ARKTOS EXPEDITION / MIKE HORN

Après son échec sur la banquise Arctique, Mike Horn continue
son périple en solitaire autour du cercle polaire Arctique

Voir ici l'épopée sur la banquise Arctique de Mike Horn lors du printemps 2002

Précédents communiqués

27 mai 2004 - Mike arrive à Volochanka - 7057.845 N 94°30.652 E
‘C’est magnifique ici ! C’est un changement agréable que de revoir des arbres. C’est cependant incroyable, car il y a encore beaucoup de neige dans la campagne et dès qu’on arrive dans la civilisation tout se transforme en boue !’
‘Je suis maintenant arrivé dans un petit village nommé, Volochanka. Il se trouve sur la rivière Kheta et les habitants sont pêcheurs, gardiens de troupeau ou chasseurs. C’est la période de l’année, où la plupart des habitants partent dans la nature pour chasser les oies, donc le village est très calme. Une fois encore je suis surpris de voir tous ces bâtiments et ces véhicules en ruine. Je n’arrive pas à croire, que ce village puisse survivre encore longtemps. C’est comme si tout allait s’écrouler avec la prochaine tempête.’
‘Durant cette dernière semaine un petit husky sibérien a décidé de me suivre à travers la toundra. Je n’ai aucune idée d’où il vient mais soudain, il était là un matin, recroquevillé sur lui-même devant ma tente, à 200km du prochain village. Je l’ai surnommé Arktos – pas très original je vous l’accorde, c’est tout ce que j’ai trouvé. Arktos s’est vraisemblablement, d’une manière ou d’une autre, séparé de son maître durant une partie de chasse. Il me suit maintenant depuis 6 jours. Heureusement, des gardiens de troupeau, rencontrés en route, m’ont donné du pain que j’ai pu partager avec lui. Mes rations de nourriture diminuent vite et il faudra que je me réapprovisionne à Volochanka.’

‘En arrivant au village tôt ce matin, j’ai rencontré le propriétaire du chien. Il était très surpris de revoir son chien et il était très heureux de voir qu’il avait survécu à un si long voyage. Et voilà, je suis à nouveau seul. Je dois avouer que c’était agréable d’avoir de la compagnie pour changer un peu.’
‘Aujourd’hui je vais dormir et je repartirai tard ce soir. J’ai changé mes horaires. Je marche maintenant toute la nuit et je dors durant la journée. Les températures sont plus basses la nuit, ce qui me permet d’avancer plus vite.’
‘J’essaie toujours de savoir comment je vais continuer depuis ici. Il semblerait que je puisse aller jusqu’à Dudinka avant que la glace ne fonde, et peut-être même plus loin. Mon équipe de logistique est en train de préparer le Kayak Prijon et mon vélo Trek. Je pourrais avoir besoin des deux à un moment donné. En attendant, je continue à ski aussi longtemps que possible.’
‘Il faut que je me repose, demain sera encore une grosse journée !

La fusée 'Mike Horn' est lancée!
16 mai 2004 - Mike arrive à Khatanga 71°57.457 N 102°15.491 E
‘Je me réjouis de prendre un jour de repos’ dit Mike… Pas surprenant, au vu de la distance qu’il a parcourue ces dernières semaines. Mike à couvert en moyenne 88kms par jour depuis son départ de Tiksi, le 4 mai dernier.
‘Je suis très content d’avoir pu atteindre Khatanga et traverser les trois grands fleuves avant la fonte des glaces. La température semble toujours très basse dans le terrain, mais aussi surprenant que cela paraisse, le village de Khatanga n’est plus sous la neige et la glace, mais sous la boue.’
‘Les changements sont étonnants à cette saison. Maintenant, je peux ressentir la chaleur du soleil et j’ai 24 heures de jour. Dans peu de temps, mes skis seront recouverts par l’eau !’
J’ai eu des moments intéressants en route vers Khatanga, mais contrairement à ce que les indigènes m’avaient prédit, je n’ai pas rencontré d’ours polaires. J’ai toutefois croisé leurs traces (ce qui est bien suffisant !)’
‘Quand j’utilise le kite, je peux atteindre des vitesses de 30, parfois même 40 kms à l’heure. C’est une formidable sensation. Le seul problème, à ces vitesses, c’est qu’on ne peut pas s’arrêter ou réagir rapidement. Un jour, j’avançais à toute allure par-dessus une corniche et soudain ma luge s’est envolée et est retombée sur moi à pleine vitesse, et m’a littéralement plaqué au sol. Je croyais que je ne pourrais jamais me relever. J'ai eu de la chance. Rien de cassé – juste des contusions pour me rappeler d’être un peu plus prudent à l’avenir.’
‘Le jour suivant, j’ai été stoppé sur mon chemin par des points noirs qui se déplaçaient sur le sol blanc. Ça m’a surpris, parce que je ne suis pas habitué à voir quelque chose bouger, à part moi. Les points se rapprochaient gentiment, quand j’ai réalisé que c’étaient des gardiens de rennes qui venaient vers moi. Quelle rencontre ! Ils m’ont invité dans leur cabane et m’ont expliqué leur vie, comment ils surveillent les troupeaux de rennes et comment ils se déplacent avec les troupeaux toutes les deux à trois semaines, une fois qu’ils commencent à manquer de nourriture. Le renne tire littéralement leur maison, les enfants, les femmes, la cuisine et leurs ouvrages !!!…et ensuite ils ont voulu connaître ma vie et m’ont demandé ce que je faisais. Ils ont examiné et touché tout ce que j’avais, ils ont regardé le matériel, la nourriture et finalement ils ont tout sorti de mal luge. Ils n'avaient jamais vu quelque chose de pareil auparavant ! Ils m’ont supplié de rester avec eux pour la nuit, mais je voulais vraiment reprendre ma route. Suite à cela, ils ont rempli ma luge avec du pain fais et en échange, tout ce que j'ai pu leur donner, c’est ma minable petite ration quotidienne de chocolat. C’est bien peu pour un instant si mémorable.’
‘Une autre chose très intéressante : maintenant je suis descendu sous la ligne des arbres, ce qui est étrange, parce que je n’ai probablement jamais été aussi au nord durant toute l’expédition. Ça fait plaisir de revoir des arbres, mais c’est un cauchemar pour tirer la luge. La meilleure nouvelle c’est que je vais continuer sur le fleuve Kheta, qui est encore gelé aussi longtemps que je pourrai. C’est toujours une course contre la débâcle. Prochain arrêt Volochanka, 360 km d’ici.’

10 mai 2004 - Mike arrive à Ut Olenek - 72°58.838 N 119°50.110 O
‘Waouhh ! Quelle semaine ! J’avance comme une fusée ! J’ai fait presque 250km ces trois derniers jours ! J’espérais avancer vite, car je sais que la glace va bientôt fondre et que si je n’arrive pas à Khatanga avant la débâcle, j’aurai des problèmes. J’ai utilisé mon kite et je volais littéralement à travers la toundra, par-dessus le delta de la rivière Léna. Les températures avec le vent étaient d’environ –25°C, ce qui est bien mais avec la vitesse, il faut quand même faire attention aux gelures.’
‘Hier, je suis arrivé à Ut Olenek. On dirait qu’il n’y a que 4 habitants dans ce village. Comme la plupart des villages du nord de l’Arctique en Sibérie, le village était plus grand autrefois, mais petit à petit, les gens partent pour aller vers le sud à la recherche d’une vie plus agréable.’
‘Mon prochain souci, ce sont les ours. Je suis à nouveau au mauvais endroit au mauvais moment et je croise les traces des ours polaires qui se dirigent vers le nord, pour attendre la fonte de la glace. Les indigènes m’avertissent constamment et m’ont gentiment donné des fusées éclairantes.’
‘Pas de souci, je serai prudent. Je pense qu’à la vitesse où je vais, je pourrais même les distancer !’ rigole Mike.

4 mai 2004 - Départ de Tiksi - 71°54.246 N 128°43.493 E / De retour de Sibérie, voici les dernières nouvelles.
Tiksi est un petit village connu sous le nom de ‘porte d’entrée de la République Yakoute’. Avec une population d’environ 6000 habitants, il est situé sur la côte nord de la Sibérie.
‘ J’ai passé un bon moment à Tiksi. Je me suis dépêché d’y arriver, car je savais que Cathy et mes deux filles, Annika et Jessica, m’y attendaient. Quelle bonheur de les revoir après 7 mois ! Je sais que je dis chaque fois la même chose, mais, comme elles ont grandi ! Cela m’a fait beaucoup de bien de les revoir et de savoir que, malgré ma longue absence, rien n’a changé. nous avons passé 5 jours ensemble, comme avant. Le temps a passé trop vite et ma famille est maintenant rentrée en Suisse pour y reprendre ses habitudes.’
Etonnamment pour les habitants de Tiksi, nous n’étions pas les seuls étrangers en ville. En septembre 2003, un sympathique Hollandais, Henk de Velde, est entré dans le port avec son voilier de 17 mètres, baptisé Campina. Henk a hiverné son bateau dans ce petit village et maintenant, 9 mois plus tard, il attend toujours la fonte des glaces. Une fois libéré de la glace, il continuera à naviguer autour du monde par les mers du nord, puis vers le Cap Horn et l’Antarctique avant de rentrer à la maison. Visitez son site www.henkdevelde.nl
‘Moi aussi je suis sur le chemin du retour, ou tout au moins, je peux dire que je me rapproche de la maison. Comme d’habitude, je me dirige vers l’ouest en direction de Khatanga, à environ 100km d’ici. Toujours avec un ou deux petits inconvénients ! Il y a deux jours que je suis coincé dans ma tente, quelque part sur le delta de la Lena. Je ne peux pas bouger à cause de grosses tempêtes. En plus de vents très violents, il y a de fortes chutes de neige. Je dois sortir de la tente fréquemment pour enlever la neige, sinon je serai très vite enseveli ! C’est la pleine lune et j’espère que le temps change et que je puisse repartir. Si seulement il pouvait aussi arrêter de neiger. La haute neige rend la progression très difficile’
‘Tout au début de l’expédition mon but était d’arriver à Khatanga avant que la glace ne fonde. C’est important parce que, sur la route de Khatanga, il y a trois larges rivières à traverser. Si j'attends trop longtemps, la glace va fondre et les rivières commenceront à déborder. La région entière deviendra un vaste marais impossible à franchir.’
‘Une fois arrivé à Khatanga, je devrai changer mon équipement. Mon équipe de logistique va m’amener mon Kayak Prijon, du matériel et des habits plus légers. Cela fera un grand changement de moyen de locomotion.. Mes jambes on besoin de repos. Elles ne sont plus comme avant, mais après avoir marché une fois et demi autour de la Terre, je pense que c’est normal. J’ai vu qu’ils ont mis un compte à rebours sur le site web. C’est encourageant. J’essaierai de vous donner des nouvelles régulières et de photos a partir de maintenant. Après tout ce temps c’est fantastique de voir le but se rapprocher.

18 avril 2004 Mike appelle depuis la position 71°30.577 N 134°41.791 E
‘Je m'approche de Tiksi ! Plus que 200km ! J’avance vers l’ouest et je suis à nouveau sur la mer gelée. Beaucoup de neige soufflée, aujourd’hui, rend ma progression difficile, mais j'ai quand même réussi à faire 35 km.’ ‘Mes yeux m’ont fait du souci cette semaine. J’ai enlevé mes lunettes durant une journée nuageuse et j’ai souffert de cécité des neiges. J’avais beaucoup de soucis, mais je ne pouvais pas y faire grand chose. Je ne voyais pas à un mètre devant moi ! Heureusement, quelques jours plus tard, j’ai traversé le petit village de Nizhneyansk et un médecin a pu me donner des gouttes pour les yeux. Il y a maintenant une légère amélioration, grâce à Dieu !Julbo, mon sponsor pour les lunettes, qui m’a fourni les meilleurs verres possibles, n’était évidemment pas content de moi, lorsque Cathy leur a dit ce qui s’était passé !!!’
‘Les températures remontent un peu. Je me dépêche maintenant d’arriver à Khatanga, car il y a trois grandes rivières à traverser et je dois le faire avant que les glaces ne fondent. La première d’entre elles est la Léna, qui est à environ 55 km de Tiksi.’
‘Je vais me reposer quelques jours à Tiksi. Cathy et (j’espère) les filles vont venir me rendre visite avec 4 représentants de Groupama Assistance et Philippe Varrin (logistique). La visite sera courte mais agréable. Pensez, je n’ai pas vu ma femme et mes filles depuis sept mois !!’
‘Il semble que tous les Russes dans cette région me connaissent. Ils savent ce que fais et attendent mon passage dans leur village. Le bouche à oreille fait le nécessaire ! Je n'ai pas vu beaucoup de monde jusqu’à maintenant, mais ceux que j’ai rencontrés sont très chaleureux et serviables. Plus j’irai à l’ouest plus ce sera peuplé.’ ‘’Il faut que j’aille dormir maintenant, Une autre dure journée m’attend demain.’

7 avril 2004 - Mike appelle depuis la position 70°56.317N 145°04.549E

‘C’était une triste journée, lorsqu’il a fallu dire au revoir à mon équipe de logistique. Nous avons passé 5 jours magnifiques ensemble. Je pense que j’ai dû les saouler avec toutes mes histoires, mais quel plaisir de pouvoir partager mes aventures avec quelqu’un qui parle la même langue que moi.’
‘Les Russes que nous avons rencontrés dans le village de Chokurdakh ont fait preuve de beaucoup de gentillesse et d’hospitalité envers moi-même et mon team. Eux aussi, étaient fascinés de savoir ce que je faisais et évidemment il n’a pas fallu longtemps pour que la vodka coule !’
‘Avec des nouveaux habits Eider, des nouveaux skis au pied et sentant bon la rose, je suis reparti, en me dirigeant cette fois vers le nord-ouest à travers la toundra en direction de Tiksi. Pour le moment la neige est encore épaisse et je me bats pour avancer, avec mon nouvel approvisionnement et donc avec une charge plus lourde dans la luge.’
‘Il fait beau. Le ciel est bleu et il fait froid – quelques degrés plus chaud qu’avant, mais toujours aux alentours de –30°C. Pour moi ce sont des conditions idéales pour avancer, mais je dois malgré tout faire attention de ne pas avoir plus de gelures !’
‘Le prochain arrêt sera à Tiksi où j’espère retrouver ma femme et mes filles. Cela fait presque 7 mois que je ne les ai pas vues, une bonne motivation pour continuer. Avec une nouvelle cargaison de chocolat, j’y serai en un rien de temps.

29 mars 2004 - Mike arrive à Chokurdakh (70°39 N 147°52 E)

‘La dernière fois que j’ai traversé un village, c’était à Pevek et ça fait presque deux mois de cela !! Ce fut une longue ballade pour arriver ici et je suis heureux d’avoir réussi. Je suis fier de moi. Le vent de face continuel a rendu les choses difficiles – peut-être la période la plus difficile, depuis le début de cette expédition… mais me voilà … de retour au chaud, en attendant l’arrivée de mon équipe de logistique.’
‘Cela fait 6 mois que je n’ai pas vu mon équipe et que je n’ai pas eu de ravitaillement et de matériel. J’ai un urgent besoin de nouvelles affaires. J’espère qu’ils amènent du chocolat. Je meurs d’envie de pouvoir dévorer du chocolat, car j’ai fini mes réserves il y a un mois déjà. Vous le croirez si vous voulez mais je rêve de manger des éclairs au chocolat – je me demande si on en trouve dans cet endroit reculé du nord de la Russie ?!? L’équipe va arriver à Chokurdakh dans les prochaines heures. Je me réjouis de les revoir.’

‘Mes genoux me font mal. La semaine dernière, j’ai dû lutter dans une neige très profonde, ce qui a provoqué beaucoup de tensions dans mes genoux. Une chose est certaine, mon corps a besoin d’un bon repos. Toutefois on ne va pas se reposer longtemps à Chokurdakh. L’équipe et moi-même allons passer quelques jours à préparer le matériel et ensuite nous partirons, dans le terrain, loin du village. J’espère qu’ils pourront prendre quelques photos et filmer les environs.’
‘Il semblerait que les conditions météo devraient s’améliorer à partir de maintenant. Ce qui ne signifie pas toujours que la progression est plus facile – en fait – ça devient plus difficile, car je ne pourrai plus utiliser mes skis et tirer ma luge. Je devrai envisager un autre moyen de transport comme mon vélo Trek ou mon kayak Prijon.’
‘Je vais tirer ma luge aussi longtemps que je pourrai. J’espère juste que mes genoux tiendront encore un peu. J’ai encore quelques kilomètres à faire.’

16 mars 2004 - 71°03.318 N 156°53.579 E

Mike a appelé, dans un bon état d’esprit, pour dire que tout allait bien. Il a rencontré des gens dans une cabane, il y a quelques jours.
‘J’étais étonné de voir cette cabane au milieu de nulle part et je me suis approché pour jeter un coup d’œil. J’espérais qu’elle soit ouvert et que je puisse m’y abriter pour la nuit, au lieu de monter ma tente. Quelle surprise lorsque j’ai ouvert la porte et que j’ai trouvé des gens à l’intérieur. J’ai dû donner quelques explications rapides (pas facile avec mes connaissances de russe !!), mais à ma grande surprise, ils ont été très accueillants et m’ont proposé de rester avec eux. C’était magnifique de pouvoir passer un moment avec quelqu’un. Nous nous sommes raconté nos histoires toute la nuit. Ils étaient curieux de savoir ce que je faisais là et je l’étais tout autant de savoir ce que eux faisaient là. Ils m’ont dit qu’ils étaient chasseurs, et qu’ils vivaient là toute l’année. C’est difficile d’imaginer que quelqu’un puisse choisir de vivre dans une petite cabane toute l’année, mais une fois encore, je pense qu’eux trouvent tout aussi surprenant qu’on puisse imaginer une expédition autour du cercle arctique – il en faut pour tous les goûts !!!’

‘J’ai beaucoup apprécié d’être avec des gens. Ça m’a regonflé à bloc. J’ai pu sécher mes habits et mon sac de couchage, manger un bon repas et le jour suivant, je suis reparti.’
‘Tout va bien pour le moment et je parcours environ 30 km par jour. Mon seul problème est que les peaux de mes skis sont usées. Elles ont déjà fait 2000km et ne sont donc plus très efficaces. Tout à coup le poids de ma luge semble avoir doublé durant la nuit et mes jambes souffrent à force de tension. Elles ne veulent plus bouger !!! Ce serait bien de me reposer quelques jours, mais, à cause des températures qui semblent redescendre aux alentours de moins 50°C, je ferais mieux d’atteindre un village et ensuite me reposer au chaud.’
‘Dans 12 jours je devrais arriver à Chokurdakh et ça sera un bon point de ravitaillement. D’après ce qu’on m’a dit, les autorisations et les visas sont en route pour l’équipe de logistique, donc j’espère qu’ils pourront me rejoindre là-bas.’
‘Autre grande nouvelle : j’ai maintenant toutes les autorisations nécessaires pour le reste de la Russie. La seule chose qu’il me reste à faire, est d’avancer vers l’ouest et passer les mois les plus froids de l’année.’

24 février 2004 - 69°42.529 N 163°55.890 E / Des nouvelles très très fraîches!
Mike a repris la route depuis le 15 février. C’est regrettable que l’équipe de logistique n’ait pas pu le rejoindre à Pevek, parce que, maintenant, Mike voit ses réserves de batteries diminuer et la communication est limitée à un usage minimum. L’équipe ne pourra pas le retrouver avant un mois et c’est alors seulement, que Mike pourra profiter d’un réapprovisionnement en vêtements et en matériel.
‘Les conditions ici sont très difficiles. Une fois encore le vent souffle en plein dans mon visage et je suis congelé. Il fait froid – très froid’ dit Mike. ‘ Il n’y a pas une âme qui vive ici, seulement ici et là quelques traces d’ours polaires et de la glace aussi loin que je puisse voir. C’est magnifique, mais …c’est terriblement froid.’
‘Les heures de jour augmentent progressivement. J’ai de la lumière de 10 heures du matin à 5 heures de l’après-midi. Les conditions s’améliorent et je commence à sentir le chaud du soleil ( parfois je me demande si ce n’est pas mon imagination qui me joue des tours !)’
‘Je vais bientôt arriver en Yakoutie. On m’a dit que mon permis pour la Yakoutie m’attendrait dans le premier village que je traverserai, Chokurdakh. J’espère que, en même temps que mon permis, je verrai mon équipe de logistique et que je pourrai recevoir de nouveaux habits, un nouveau matériel et des rations de nourriture. Je ne pourrai pas aller plus loin sans réapprovisionnement.’
‘Ce sera un soulagement d’arriver à Chokurdakh, mais j’ai encore un bon bout à marcher. Je dois protéger mon visage contre les gelures. Par –50°C et un vent de face, c’est une tâche difficile.’
Je vous tiens au courant. Envoyez-moi un peu de chaleur !!!

13 février 2004 - Mike est à Pevek
Mike est arrivé à Pevek le 7 février. Il était impatient de se mettre au chaud et d'éviter les conditions extrêmes de froid qu’il a rencontrées en route. L’état de son nez s’améliore lentement et il espère pouvoir repartir bientôt.
Pevek est le plus grand port maritime du Chukotka et le principal centre de ravitaillement le long de la Mer du Nord. Avec une population de 5383 habitants, c’est le point d’attache d’une importante base météorologique, un centre de réapprovisionnement pour le transport routier et les entreprises de constructions. Il y aussi d’autres industries telles que matériel de construction, traitement alimentaire.

Mike dit, ‘ je pouvais apercevoir la pollution en suspension au-dessus de la ville bien avant d’y arriver. Il y a beaucoup d’industries ici. Ça fait bizarre de voir autant de monde. Dès mon arrivée, j’étais entouré par les gardes et la police afin de vérifier mes papiers. Trois heures plus tard, ils m’ont enfin dit que tout était en ordre et que je pouvais circuler librement dans la ville. Pour être honnête je n’ai pas vraiment envie de rester ici. Je préférerais être dans la nature. Toutefois, je dois rester quelques jours et prendre le temps de décider ce qui va se passer à partir de maintenant.’
‘Nikolai, mon escorte est reparti à Anadyr et va essayer de voir où en est mon permis Rasporyazhenie pour la région de Yakoutie. C’est la deuxième région administrative que je dois traverser durant mon trek à travers la Russie. Bien sûr je reste optimiste et j’espère que tout sera en ordre afin que je puisse entrer en Yakoutie d’ici quelques semaines sans aucun problème.’
‘Mon équipe de logistique a essayé de venir me rejoindre à Pevek mais ils n’ont encore reçu aucune nouvelle de leurs demandes de permis et invitations faites il y a deux mois pourtant. Je n’ai pas envie de rester ici à les attendre, donc je vais continuer de marcher aussi longtemps que je pourrai. J’espère qu’ils pourront me rejoindre en Yakoutie d’ici quelques semaines, parce qu’à ce moment là, j’aurai besoin d’un ravitaillement en matériel et nourriture. A ce stade nous essayons d’analyser toutes les possibilités.’ ‘Mon russe s’améliore bien. Personne ne parle anglais dans cette partie de la Russie.’

5 février 2004 - 69°24.559 N 172°01.383 E

‘Plus que 70 km et j’arriverai à Pevek! J’ai bien avancé. Je suis maintenant dans une vallée qui traverse une petite chaîne de montagnes. Le décor est magnifique, il n’y a rien aux alentours à part quelques renards, des lapins et des gloutons qui m’accompagnent de temps en temps !’
‘ La température baisse progressivement. Il fait environ – 44°C aujourd’hui avec un vent d’est qui souffle à 6.4 km/h ce qui abaisse la température aux alentours de –50°C. C’est TRES froid et mon visage est recouvert de gelures. Mon nez et mes lèvres n’ont plus trop de sensations. Je me réjouis d’arriver à Pevek pour me réchauffer un peu. Si ça continue, je vais bientôt ressembler à l’homme de Cro-Magnon !
‘Les heures de lumière augmentent gentiment, ce qui rend ma progression plus facile. Chaque jour, je gagne environ 10 minutes de lumière. Aujourd’hui, le soleil s’est levé à 10h et s’est couché à 16h.’
‘Dans peu de temps, je vais traverser la frontière du territoire russe voisin ( Yakoutie) et je dirai au revoir à mon escorte, Nickolai. Je n’ai pas beaucoup vu Nickolai. Il a toujours avancé devant moi, et nous nous sommes rencontrés dans les villages.’ ‘J’appellerai dès que j’arriverai à Pevek.’

26 janvier 2004 - 69°36.150 N 177°17.416 E
Le GPS de Mike indique l’Est ! A nouveau un signe positif, qui indique que Mike est dans la bonne direction, sur le chemin de la maison. … et les dernières nouvelles…
‘Je dois affronter une nouvelle fois des vents terribles, que j’estime à environ 80km/h. Quelle belle vision de découvrir une petite cabane, dans laquelle je peux m’abriter pour la nuit, à l’abri du vent et loin des ours polaires. Jusqu’à maintenant je n’aivais encore jamais vu autant de traces ! Je dois être prudent.’ ‘Ma progression est bonne. J’ai parcouru 40, 36 et 34 km ces trois derniers jours et encore 40 km aujourd’hui ! A partir d’ici, ça ira un peu plus lentement, parce que les indigènes m’ont dit de passer à l’intérieur des terres et traverser la chaîne de montagnes pour arriver à Pevek. Il y a beaucoup de pack (bloc de glaces) sur la côte et la progression serait extrêmement difficile. Ce sera aussi un meilleur itinéraire si je veux éviter les ours.’
‘ Encore environ 280 km avant d’arriver dans le village de Pevek. J’y parviendrai dans 8 jours environ. Nous essayons d’organiser un ravitaillement depuis la Suisse à cet endroit mais c’est assez difficile. Trouver un moyen de transport pour l’équipe de logistique en Russie n’est pas facile.’ ‘ Je dis toujours que c’est plus facile de voyager à pied, mais personne ne veut me croire !’

18 janvier 2004 - Belle progression - 68°34.664 N 178°27.112 O / -28°C sans le refroidissement éolien. Vents du nord à 9m/s
'Il fait froid !' s'exclame Mike. 'Je n'ai encore jamais eu de gelures aux visages si sérieuses. J'ai des morceaux de peau qui partent. Le vent du nord souffle en plein dans mon visage. Il n'y a aucun moyen de se protéger. Si j'arrête de marcher une seconde, je gèle littéralement sur place. Je ne peux même pas manger ma ration de nourriture quotidienne. Tout est complètement gelé dans la poche de ma veste. Je fais 11 à 12 heures de marche par jour et en moyenne 36 km. J'essaie de maintenir cette moyenne.' 'J'ai eu la chance d'apercevoir un gros glouton hier. Il est venu tout près, ce qui m'a un peu inquiété, car ils semblent très dangereux. Une rafale de vent s'est levée et le glouton a senti mon odeur. Il est immédiatement parti dans la direction opposée.' Mike rigole, 'je pense que je ne dois pas sentir très bon ces jours.'
'Il doit y avoir de l'eau ouverte dans le coin. J'ai vu des traces d'ours toutes fraîches. Il semblerait qu'ils sillonnent la côte de long en large, la prudence s'impose.'
'Je me réjouis d'arriver à Mys Schmidt dans deux jours. Je retrouverai mon escorte et pourrai me reposer quelques jours. J'espère que mon visage guérira un peu. Encore 526 km jusqu'à Pevek.' 'Ne vous en faites pas pour moi. Je me sens en forme et tout va bien.'

13 janvier 2004 - Mike arrive à Vankarem - 67°49.258 N 175°51.938 O
C'est un Mike très éprouvé qui a téléphoné aujourd'hui pour dire qu'il avait enfin atteint Vankarem. La tempête qui a frappé la région l'a obligé à rester sous tente quelques jours. Le vent s'est calmé aujourd'hui et il a pu parcourir 70 km avec son kite. Il est arrivé à Vankarem à minuit, très fatigué mais heureux d'être là. Il a retrouvé son escorte et ils vont repartir dès que Mike aura effectué quelques petites réparations sur son équipement et après une bonne nuit de sommeil.

9 janvier 2004 - 76° 17.146 N 174° 52.565 O - bloqué par la tempête !
' Ce fut une belle semaine. Après que Nicolay a reçu son carburant, on a décidé qu'il ferait mieux d'aller seul, en me précédant, à Vankarem. Il aura ainsi du temps pour dénicher du carburant (difficile à trouver) et je le rejoindrai dans environ 9 jours.'
'Voilà, je me retrouve seul à nouveau et j'avance bien, en faisant en moyenne 35 km par jour.' 'Hier, j'ai vu mon premier ours polaire et j'ai vite compris pourquoi. Nous nous dirigeons les deux vers l'eau ouverte. J'ai donc modifié ma trajectoire, en préférant rester loin de son chemin. Je n'en ai plus vu depuis.'
'Aujourd'hui je n'ai pas vu d'ours, mais je n'ai pas vu la pointe de mes skis non plus !! Une grosse tempête à éclaté, qui m'a littéralement contraint à m'arrêter. J'ai rapidement planté ma tente et me suis glissé à l'intérieur pour m'abriter. Les gelures recommencent, spécialement les joues, le nez et les paupières. Peut-être devrai-je rester sous la tente demain, si la tempête continue. Je ne le souhaite pas.'
'J'ai perdu un morceau de dent aujourd'hui. J'espère que ça ne posera pas de problèmes. Manger mes rations quotidiennes (noix et chocolat) c'est comme mordre dans un caillou. Tout est complètement gelé, ce n'est donc pas étonnant que mes dents se cassent.'

4 janvier 2004 / Mike a appelé brièvement pour dire qu'il est à nouveau en route.
La moto-neige avec le carburant pour l'escorte de Mike est arrivée à 09h00 ce matin. L'escorte aura ainsi assez d'essence pour atteindre Vankarem, une ville située sur la côte nord de l'océan Arctique. Nous avons aussi eu des nouvelles de la seconde escorte qui est retrouvée. Apparemment en arrivant à Yanrakynnot, des gamins lui ont volé sa moto-neige et ont brisé les skis et la suspension avant. Il aura fallu 3 jours pour réparer et il a ensuite décidé de retourner à Provideniya.
Pendant ce temps, Mike continue à pied (sans problèmes). La température est remontée un peu et les vents ont beaucoup faibli. Encore trois jours et Mike arrivera sur un bras de mer, ce qui lui permettra d'avancer plus facilement.

11 décembre 2003 - Toujours immobile !
J'espérais vous écrire et vous donner de bonnes nouvelles en vous disant que j'avais repris la route. Malheureusement, je ne peux pas !! Je suis arrivé à Providenyia (Russie), lundi 1er décembre et depuis j'attends que mon escorte me rejoigne. Elle doit prendre l'avion depuis Anadyr et malheureusement tous les vols ont été annulés à cause du mauvais temps. Une zone de basse pression a touché la région et devrait s'éloigner bientôt, donc j'espère que l'escorte arrivera vendredi, heure de Russie.
Après une si longue attente, quelques jours de plus ne devraient pas poser de problèmes, n'est-ce pas ?!? Et pourtant si !! Je suis plus impatient que jamais de pouvoir repartir et je regarde les jours s'écouler sur mon visa.
Lorsque mon escorte (Nicolay) arrivera, nous partirons immédiatement. Mon équipement est prêt. J'ai dû tout vérifier une bonne centaine de fois déjà ! J'ai aussi testé le skidoo que Nicolay va utiliser. Un de mes plus gros soucis maintenant est de penser que son skidoo puisse tomber en panne. Alors quoi ?!? Je devrai probablement le tirer sur ma luge ! Mieux vaut ne pas y penser maintenant.
Je vous tiendrai au courant. Croisez les doigts pour moi !/ Amicalement ! Mike