http://www.arktika.org  / (© photos : Gilles Elkaim)

Introduction

JANVIER -> AVRIL 2001

Gilles et les 17 Nenets (6avril 2001)
Mer de Barents, 68°49'N 58°03'E ; 3 000 km du Cap Nord ; plus de 7000 km jusqu'au Pacifique

Arrivé à Vieux Varandeï où vivent les quelques nenets oubliés du monde extérieur, Gilles se retrouve propriétaire de deux chiens en plus. Il commence le jour même l'entraînement de son nouveau attelage, fait de bric et de broc. Gilles fait connaissance avec Taras qui désire faire un bout de chemin avec lui.
On peut difficilement appeler le Vieux Varandeï un village : pas de magasin, pas d'administration, pas d'école, même pas d'électricité. 17 irréductibles Nenets vivent ici. Ils ont refuser de quitter leurs maisons pour s'enfermer dans les appartements offerts à Naryan Mar par la compagnie pétrolière qui s'est installée à 5 km seulement.
" Mon âme, ma vie est ici ! me dit Alexeï. Nous sommes sur la banquise , près d'immenses chaos de glace et le soleil déclinant sur l'horizon, rend ses propos encore plus poignant.
Alexeï a répandu le bruit de mon projet de chiens de traîneau. J'ai à présent trois chiens. Un vieux routard de 4 ans répondant au nom de Bars qui lui convient bien au vu de sa gueule patibulaire. Toutefois Bars est plutôt craintif et affectueux. Encore une âme sensible ! Quant à Pushok, le jeune poilu d'un an, il semble songer à d'autres projets qu'à celui de hâler un traîneau à travers le désert de glace. Le troisième est mon fidèle Sokol bien sûr.
Reste à en faire de cette troupe les chiens de traîneau … C'est ce à quoi je m'attelle le jour même. La première heure de dressage est décourageante. Seul Bars tire le traîneau, tandis que ses deux autres compagnons se font remorquer dans la neige et hurlent de frayeur.
Après quelques aller et retour Sokol a pigé et prend même plaisir à tirer. A son tour Pushok s'y met mais visiblement sans grande joie. Cet attelage est fait de bric et de broc. N'ayant plus ni corde ni sangle, chaque bout de ficelle récupéré ça et là a une valeur inestimable à mes yeux.
J'ai passé la nuit chez Taras qui habite avec sa mère dans une vieille maison bien gardée par six chiens de traîneau. Il est sculpteur, peintre, dessinateur et évidemment pêcheur, chasseur, trappeur.
Le matin de mon départ vers la base pétrolière, je lui lance une boutade : " Viens donc avec moi voir du pays ! " Il réfléchis un moment puis me demande : " Quand part-on ? Que dois-je emporter ? ma hache ? mon fusil ? un ou deux couteaux ? En un quart d'heure, son baluchon est prêt ! Cette fois c'est moi qui suis pris au dépourvu.
Pour me donner un temps de réflexion, je lui propose de présenter mon itinéraire et les difficultés de ce type de voyage. Mais sa décision est déjà prise et même sa mère ne parvient plus à l'en dissuader.
Soit ! Nous sommes des hommes libres et il est inutile de s'engager l'un vis à vis de l'autre. Si nos routes se croisent pour un temps, tant mieux. Lorsqu'elles devront diverger, il faudra de même l'accepter…
Je quitte le village pour quelques jours pour rejoindre la base pétrolière du Nouveau Varandeï, laissant Bars et Pushok aux bon soins de Taras.

1er avril : 3000 km depuis le Cap Nord
300 km parcourus depuis Naryan Mar. Gilles a l'impression de " vivre dans un congélateur ". Le thermomètre frôle toujours les -40°C et à cela s'ajoute le vent quasi permanent et l'humidité de l'air. Et lorsque le vent s'oppose à la marche, la progression devient vite un enfer…

" Protégé par ma chapka en fourrure de glouton, mon masque et mes moufles en peau de renne, je souffre malgré tout du froid qui me crispe le visage. Le soleil printanier vient pourtant réchauffer l'atmosphère mais il faut aussi s'en méfier et ne jamais quitter ses lunettes sous peine de se retrouver aveuglé pendant plusieurs jours par une ophtalmie des neiges très douloureuse.
Le regard ancré sur le compas de mon ski, je m'attache à ne pas dévier de mon cap. Rien de plus simple dans cette contrée de la côte arctique où rien ne vient heurter le regard si ce n'est les gigantesques chaos de glace de la banquise. Difficile même de discerner la ligne côtière tant la toundra est ici plate. Suis-je sur la mer ou sur la terre ? Seule la qualité ou la profondeur de la neige me renseignent sur ma situation. Parfois, lorsque le brouillard devient plus dense, il me semble même flotter dans les airs. La mer libre n'est qu'à une dizaine de kilomètres et la houle de l'Atlantique Nord vient torturer la banquise de la Mer de Barents et la rendre encore plus menaçante par la formation de lourds nuages donnant à l'horizon un aspect sinistre.

Sokol est mon nouveau compagnon de route. Il gambade loin au devant de moi et revient régulièrement au traîneau. En arrivant au village de Tchiornaya après une difficile étape, je l'avais tout de suite remarqué, superbe Laïka de Nouvelle-Zemble. Ayant conté la perte de Vostok à son maître, chez qui je passais la nuit, Viktor me l'a spontanément offert. Mais alors qu'il n'en était plus question au matin, et que je quittais le village, la chien ne voulais plus me lâcher d'une semelle. Il faut dire qu'il avait pris un malin plaisir, la veille, à voler un de mes skis et couper la sangle d'une fixation, ouvrir la bâche du traîneau et en sortir le fusil et la balise de détresse, l'extraire de sa housse, mais par chance n'avait pas trouvé la goupille de déclenchement !
3 000 km parcourus en huit mois de voyage effectif ; bien loin d'être un record, certes, et je m'en félicite. La lenteur justifie à mes yeux la richesse du voyage. 3000 km de côtes sauvages et désertiques, de fjords, de montagnes et de mer, de forêt et de dunes, de rivières et de baies, de marécages, de lacs gelés, de toundra et de banquise, mais aussi de soleil et de pluie, de vent et de marées, de neige et de blizzard, et encore des oiseaux et de phoques, des bélugas et des rennes, des chiens et enfin l'Homme. Finalement le monde vu du haut de l'arctique n'est pas si laid qu'on veut nous le faire croire. Il serait même plutôt attrayant à mes yeux..."

19 mars 2001 Mer de Barents : T° -30° / 2864km du Cap Nord
Gilles reprend ses forces dans une izba de pêcheurs au cap Alexeïevka où il a encore été stoppé par un vent furieux et les -30°C au dessous du zéro. Après quelques rares rencontres le long de la banquise de la mer de Barents il est de nouveau seul. Gilles nous a joint aujourd'hui par téléphone : " Je suis à 6 jours à peu près d'une base pétrolière russe. Le vent souffle en permanence et il fait froid. La glisse est mauvaise. J'ai l'impression parfois que le traîneau pèse une tonne. Heureusement que j'ai pu atteindre cette isba. J'ai été un peu malade, sans doute l'intoxication alimentaire. C'est la mauvaise période des tempêtes de neige. Je reprends la route demain ".
Voici quelques récits des rencontres de Gilles : " Me revoilà donc sur les rives de la Mer de Barents, quittée 3 mois plus tôt pour un parcours à travers marécage, toundra et forêt. La banquise semble s'étendre à l'infini avec ses chaos de glace, pourtant la mer libre n'est pas à plus de 50km.
J'étais encore dans l'estuaire du fleuve Petchora et m'apprêtant à monter la tente, le phare d'une motoneige était soudain apparu à l'horizon et son conducteur m'ayant rejoint, m'avait proposé de m'installer dans l'isba de son frère, distante de 4km. Léonid et Jacob, son voisin, m'avaient ouvert leur porte simplement et offert cet accueil si caractéristique des gens du Nord. Léonid et Jacob sont pêcheurs et vivent toute l'année dans leur isba respective. Mais à l'occasion de la Fête des Femmes, le huit mars, Léonid a chauffé le bania et Jacob l'a rejoint pour fêter l'événement, bien qu'il n'y ait aucune femme à 100km à la ronde. En Russie, chaque fête nationale est prise très au sérieux et celle des femmes dure 3 jours. C'est l'occasion d'un repos, d'un bon repas mais surtout prétexte à trinquer sans avoir mauvaise conscience. Mes hôtes n'ont pas les moyens de s'offrir de la vodka, mais à défaut, m'offrent une sorte de bière artisanale, appelée "bragga", préparée avec du sucre , de la levure et de l'eau. "Excellent pour la santé !" me précise Léonid…
"Arrête-toi et viens te réchauffer. Tu peux rester dormir ici et il y a à manger pour toi". Ces mots simples d'Albert me mettent immédiatement à l'aise. Juste le temps de retirer les glaçons accrochés à ma barbe qu'une soupe m'est servie. Albert a 71 ans et vit également seul ici, loin de tout. Il pêche et chasse encore de temps en temps malgré son âge avancé mais vit de sa seule pension de 1700Rb (400F), juste de quoi acheter le gaz-oil pour la génératrice. Peut-on imaginer pareille retraite ? Le village le plus proche ne se trouve pas à moins de 200km!…
En cette fin d'étape, 3 femmes au crâne rasé me sourient. Des femmes ici et sans cheveux ! Deux hommes viennent les rejoindre. Ce sont les 5 météorologues du cap Konstantinovsky. Originaires d'Arkhangelsk, ils enregistrent les données sans pouvoir les transmettre, leur radio étant tombée en panne. Onze mois sur douze, ils vivent là. Un stock de vivres d'un an, aucun moyen de communication si ce n'est en morse. C'est dire si mon téléphone satellite et mon ordinateur portable les impressionnent. Voyant leur yeux étonnés, j'appelle ma femme à Paris rien que pour leur montrer "Comment ça marche". Dissertant sur l'énergie de mes batteries, Sergueï, le chef de la base me coupe et d'un ton très solennel affirme "Nous avons en Russie des ordinateurs qui permettent de calculer pendant plus de 100 ans et sans batterie!" Puis il quitte la pièce et s'en revient avec cet extraordinaire "ordinateur": le fameux boulier russe!
Ainsi peut-on vivre isolé pendant des mois sur la côte arctique, par des températures de -30° sans pour autant perdre son humour.
Je médite souvent, au cours du jour, sur l'utilité de hâler un traîneau dans le désert polaire, mais chaque rencontre, même si elles sont rares, vient me conforter dans mon entreprise.

Mars 2001 : Accusé d'avoir pénétré une zone interdite
Accusé d'avoir pénétré une zone interdite Ayant quitté son isba pour rejoindre Kotkino distant de 80km par les terres et après une brève visite de 3 motoneiges venues le secourir spontanément du village, Gilles est de nouveau contraint de faire demi-tour à sa cabane. Deux tempêtes successives du Nord et du Sud ont effacé la piste, la progression avec le lourd traîneau s'avère impossible en solitaire en raison de l'épaisse couche de neige humide et de ravins difficilement franchissables.
Une semaine s'écoule encore. La décision est difficile à accepter mais Gilles n'a plus le choix : la slush de la Soula ne gèlera pas. Il faudra accepter l'aide et venir jusqu'au village en motoneige.
Au village de Kotkino, les jambes de Gilles présentent soudain un sérieux œdème des genoux aux orteils, oedème dû à une infection. Malgré une première consultation auprès du docteur local puis une seconde, via téléphone satellite, auprès du Dr Charbonnier, médecin de l'expédition, le diagnostic est difficile à établir par manque d'analyses sérieuses.
Une semaine après, les pieds retrouvent enfin leur forme habituelle. Après quelques dernières piqûres dans les fesses, Gilles prend la route vers Naryan Mar. Eléna l'accompagne cette fois et elle est chargée du tournage vidéo. Quelques villages sur le parcours et des banias (bains russes) à répétition ont donné de la gaieté à ce voyage à deux par des températures allant parfois jusqu'à -40°C.
Arrivé à Naryan Mar, le cœur pétrolier de la Russie, l'aventurier est interpellé par les autorités de la région. On lui rapproche d'avoir, 2 mois plus tôt, longé la zone interdite de la péninsule de Kanine.
Après un interrogatoire en règle, par la police intérieure d'abord, par les gardes frontières et le FSB (ex KGB) ensuite, on lui interdit de quitter la ville. Outre la traversée de la zone interdite il lui manquerait également une autorisation importante concernant son itinéraire dans l'Arctique russe. Face à la gravité de la situation, il a fallu joindre l'équipe à Moscou pour tenter de régler la situation.
Le lendemain, le papier manquant est miraculeusement retrouvé dans un bureau à Mourmansk, situé à 2000 km de là. Devant les accusateurs soudain décontractés, Gilles est heureux d'apprendre qu'il n'est pas un espion. L'affaire est close par un protocole où l'aventurier avoue avoir enfreint la loi qui d'ailleurs date de l'époque soviétique. Cet incident risque de coûter 40 roubles, (autour de 20 francs) à l'association "Arktika".
"Je me demande bien ce que pouvait cacher cette zone interdite. Je n'ai vu là que des buissons rabougris sur des centaines de kilomètres, le marécage gelé et un ciel gris et bas. Il est vrai que non loin de là serait installée une base de lancement de fusées militaires."
A présent, Gilles s'apprête à reprendre la piste pour atteindre la banquise de la mer de Barents, fréquentée par les ours blancs et quelques rares chasseurs menant une existence précaire, coupés du monde extérieur.

Janvier 2001 : Ravitaillement en vodka!
Gilles est reparti hier matin de sa petite cabane, son refuge durant ces trois jours. Grande a été sa surprise quand il a entendu, tout d'un coup, un bruit du moteur et quand il a vu débarquer les trois skidoo, présidés par le chef de police de la région! Bien que content de rencontrer de nouveau les humains, il a vite apprecié la situation : ils n'ont pas emmené de sucre, de sel, ni de réchaud. Par contre, il y avaient des medicaments, du lard et…une bouteille de vodka!
Une chance, il y avait aussi quelques bonbons dans la poche d'un des sauveurs. " J'ai juste demandé un peu de vivre et non pas un hélicoptere pour me sauver!" a déclaré Gilles à sa femme. C'est elle qui était chargée d'organiser le ravitaillement. Ce n'est pas toujours facile d'être à la fois la femme de l'aventurier et la responsable de la logistique de l'exp&dition. Elena a fait l'erreur d'appeler l'administration du village Kotkino trop rapidement, sans expliquer la situation clairement et surtout sans bien pr&ciser la liste du mat&riel à apporter à Gilles. Ces bonshommes ont donc considéré la situation comme tres urgente et des secours ont été organisés. Malgré l'erreur, on peut dire que cela a été un bon exemple de fonctionnement du système de sécurité mis en place. L'administration du village Kotkino avait été péevenue par l'équipe de soutien de Moscou de l'arrivée approximative de Gilles. Ils l'attendaient pour le 18 janvier et, ne le voyant pas arriver, ils se tenaient tous prêts à intervenir en cas de problème. Un grand merci à eux, tous! Grâce aux scooters de neige, une piste a été tracée et Gilles s'est empressé de la suivre avant qu'elle ne disparaisse complèement, effacée par une tempête de neige. Il pourra ainsi réduire la distance jusqu'au village Kotkino de près de 40 km en quittant les méandres de la rivière.

Après plus de deux mois d'enfer dans la nuit polaire et dans l'isolement, Gilles va enfin retrouver, un peu plus tot que prévu, son épouse qui viendra à Kotkino lui apporter vivres et soutien. Elle a aussi décidé de l'accompagner sur les 160 km jusqu'à Naryan Mar.

Bloqué dans une petite isba et sans les rennes
Depuis trois jours, Gilles est bloqué dans une maison de bois abandonnée. Il ne se sens plus capable d'avancer sur la rivière Soula, car les conditions de terrain sont difficiles, mais surtout que son état physique s'est aggravé.
Il y a 5 jours il a ete obligé de tuer ses deux rennes pour abréger leurs souffrances et pouvoir manger. Les animaux ont ete epuises de fatigue et de faim.
La progression est devenue ensuite pénible à cause du poids d'un traineau surchargé. Bientôt, les deux réchauds ont refusé de fonctionner et il lui a fallu devoir manger de la viande crue avant pouvoir enfin atteindre un refuge.
Un nouveau redoux a formé sur la rivière une sorte de boue de neige - ce qui rendrait la progression dans les jours à venir vraiment difficile.
Mais le problème le plus important, c'est l'état physique de Gilles. Il n'a que la viande de renne pour manger et manque gravement de glucide et de sel. De plus, il n'a plus de lampe, ni de bougie. Depuis des semaines, il vit dans la pénombre de la nuit polaire.
La femme de Gilles Elena, qui est à Moscou avec son équipe de soutien - est en train de voir la possibilité d'un ravitaillement avec l'administration du village Kotkino situé à 80 km.

Traversée pénible des rivières
Jour 468 : 66°43'N 48° 42'E, 350 km depuis Mezen, 50 km depuis Oma. 5 jours de route éprouvante. Les rennes peinent dans la neige jusqu'au garrot. En solitaire, je dois à la fois faire la trace et guider les rennes. Pas de piste. Il faut trouver son chemin dans un dédale forestier et éviter les accidents de terrain. Il m'arrive de devoir tracer le chemin à la pelle et à la hache.

Cette expédition et mes précédents voyages m'ont fait rencontrer des gens de toutes nationalités, de toutes cultures de toutes religions. Outre cette disparité qui fait la richesse de l'humanité, je m'aperçois de plus en plus que les hommes, quelles que soient leurs origines, se ressemblent terriblement, que leurs problèmes, leurs craintes et leurs espoirs sont similaires. Vu du nord du cercle polaire, seul dans la toundra plongée dans la nuit polaire, j'ai parfois l'impression d'observer la Terre depuis le cosmos. Je suis de plus en plus conscient de sa fragilité et redoute d'autant plus la folie destructrice de l'homme toujours en quête de plus de profit. Je rêve parfois d'un monde qui ne soit pas uniquement régit par l'argent . Utopie ? Peut être, mais nos enfants et petits enfants n'auront eux pas le choix s'il veulent vivre et non survivre sur notre petite planète.

La traversée de la rivière Bezmochitsa est particuluèrement difficile.. J'attelle les rennes à l'arrière du traineau pour qu'ils le retiennent dans la pente. Lors de la remontée de l'autre rive, une traine casse alors que le traineau était presque parvenu au sommet de l'abrupt. Au second coup d'essai, c'est la panique dans l'attelage et le renne de tête manque de s'étrangler. Il tombe inconscient durant une dizaine de minutes. Je décharge le traineau et le hisse moi-même en haut de la pente.
J'ai l'impression d'être perpétuellement dans la pénombre. Quand je démonte la tente le matin, il fait nuit. Lorsque je marche 5 heures non stop, le temps est gris, il neige. Quand j'installe le bivouac à 15h, il fait encore nuit. La nuit polaire est une période difficile.. Les bêtes sont affamées et le renne de tête montre des signes d'épuisement.
Mais ce soir, je fête mon arrivée à la source de la rivière Soula, qui me mènera sur 200 km de méandre au village de Kotkino. Une isba m'accueille sous la pleine lune. Je peux sécher mes affaires et effectuer les réparations nécessaires bien au chaud.

Chers amis, chers enfants et tous ce qui me suivent, je profite du passage d'un satellite pour vous souhaiter à tous une heureuse année 2001, un joyeux 21e siècle et, pour les plus chanceux, un merveilleux millénaire.