encombré pour traverser le Poluostrov Yamal, 170 km en droite ligne.’
‘Je ne pense pas qu’il y aura d’autres ‘hold-up’ à cause des autorisations. Je peux maintenant avancer vers l’Océan Arctique et retrouver mon kayak pour suivre la côte, jusqu’à la mer de Barents.’
‘Je vous donnerai des nouvelles pour la suite. Profitez bien des fêtes du 1 er août !’ Mike
26 juillet 2004 - Bloqué par de gardes-frontières !
‘C’est arrivé vendredi, J’avançais si bien ! J’ai tout à coup trouvé une route qui menait vers la ville de Yamburg (situé à 67°55N 74°50 E) et c’est là que les gardes-frontières m’ont arrêté. Ils m’ont interrogé et m’ont demandé mes papiers. A partir de là, il a semblé évident qu’il me manquait une autorisation spéciale pour me permettre de traverser cette région. Incroyable ! Je n’avais même pas l’intention d’aller à Yamburg. Tout ce que je voulais faire, c’était de rejoindre une rivière située 30 km plus loin. Cette rivière devait me conduire directement sur la côte où je pourrais utiliser mon kayak pour essayer de traverser ce bras de mer (Obskafa Guba) au point le plus étroit.. Pour corser le tout, on m’a arrêté un vendredi soir, donc il n’y avait aucun moyen de faire quoi que ce soit jusqu’au lundi matin. Je suis resté là tout le week-end, en essayant d’élaborer un plan d’évasion, au cas où les revendications faites par Polar Consulting en France ne seraient pas entendues… mais elle le furent… et ce soir à 5 heures on m’a donné l’autorisation de repartir. J’ai eu de la chance !’
‘De l’autre côté de l’Obskafa Guba, j’arriverai dans la petite ville de Mys Kamenna (68°33.439N 73°30.326 E). Cette ville aussi est une ville pétrolière et fermée aux étrangers. Il est probable que je rencontre également des problèmes administratifs, mais mon équipe est prête et je suis optimiste.’
Le prochain obstacle sera de traverser une grand bande de terre pour arriver dans la ville de Ust Yuribey sur la côte nord de la Bajdarakaja Guba. Il y a une rivière qui coule tout le long, mais je dois toujours faire face au même problème : A cause des méandres de la rivière, je dois pagayer 50 km pour avancer de 5 km dans la bonne direction. C’est très frustrant. Les rivières sont très basses et je frotte le fond sablonneux la plupart du temps. Je dois avancer rapidement avant qu’il n’y ait plus d’eau.’
Je serai soulagé en arrivant à la Bajdarakaj Guba parce que depuis là, il n’y aura plus de gros obstacles sur mon chemin. A partir de là, ce sera assez simple de naviguer vers le Cap Nord. Je pourrai me concentrer sur mon retour à la maison pour reprendre une vie normale avec ma famille … loin des moustiques !!’
Salutations à tous, Mike
19 juillet 2004 - Mike appelle depuis la position 67°26.864 N 77°24.489 E
‘C’est un bon sentiment de pouvoir avancer à nouveau, mais ça n’a pas été sans certains problèmes. Mon kayak Prijon fonctionnait bien, comme d’habitude, mais le système de voile qui a été envoyé depuis les Etats-Unis s’est cassé après une semaine. Je me suis trouvé complètement désemparé et n’ai pas pu profiter des forts vents qui soufflaient à ce moment. J’ai toutefois eu un coup de chance. Aujourd’hui, je suis arrivé dans un petit village pétrolier (pipeline) et deux hommes m’ont rapidement fabriqué une pièce de rechange pour remplacer la pièce cassée sur mon kayak. Je peux de nouveau utiliser ma voile. Ces deux aimables gars m’ont trouvé un peu bizarre, mais ils ont été très contents de pouvoir m’aider. Maintenant je suis en route et je suis un homme heureux !’ ‘Il y a eu quelques jours très frustrants la semaine dernière. Je navaigait durant 12 à 14 heures par jour pour avancer d’environ 11 km en pagayant contre le courant. J’ai vite remarqué que pour 10 km de progression, je n’avançais que de 1 km en direction de l’ouest. Ceci à cause des contours de la rivière. C’est très démoralisant d’avancer à cette allure surtout après avoir fait de gros efforts !’
‘J’apprécie d’être sur mon kayak. Ça change et je profite des magnifiques paysages. C’est dommage que les moustiques gâchent tout. Il y a des essaims noirs tout autour de moi !! J’ai de la peine à les supporter !’
‘Aujourd’hui j’ai traversé la Tazovskaja Guba, une belle expérience en kayak. Elle fait presque 40 km de large à l’endroit où j’ai traversé et il y avait des vents violents et de grosses vagues. J’étais content d’atteindre l’autre rive. J’ai l’intention de suivre la Khadudte River qui m’amènera au nord où on m’a dit que je pourrais trouver une route. Je pourrais la suivre, si elle existe réellement. Les routes sont très rares dans cette partie du monde et je ne sais toujours pas quel chemin je vais prendre pour rejoindre l’Océan Arctique. Je continue mes recherches.’
‘J’espère que tout va bien pour vous. Et profitez d’un été chaud…sans moustiques !!!’
‘Salut à tous !’ Mike
12 juillet 2004 - Mike quitte Jusni Seloni, 68°57.850 N 80°39.981 E
‘Mon Kayak Prijon est arrivé et je peux finalement repartir !’ dit Mike. ‘Je n’y croyais plus lorsqu’on m’a dit que le kayak était là. Je commençais à penser qu’il n’arriverait jamais et que je devrais me préparer à repartir à pied, mais voilà, il ne faut jamais perdre espoir. J’ai passé une journée à réparer une pagaie cassée, à vérifier le système de gréement et à faire mes bagages. Maintenant tout est en ordre et je peux quitter Jusni Seloni.’
‘La première journée fut un peu difficile, mais même ainsi, j’ai pu parcourir environ 40 km. La rivière que je suis est très large, mais malheureusement, aussi très peu profonde. Je touche le fond sablonneux la plupart du temps, ce qui fait que je n’avance pas aussi vite que je le voudrais.’ ‘Les moustiques sont horribles ici !! Ils flottent dans l’air comme des nuages, c’est impossible de respirer sans les avaler. Je suis obligé de porter une sorte de filet qui recouvre mon visage et me protège un tant soit peu. Le seul moment oû je peux enlever mon filet, c’est la nuit quand je suis dans ma tente, après avoir tué le moindre petit insecte en vue. Les rennes ne les aiment pas non plus. Ils les trouvent insupportables dans la toundra, alors ils cherchent une protection en se mettant complètement dans l’eau. Parfois je les fais sursauter en pagayant juste à côté d’eux et dans leur panique ils jaillissent hors de la rivière, juste en face de moi.’
‘ Je suis actuellement dans la région du Yamal, c’est le territoire des Indiens locaux, connus sous le nom de Yamal-Nenets. Ce sont des éleveurs de rennes arctiques, qui vivent dans des tipis et voyagent sur de longues distances à travers la péninsule, allant des pâturages les plus au nord de la toundra en été, pour redescendre se protéger dans la taïga sub-arctique en hiver. Ce sont des rencontres incroyables. Tu croirais être revenu 15 chapitres en arrière dans un livre d’histoire !’ ‘J’espère que tout se passera sans problèmes depuis maintenant. Je devrai bientôt prendre une décision importante, à savoir : continuer à l’intérieur des terres en direction de Vorkuta ou remonter au nord sur la rivière Op, pour retrouver l’Océan Arctique. J’espère que les Indiens locaux pourront m’aider à prendre la bonne décision.’
‘Je vous écrirai bientôt pour vous dire ce que je vais faire.’ Tout de bon ! Mike
5 juillet 2004 - Proche de Jusni Seloni
‘Je n’avance pas très vite, mais il n’y a aucune raison de me dépêcher à ce stade. Pour l’instant toutes les rivières et les cours d’eau sont en crue à cause de la fonte des neiges et je suis dans l’eau jusqu’à la taille, si je ne suis pas perché, dans une situation précaire, sur un pipeline. J’attends avec impatience que mon kayak Prijon arrive.’ La société Polar Consulting en France semble avoir tiré quelques ficelles pour que le kayak de Mike arrive. Aux dernières nouvelles le kayak est déjà à Noril’sk et Mike devrait le récupérer très prochainement. Demain, Mike arrivera dans un village appelé Josni Seloni et de là, il espère continuer en kayak, le long des cours d’eau et des rivières, en poursuivant sa trajectoire vers l’ouest.
‘Ça devient clair maintenant, je devrai avancer rapidement une fois que j’aurai mon kayak, parce que le niveau de l’eau baisse à grande vitesse. Bientôt, les cours d’eau ne seront plus en crue et il sera impossible de traverser en kayak. Si je ne peux pas traverser par la terre, je devrai faire un grand détour vers le nord, pour remonter vers l’Océan Arctique.’
‘J’ai vécu des changements climatiques incroyables cette dernière semaine, en ayant durant quelques jours une température de 26°C. Je n’étais pas habituer à ça !! Les moustiques s’en donnaient à cœur joie et me dévoraient vivant. Maintenant la température est redescendue à 5 degrés, ce qui est normal pour cette période de l’année dans l’Arctique. Heureusement pour moi les moustiques me laissent quelques jours de répit.’ ‘ Je crois que, cette semaine, j’ai vu les décors les plus étonnants que je n’aie jamais vu. J’ai vu les premières fleurs sortir, des canards, des oies, des cygnes, des nids, des œufs – tant de couleurs de mouvements de sons après de longs mois à parcourir l’environnement triste et austère de l’Arctique. C’est un grand privilège d'être ici et de vivre cela !
‘Je vous tiens au courant de l’arrivée de mon Kayak. Croisez les doigts pour moi.’
Salutations, Mike
25 juin 2004 – Lente progression !
‘Ce fut une semaine intéressante ! Vous ne pouvez pas imaginer la différence entre maintenant et il y a une semaine !!’‘ Il n’y a absolument plus aucune trace de neige. Je l’ai constaté en étant à une journée de Dudinka, lorsque j’ai été contraint d’abandonner mal luge et mes skis. Donc maintenant, je suis à pied, avec un sac à dos et tout se déroule assez bien… mais c’est différent !’
‘Avec la fonte des neiges le pays s’est transformé en un vaste marais et il y a de l’eau partout, parfois jusqu’à la taille. J’ai trouvé une façon plutôt intéressante de contourner ce problème, en suivant les pipelines qui vont vers l’ouest… non pas sous-terre, mais dessus !! C’est amusant et imaginez, c’est comme marcher sur la corde raide dans un cirque, car les pipes sont assez étroits. Je dois faire très attention tout le temps. Les pipes peuvent aussi atteindre une hauteur de 10 à 15 mètres au-dessus de la terre. Je comparerais cela à marcher par-dessus le Golden Gate Bridge. Je ne dois faire aucune erreur, si je glisse, je peux tomber et ce serait la fin de l’expédition. Même ainsi, c’est un bon moyen d’avancer et je reste au sec.On m’a dit que les pipes continuent vers l’ouest sur environ 200 km.’
‘La température a considérablement augmenté. Hier, il faisait environ 20 degrés et je dois me battre contre les moustiques pour la première fois de l’expédition. Je vous assure qu’ils sont gros et je regrette (beaucoup) d’avoir redonner l’anti-moustique à mon équipe de logistique durant leur dernière visite.’
‘Hier, je suis arrivé près d’une rivière et le pipe plongeait sous l’eau. Je me suis demandé comment je pourrais traverser. Heureusement pour moi, j’ai vu des gens qui campaient sur le rivage juste un peu plus haut. Ils m’ont prêté un radeau de fortune pour traverser la rivière et il m’a fallu presque toute la matinée pour fabriquer une sorte de rame. J’ai finalement réussi à traverser, mais je n’ai pas beaucoup avancé à cause de tout ça. Ces gens m’ont dit, qu’ils ont vu un grizzly il y a deux jours et qu’il y en avait beaucoup dans la région. Ils se réveillent de leur hibernation. Je ferais bien d’être prudent !!’ ‘A ce stade je projette de me diriger à l’ouest vers un petit village qui s’appelle Messo Yakha et là, j’espère que je pourrai récupérer mon kayak Prijon. Une fois encore on a des soucis avec l’administration. Les membres de mon équipe de logistique ne peuvent pas m’apporter mon kayak eux-mêmes, parce qu’ils sont venus me rendre visite, il y a peu de temps et leur permis ne sont plus valables. Donc maintenant nous nous reposons sur les lignes aériennes pour envoyer le kayak…c’est un souci, mais il n’y a pas d’autres solutions à ce stade !!’ ‘ A part a tout va bien. Ça fait bizarre de ne plus avoir de neige, mais c’est un changement agréable. Le paysage est magnifique !‘ J’espère que vous allez tous bien. Un bisou spécial pour mes enfants qui me manquent beaucoup !!’ Mike
Dans l'Arctique aussi c'est l'été, 26°C!!! Amicalement, Philippe
7 juin 2004 - Mike a dépassé la ville de Noril’sk - 69°29.493 N - 86°36.340 E
Durant ces derniers jours, je pouvais voir à l’horizon la ville de Noril’sk, mais j’étais content de faire un détour par le nord. Je préfère éviter les grandes villes et le tourbillon des voitures et des gens. Le contraste est trop grand avec ce que j’ai vécu durant les deux dernières années de l’expédition Arktos. Ça signifie probablement que je ne suis pas encore prêt à réintégrer la civilisation ?!?! (peut-être que je devrais m’y préparer.)’ ‘Je suis content de ma progression, puisque j’ai réussi à parcourir une moyenne de 45 km par jour, dans une neige très, très lourde et un jour blanc très épais. Aujourd’hui c’est le premier jour de la semaine où la neige a cessé de tomber et le ciel est bleu. Quel plaisir pour les yeux !’
‘Avec un changement de conditions météorologiques, il y a toujours un ou deux problèmes mineurs à résoudre. Un des problèmes que j’ai maintenant, c’est que la neige colle à mes chaussures et la chaleur de mes pieds fait fondre la neige, donc mes pieds sont constamment mouillés et froids. Un autre problème avec la neige fraîche, c’est qu’elle colle aux peaux sous mes skis, et les skis ne glissent plus. Mon équipe de logistique s’est renseigné auprès de Montana Sports et ils vont m’amener des nouvelles peaux et un spray pour résoudre ce problème.’
‘Jeudi prochain, je vais retrouver mon équipe de logistique, en même temps que les sponsors et la presse de chez Panerai Watches. Je pense qu’il pourrait y à voir une sorte de fête au milieu de la toundra ! Je me réjouis déjà et je serai soulagé de recevoir un réapprovisionnement en nourriture et un nouvel équipement. Tout mon matériel a besoin d’être remplacé – tout est usé jusqu’à la corde après deux ans de dure labeur :GPS, téléphone etc… Plus que 3000 km et j’aurai bouclé la boucle et terminé mon expédition, je ne peux donc pas encore m’arrêter maintenant !!’ ‘Je pense que chez vous l’été arrive et tout doit être en fleur. J’essaie souvent de me souvenir à quoi ça ressemble, de sentir la chaleur et de voir les couleurs du printemps !!’
Avec mes salutations à tout le monde. Mike