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semaine du 01 au 07 avril
 


Dimanche 07 avril (day 42) : Pas de contact direct avec l'expédition
aujourd'hui


Samedi 06 avril (day 41) : Une journée sans histoire

Il n'est presque plus question de qualité de terrain lors des échanges par satellite avec l'expédition tant la rengaine inlassablement se répète ; un jour avec, un jour sans. Une bonne glace, un jour, une mauvaise le lendemain.
Aujourd'hui, c'était plutôt un jour avec car les deux compères ont pu à diverses reprises utiliser les petites voiles (le vent est passé à l'est, 10-15 km/h) ; mais ils se sont également pris les skis dans des trous et des bosses (recouverts de neige) et se sont fait mal plus d'une fois. Sans conséquence pour la suite des opérations toutefois. En fin d'après-midi, nouveau chaos glaciaire.

Beau temps aujourd'hui, - 32° C en début de journée, - 22° C le soir, le soleil ne se couche presque plus, une bonne progression de 11,2 km, ils ont dépassé les 79° N...


Vendredi 05 avril (day 40) :
" On ne sait plus à quel Saint se vouer... "

Sat du 5 avril / 6'20"

Alain et Dixie ont raison. Hier et surtout avant hier, c'était presque le black out total avec cette infernale banquise qui se refermait à nouveau (voir le 3 avril) ; les hommes avaient le moral dans les talons.
Aujourd'hui, brusque changement de paysage à nouveau; d'abord, c'est la première fois depuis le début de l'expédition qu'ils ne rencontrent pas d'eaux libres (hier, ils n'en ont pas rencontrées non plus) et ne doivent donc pas perdre du temps à traverser des chenaux ouverts. Ensuite, l'horizon se dégage derechef, laissant apparaître une banquise moins chaotique et des pans de glace plus plats et plus stables. Enfin, Alain et Dixie ont eu, pour la 4e ou 5e fois, le plaisir de sortir la grande voile et glisser à la force du vent. La séance n'a pas duré longtemps certes, une heure à peine, mais cela a suffi pour leur insuffler de nouvelles forces morales et les faire profiter au maximum de la magie des spectacles grandioses qu'ils sont en train de traverser. "On ne peut pas se rendre compte de la beauté de ces glaces, a glissé Hubert en fin de conversation satellite (Iridium), mais heureusement nous filmons beaucoup et pourrons ainsi faire partager ces moments exquis.
Inoubliables..."

C'est d'avantage en fin de journée, lorsque le team, une fois réfugié sous la tente, se penche sur le carnet de bord et s'aperçoit qu'il se trouve encore à 1240 km du pôle, qu'un souffle de désespoir vient s'immiscer dans le mental des deux hommes.

Les hommes de Globetag icetrek dont on n'avait plus de nouvelles ont été localisés hier par un Antonov : tout va bien, ils continuent de progresser vers le pôle Nord
(voir notre rubrique 'Autres Expéditions'
mise à jour le 1er avril)

Pour l'instant, même s'ils savent qu'ils doivent renoncer pour de bon à la traversée intégrale de l'océan Arctique (le projet initial), ils ne sacrifient pas pour autant au jeu des pronostics. "Il faut attendre encore une quinzaine de jours, a expliqué Dixie, alors seulement on pourra analyser les différents scénarios à envisager. Déjà, atteindre le pôle Nord avec les conditions que l'on connaît depuis le départ semble être un sacré défi. "

7h30 de marche, température - 30° C, ils sentent malgré tout que le printemps est là, petit vent du sud-est pendant la journée, plus de vent ce soir, Dixie s'est légèrement blessé à la jambe hier en faisant une chute (pas grave), Alain a constamment les pieds mouillés et ses peaux se desquament, les muscles et les articulations souffrent...

Autre publication intéressante début de semaine prochaine, lundi ou mardi, l'interview que nous a accordée le célèbre explorateur-docteur français Jean-Louis Etienne mercredi dernier, 3 avril, la veille de son départ pour le pôle Nord (audio et texte)


Jeudi 04 avril (day 39) : Pas de contact avec l'expédition aujourd'hui mais un petit dossier intéressant à lire...

Chaque année, début avril, s'ouvre à envrion 100 km du pôle Nord (voir notre carte comparative des expéditions arctiques) une base saisonnière destinée principalement aux touristes qui souhaitent se rendre au pôle Nord en effectuant à pied les derniers 100 km qui séparent la base du lieu mythique de notre globe.
Voir ici l'histoire de cette base et son fonctionnement, un texte écrit par Christian de Marliave de Cerpolex.

Un Antonov 76 est en train de tenter de localiser l'expédition Australienne Globetag Icetrek qui a perdu tout contact satellite avec son QG il y a maintenant plus de 4 jours.
(voir notre rubrique 'Autres Expéditions'
mise à jour le 1er avril)

A découvrir également un texte publié il y a un an sur notre site et qui relate l'expérience d'un touriste belge plus tout jeune qui s'est rendu à Barnéo et qui a effectivement pu accomplir en compagnie d'autres touristes le raid Barneo -> pôle Nord en toute sécurité. Il n'en est toutefois pas revenu tout à fait indemne... (Son récit : cliquer ici)


Mercredi 03 avril (day 38) : Une journée noire, très noire...

Liaison du 3 avril
(en Anglais)

Mauvaise humeur là-bas sur la banquise. Les signes avant-coureurs qui annoncaient depuis quelques jours une amélioration des conditions de progression n'ont hélas pas vu leur concrétisation sur le terrain. Ou pas encore...
Le chaos de la banquise est plus infernal que jamais (voir une des deux photos), les eaux libres ne cessent de freiner la marche, une neige abondante recouvre la glace, le vent est repassé au Nord et l'horizon dégagé que l'on a pu apercevoir sur la photo publiée hier (voir ci-dessous la photo de hier Mardi 2 avril) s'est soudain refermé n'offrant plus aux deux marcheurs de l'impossible qu'une infinie succession de blocs glaces géants se chevauchant à perte de vue.
Vent du nord, 5,3 km de progression, encore 1255 km à faire pour atteindre le pôle, moral en baisse quoiqu'ils disent...

Voir notre carte comparative des autres expéditions arctiques de ce printemps 2002
mise à jour ce matin

Demain, nous publierons l'histoire de la base touristique de Barnéo ouverte chaque année par Cerpolex début avril et fermée un mois plus tard ; une base qui permet aux touristes férus de sensations polaires de s'essayer sur le trajet Barnéo -> pôle Nord, soit plus de 100 km qui sont d'habitude effectués à skis.


Mardi 02 avril (day 37) : " Il faut gagner durement chaque journée ... "

On le voit clairement sur la photo publiée ci-dessous (et envoyée aujourd'hui via l'Iridium et l'iPaq de Compaq), la surface s'éclaircit et la glace devient chaque jour plus praticable. Aujourd'hui, par exemple, les deux aventuriers ont pu chausser les skis pendant près d'une demi-heure. Le progrès n'est pas vraiment spectaculaire, mais dans une aventure aussi difficile que celle que les deux hommes sont en train de vivre, chaque détail qui peut être pris dans un sens positif compte. Le terrain n'est pas encore favorable à une progression plus rapide mais la glace d'aujourd'hui était meilleure (environ 1,20m d'épaisseur) que celle sur laquelle il sont progressé hier. "C'est bon pour le moral..."

Il reste toutefois que des chenaux d'eaux libres, semblables à celui qu'ils viennent de traverser (voir la photo ci-contre), barrent leur route tous les kilomètres environ. Pas la peine donc de sortir maintenant les powerkites car les obstacles obligeant les hommes à ranger le matériel et à plier les voiles sont trop nombreux. Trop de perte de temps.
Grâce à la photo envoyée aujourd'hui, on peut aisément se faire une idée plus précise du rythme de leur progression. Pour franchir le chenal de la photo - un chenal d'une vingtaine de mètres de large - pris dans de la jeune glace de quelques jours, d'une dizaine de cm d'épaisseur donc - voire d'avantage, cela leur prend environ une heure.

Panne de téléphone et de balise Argos pour l'expédition Australienne Globetag Icetrek
d'Eric Philips et de Jon Muir
On ignore donc tout de leur progression
(voir notre rubrique 'Autres Expéditions'
mise à jour hier 1er avril)

Ce fut le cas aujourd'hui pour franchir le lead de la photo. Rien que pour attacher et détacher les traîneaux et les transformer en catamaran, il faut compter une vingtaine de minutes. Lorsque le chenal est vraiment libre et sans glace et que Dixie et Alain ne doivent pas casser la glace, il faut à peine une demi-heure.

7 heures de marche aujourd'hui, - 22° C au thermomètre, 8,13 km de progression, vent du sud-sud-est et à nouveau bonne dérive vers le nord.

Résumé des trois derniers jours : le cauchemar continue...

Une immense frayeur ; à nouveau avec un ours, samedi. Alain et Dixie se préparaient à traverser un chenal de 15 mètres de large environ mais, une fois les "bateaux" à l'eau un vent contraire de 60 km/h soufflant de face et imprimant à la surface de l'eau des vaguelettes de 40 cm de haut les a obligé de faire marche arrière vers le bord qu'ils venaient de quitter. Stupéfaction et frissons : là, au bord de l'eau, un ours soudainement les attendait. Que faire ? Tenter d'être plus fort que le vent ou... risquer beaucoup. Finalement, après bien des efforts, décuplés par la présence de l'animal sur l'autre rive, ils sont passés in extremis de l'autre côté. La frayeur était encore présente au fond de la voix d'Alain lorsqu'il raconta cette aventure au téléphone.

Beaucoup d'eau à nouveau lézardant la glace depuis ces trois derniers jours. Et énormément de mouvements et de cassures dans la banquise. Dans la nuit de dimanche à lundi, ils se sont retrouvés isolés (dans la tente) sur une plaque d'une douzaine de m² avec de l'eau tout autour. Vent de panique à nouveau... Désagréable sensation de solitude.
Une surprise de Dixie pour améliorer l'ordinaire du jour de Pâques : de petites algues qu'il avait emmenées dans son traîneau, après quoi les hommes ont fait quelques parties de cartes.


mise à jour 1er avril

De samedi 30 mars à hier, progression de 28 km réels vers le Nord, températures plus clémentes, -20° C, une épaisse couche de neige recouvre les craquelures de la glace qui sont donc difficilement décelables, devenant particulièrement dangereuses, le vent est repassé au sud... Bref, le cauchemar continue...