|
||||||||||||||||||||||||||||||||||||||
|
|
Il
n'est presque plus question de qualité de terrain lors des
échanges par satellite avec l'expédition tant la rengaine
inlassablement se répète ; un jour avec, un jour sans.
Une bonne glace, un jour, une mauvaise le lendemain. Beau
temps aujourd'hui, - 32° C en début de journée,
- 22° C le soir, le soleil ne se couche presque plus, une bonne
progression de 11,2 km, ils ont dépassé les 79°
N...
Alain
et Dixie ont raison. Hier et surtout avant hier, c'était presque
le black out total avec cette
infernale banquise qui se refermait à nouveau (voir
le 3 avril) ; les hommes avaient le moral dans les talons. C'est
d'avantage en fin de journée, lorsque le team, une fois réfugié
sous la tente, se penche sur le carnet de bord et s'aperçoit
qu'il se trouve encore à 1240 km du pôle, qu'un souffle
de désespoir vient s'immiscer dans le mental des deux hommes.
Pour l'instant, même s'ils savent qu'ils doivent renoncer pour de bon à la traversée intégrale de l'océan Arctique (le projet initial), ils ne sacrifient pas pour autant au jeu des pronostics. "Il faut attendre encore une quinzaine de jours, a expliqué Dixie, alors seulement on pourra analyser les différents scénarios à envisager. Déjà, atteindre le pôle Nord avec les conditions que l'on connaît depuis le départ semble être un sacré défi. " 7h30 de marche, température - 30° C, ils sentent malgré tout que le printemps est là, petit vent du sud-est pendant la journée, plus de vent ce soir, Dixie s'est légèrement blessé à la jambe hier en faisant une chute (pas grave), Alain a constamment les pieds mouillés et ses peaux se desquament, les muscles et les articulations souffrent...
Chaque
année, début avril, s'ouvre à envrion 100 km
du pôle Nord (voir
notre carte comparative des expéditions arctiques) une
base saisonnière destinée principalement aux touristes
qui souhaitent se rendre au pôle Nord en effectuant à
pied les derniers 100 km qui séparent la base du lieu mythique
de notre globe.
A
découvrir également un texte publié il y a un
an sur notre site et qui relate l'expérience d'un touriste
belge plus tout jeune qui s'est rendu à Barnéo et qui
a effectivement pu accomplir en compagnie d'autres touristes le raid
Barneo -> pôle Nord en toute sécurité. Il n'en
est toutefois pas revenu tout à fait indemne... (Son récit
: cliquer
ici)
Mauvaise
humeur là-bas sur la banquise. Les signes avant-coureurs qui
annoncaient depuis quelques jours une amélioration des conditions
de progression n'ont hélas pas vu leur concrétisation
sur le terrain. Ou pas encore... Demain,
nous publierons l'histoire de la base touristique de Barnéo
ouverte chaque année par Cerpolex
début avril et fermée un mois plus tard ; une base qui
permet aux touristes férus de sensations polaires de s'essayer
sur le trajet Barnéo -> pôle Nord, soit plus de 100
km qui sont d'habitude effectués à skis.
On
le voit clairement sur la photo publiée ci-dessous (et envoyée
aujourd'hui via l'Iridium
et l'iPaq de Compaq),
la surface s'éclaircit et la glace devient chaque jour plus
praticable. Aujourd'hui, par exemple, les deux aventuriers ont pu
chausser les skis pendant près d'une demi-heure. Le progrès
n'est pas vraiment spectaculaire, mais dans une aventure aussi difficile
que celle que les deux hommes sont en train de vivre, chaque détail
qui peut être pris dans un sens positif compte. Le terrain n'est
pas encore favorable à une progression plus rapide mais la
glace d'aujourd'hui était meilleure (environ 1,20m d'épaisseur)
que celle sur laquelle il sont progressé hier. "C'est
bon pour le moral..."
Ce fut le cas aujourd'hui pour franchir le lead de la photo. Rien que pour attacher et détacher les traîneaux et les transformer en catamaran, il faut compter une vingtaine de minutes. Lorsque le chenal est vraiment libre et sans glace et que Dixie et Alain ne doivent pas casser la glace, il faut à peine une demi-heure. 7 heures de marche aujourd'hui, - 22° C au thermomètre, 8,13 km de progression, vent du sud-sud-est et à nouveau bonne dérive vers le nord. Résumé des trois derniers jours : le cauchemar continue... Une immense frayeur ; à nouveau avec un ours, samedi. Alain et Dixie se préparaient à traverser un chenal de 15 mètres de large environ mais, une fois les "bateaux" à l'eau un vent contraire de 60 km/h soufflant de face et imprimant à la surface de l'eau des vaguelettes de 40 cm de haut les a obligé de faire marche arrière vers le bord qu'ils venaient de quitter. Stupéfaction et frissons : là, au bord de l'eau, un ours soudainement les attendait. Que faire ? Tenter d'être plus fort que le vent ou... risquer beaucoup. Finalement, après bien des efforts, décuplés par la présence de l'animal sur l'autre rive, ils sont passés in extremis de l'autre côté. La frayeur était encore présente au fond de la voix d'Alain lorsqu'il raconta cette aventure au téléphone. Beaucoup
d'eau à nouveau lézardant la glace depuis ces trois
derniers jours. Et énormément de mouvements et de cassures
dans la banquise. Dans la nuit de dimanche à lundi, ils se
sont retrouvés isolés (dans la tente) sur une plaque
d'une douzaine de m² avec de l'eau tout autour. Vent de panique
à nouveau... Désagréable sensation de solitude. De samedi 30 mars à hier, progression de 28 km réels vers le Nord, températures plus clémentes, -20° C, une épaisse couche de neige recouvre les craquelures de la glace qui sont donc difficilement décelables, devenant particulièrement dangereuses, le vent est repassé au sud... Bref, le cauchemar continue...
|