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semaine du 4 au 10 mars
 


Dimanche 10 mars (day 14) : Coucou les revoilà !

Liaison du 10 mars

Dimanche 3pm / Ce n'était pas les batteries qui donnaient de signes de faiblesse comme nous le pensions hier ; si les hommes n'ont pas appelé les deux derniers jours, c'est tout simplement parce que les communications avec le satellite (Iridium) ne passaient pas. Cela dit, les test de recharge de batterie effectués ont été concluants ; donc plus de souci de ce côté.

Rien de bien neuf en tout cas sous les lumières septentrionales de l'Arctique depuis la dernière vacation (le 7 mars) ; la surface de la banquise est toujours aussi mauvaise, la glisse aussi, mais les zones de compression (là où les glaces se fracassent les unes contre les autres) sont déjà moins hautes et le sol plus stable. Ce qui fait penser que, d'ici quelques jours, les conditions du terrain devraient s'améliorer. Par contre, avant hier, il a neigé sur la banquise (10 -> 40cm), ce qui ne facilite pas la progression du tandem.

Les hommes rencontrent des traces d'ours partout (une mère et ses petits, un vieux mâle solitaire), ils ont vu leur premier phoque et, comme on l'entend sur le document audio du jour, Alain et Dixie sont devenus les champions des passages d'eaux libres. De plus, ils ont la forme et les gelures du grand chef semblent en voie (lente) de guérison. Cela donne à Dixie l'occasion de jouer à l'infirmère des service...
Aujourd'hui, mauvais temps, 7 heures de marche, autre petit essai de voile très concluant, léger vent du Nord.


Samedi 9 mars (day 13) : Toujours pas de communication satellite aujourd'hui.

Samedi 6 pm. En fonction des éléments dont nous disposons et des calculs effectués cet après-midi avec ceux qui se sont occupés de la partie "Energie-batteries" de l'expédition, nous sommes arrivés à la conclusion que c'est sans aucun doute à cause d'un problème de batterie que les hommes n'ont pas pu se connecter au QG aujourd'hui. Ni hier.
Il faut dire aussi que, ces derniers jours, Hubert a dû utiliser le satellite plus que de coutume pour prendre avis (ses gelures aux doigts) auprès d'un de ses amis médecins, comme nous l'avons annoncé avant hier. Médecin qui, à propos, n'a pas donné suite à notre demande. Dommage...
Comme d'une part, le soleil n'est pas encore assez haut sur l'horizon pour que les panneaux solaires soient vraiment efficaces (lorsqu'ils fonctionnent en mouvement, c'est-à-dire disposés sur le traîneau pendant la progression) et comme de l'autre, il faut qu'ils restent au moins 5 à 6 heures sur place pour profiter d'un maximum d'effet et recharger complètement la batterie centrale de l'expédition, on peut en déduire qu'au lieu de consacrer un jour à cette opération et perdre ainsi le bénéfice d'une journée de marche - ceci à condition que le temps n'ait pas été couvert - , ils aient préféré avancer et tenter de sortir au plus vite des mauvaises glaces rencontrées jusqu'ici. Il est donc possible que, pendant plusieurs jours encore, nous ne recevions aucune nouvelle des deux hommes.
Aucune inquiétude à avoir en tout cas.


Vendredi 8 mars (day 12) : Nos prochaines publications

Vendredi 5pm : pas de communcation satellite aujourd'hui.

Vendredi 9 am : Comme on peut le voir sur l'animation ci-contre, de passionnants dossiers sont en préparation.
Dès lundi, sera publié, dans cette page, un dossier sur l'alimentation polaire préparé par le diététicien de l'expédition le Dromois Arnaud Tortel. On saura tout ou presque sur ce que les hommes mangent et comment a été préparée la nourriture de l'expédition.

Après cela, un texte passionnant sur l'incroyable controverse qui, depuis près d'un siècle, oppose les partisans de F. Cook et ceux de E. Peary. Aujourd'hui, on se demande encore en effet qui fut le premier homme à atteindre le pôle Nord ? Jacques Theodor, qui a écrit ce dossier, a passé plusieurs mois à décortiquer le sujet (qu'il connaît par ailleurs depuis des années) ; il a consulté des dizaines d'ouvrages et de dossiers sur la question. Une publication à ne pas manquer ! Ce sera pour lundi 18 mars sans doute.

Un autre prochain texte est prêt : celui de Alain Hubert qui explique les méthodes de son entraînement et son rôle de chef d'expédition.

Autre sujet : un voyage au Mustang. Dans le cadre du rapprochement entre le site et ses lecteurs-visiteurs (mille merci en tout cas pour vos messages, vous êtes des dizaines chaque jour à nous écrire), nous avons reçu un très beau texte de Guy et Anne Delforge qui ont été faire un voyage au Mustang, région retirée s'il en est et longtemps interdite.


Jeudi 7 mars (day 11) : 16,8 km, première bonne journée

Liaison du 7 mars
(en Anglais)

Les hommes ont la forme. Alain a pu entrer en contact avec un de ses amis médecin ; il voulait être rassuré à propos de ses gelures aux doigts. Rappelons que, lors de l'ascension de l'arête est de l'Ama Dablam en 1983 (une première) avec André Georges, Alain a eu ses dix doigts gelés au 3e degré - et c'est depuis lors que ses mains sont plus sensibles au froid.
Résultat de la consultation : rien de grave mais il doit faire extrêmement attention. Le fait que le mercure se calme un peu (-25°C, aujourd'hui) et que, les jours passant, les deux hommes de devraient plus connaître les effroyables températures des premiers jours, incline à nettement plus d'optimisme. Nous avons laissé un message sur la boîte vocale du docteur en question en lui demandant une petite intervention sur notre site - ce serait évidemment du plus haut intérêt. On attend sa réponse.

Ce point "santé" terminé, les deux fous polaires sont toujours en train de s'escrimer avec un infect terrain que l'on pourrait appeler boueux - voire même marécageux - si l'on se trouvait sur la terre ferme. Aujourd'hui, le vent a soufflé à 60 km/h propulsant une importante couche de neige sur les jeunes glaces ; de ce fait, ces dernières deviennent moins visibles et moins reconnaissables à l'oeil nu : la progression n'en est que plus lente et surtout plus dangereuse.


RTL TVI est venu filmer le QG

Il n'empêche : le team a parcouru, malgré le vent et les difficultés dont il vient d'être question, 16,8 km entre 10 am et 5.30 pm (et avec une importante dérive vers l'ouest comme indiqué sur notre carte). Un bon coup au moral. Les hommes sont satisfaits de leur prestation et trouvent qu'ils ont finalement pas mal "bossé" depuis ces dernières 24 heures. Ils sont d'autant plus remontés qu'il semble que le terrain devienne un peu meilleur et que la glisse ait été aujourd'hui quelque peu plus aisée.
A nouveau quelques traces d'ours sur la neige. La routine, quoi...


Mercredi 6 mars (day 10) : Hier, une grosse, très grosse frayeur...

6 mars 2pm / Les hommes ont toujours d'énormes difficultés pour avancer sur un terrain plus que pourri. Par exemple : ils arrivent à une zone de compression qu'ils parviennent tant bien que mal à négocier - une heure d'effort, sinon plus. Lorsque se présente soudain, sans bien entendu qu'ils aient pu s'en rendre compte, comme une petite dépression, cinq ou six mètres de profondeur, en bas, de l'eau glacée mais infranchissable parce que trop mince, et ce, sur vingt ou trente mètres de large, de l'autre côté, même talus escapé et flanqué d'énormes glaçons glissants et aux arrêtes vives et coupantes. Puis au-dessus, après avoir négocié cette difficulté, de nouveau les hummocks... De nouveaux les embourbements. La flotte... On passe ? On fait demi-tour pour ne pas devoir affronter cette difficulté ? Ridicule ! Avec les efforts consentis depuis une heure. Bon, on y va...Ils doivent passer. Ils passent... Hier, ils ont franchi un chenal de plus de 500 mètres de large. Aujourdhui Alain, en sautant sur le traîneau déjà l'eau, a plongé les jambes dans l'eau jusqu'aux genoux. "On est devenu de véritables cow-boys", a expliqué Dixie...
Lorsqu'on sait que ce tableautin se présente deux, trois, quatre fois par jour, on comprend mieux pourquoi ils peinent, pourquoi ils avancent lentement.
Ce soir, il fait moins froid : - 25°C. Ciel couvert. Petit vent de sud - sud est. Un petit cadeau de Dixie pour Alain : quelques algues séchées, un régal... 7 heures de marche. Pas d'ours aujourd'hui...

Liaison du 5 mars

6 mars 9am / En raison d'un coup de fil tardif, nous publions ce matin le suivi du 5 mars.
Hier fut donc une journée de grandes frayeurs comme on peut le constater à l'écoute de la vacation satellite (Iridium) du jour ; vers deux heures de l'après midi, un grand ours blanc s'est montré extrêmement menaçant, s'approchant par deux fois à moins de 20 mètres des deux hommes.

Pendant que Dixie filmait l'événement, Hubert s'est employé à effrayer le plus possible l'animal. Une première fois, il a attendu que l'ours soit assez proche d'eux (20 mètres) pour tirer un premier coup de feu, ce qui ne l'a pas effrayé outre mesure. Un recul de quelques pas, c'est tout, 4 ou 5 mètres tout au plus. Lors d'une deuxième "charge" - l'animal s'approchait en effectuant des inquiétants zig zag -, Hubert a attendu qu'il se rapproche d'avantage - une quinzaine de mètres, nous a-t-il dit - pour tirer une deuxième coup de feu. Cette fois fut la bonne et le mammifère polaire a semblé avoir compris car il s'est éloigné pour de bon de l'endroit où se trouvaient les deux hommes.
Mais l'aventure avec les ours ne semble pas être terminée car, à peine sortis d'une difficile navigation de 500 m sur une eau libre brumeuse et mystérieuse à souhait (à la surface de laquelle flottait une légère couche de glace de deux centimètres que les hommes devaient briser à chaque coup de pagaie - les pelles - pour faire avancer les traîneaux), et voulant planter la tente pour la nuit, Alain et Dixie ont à nouveau aperçu des traces fraîches d'ours... Comme ils nous ont appelé en pleine nuit, c'est-à-dire au petit matin chez eux, on sait en tout cas que, cette nuit au moins, ils n'ont pas été dérangés par ces majestueux animaux aux poils blancs...

Nous remercions Dan Guravich pour nous avoir permis d'utiliser un des ces photos, publiée par ailleurs dans notre rubique "Environnement" ; en cliquant sur le nom du site en-dessous de la photo, vous vous rendrez sur son site web (très intéressant et de superbes photos)
Si vous voulez en savoir plus sur les ours polaires cliquer aussi ici (nos pages sur l'Arctique)

Une petite visite à la galerie "Photos du départ" s'impose...


Mardi 5 mars (day 9) : Hier, les eaux libres, aujourd'hui, les ours...

L'expédition s'est finalement manifestée hier (aujourd'hui) à 1.30 am. D'une part, ils étaient trop fatigués pour appeler la veille et de l'autre, la journée du 5 mars a été vraiment fertile en rebondissements. Rebondissements que nous vous raconterons dans le suivi du 6 mars en même temps que le rapport du jour - donc en fin d'après midi, comme d'habitude.
Mais dès maintenant, on peut déjà vous dire que, si avant hier, 4 mars, il y a avait tout autour d'eux de l'eau et beaucoup d'eau, hier ce furent les ours qui n'ont pas arrêté de les harceler, et de les harceler de près, de très près...
Bonne journée et à tout à l'heure...


Lundi 4 mars (day 8) : C'est l'enfer...

Hier, les deux hommes avaient le moral ; aujourd'hui, ils semblaient plutôt abattus par l'énormité de la tâche. La surface sur laquelle ils doivent évoluer ressemble en effet furieusement à un véritable champ de mines sur lequel la glisse - toujours elle - est extrêmement ardue. Pour ne pas dire inexistante ; Dixie et Alain doivent s'y mettre à deux pour tirer leurs traîneaux dans les passages difficiles, ce qui fait naturellement trois trajets au lieu d'un.

Certes, il y a de temps à autre un peu de plat, ce qui leur a permis d'ailleurs de tester une nouvelle fois les voiles et de se dire que, le jour où le terrain leur permettra, ils fileront comme le vent. Et il est bon justement, le vent : 30km/h et dans la bonne direction, sud - sud est. "L'enfer, le mot est faible..." ont été les premiers mots d'Alain lors de la vacation satellite d'aujourd'hui (rappelons qu'ils utilisent le système Iridium). Une bête ne ferait pas ce que nous sommes en train de faire, c'est comme si on remplissait nos traîneaux de briques et qu'on s'en allait sur des chemins de campagne les essayer... Inhumain...Bon, on ne vas pas trop se plaindre, mais tout de même, on ne s'attendait pas à devoir faire de tels efforts... Cela dit, mes onglées vont un peu mieux, mais j'ai quand même 7 doigts atteints". Dixie a connu quelques problèmes aux pieds, cela va dans le snes du mieux également..."
Premier jour où les hommes font 7 heures de marche. Etant donné que là-bas, il fait nuit à 4pm et qu'ils ont besoin de trois heures pour lever le camp le matin, ils ne peuvent guère faire mieux pour le moment...