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Dimanche 3pm / Ce n'était pas les batteries qui donnaient de signes de faiblesse comme nous le pensions hier ; si les hommes n'ont pas appelé les deux derniers jours, c'est tout simplement parce que les communications avec le satellite (Iridium) ne passaient pas. Cela dit, les test de recharge de batterie effectués ont été concluants ; donc plus de souci de ce côté. Rien de bien neuf en tout cas sous les lumières septentrionales de l'Arctique depuis la dernière vacation (le 7 mars) ; la surface de la banquise est toujours aussi mauvaise, la glisse aussi, mais les zones de compression (là où les glaces se fracassent les unes contre les autres) sont déjà moins hautes et le sol plus stable. Ce qui fait penser que, d'ici quelques jours, les conditions du terrain devraient s'améliorer. Par contre, avant hier, il a neigé sur la banquise (10 -> 40cm), ce qui ne facilite pas la progression du tandem. Les
hommes rencontrent des traces d'ours partout (une mère et ses
petits, un vieux mâle solitaire), ils ont vu leur premier phoque
et, comme on l'entend sur le document audio du jour, Alain et Dixie
sont devenus les champions des passages d'eaux libres. De plus, ils
ont la forme et les gelures du grand chef semblent en voie (lente)
de guérison. Cela donne à Dixie l'occasion de jouer
à l'infirmère des service...
Samedi
6 pm. En fonction des éléments dont nous
disposons et des calculs effectués cet après-midi avec
ceux qui se sont occupés de la partie "Energie-batteries"
de l'expédition, nous sommes arrivés à la conclusion
que c'est sans aucun doute à cause d'un problème de
batterie que les hommes n'ont pas pu se connecter au QG aujourd'hui.
Ni hier.
Vendredi 5pm : pas de communcation satellite aujourd'hui.
Vendredi
9 am : Comme on peut le voir sur l'animation ci-contre,
de passionnants dossiers sont en préparation. Après
cela, un texte passionnant sur l'incroyable controverse qui,
depuis près d'un siècle, oppose les partisans de F.
Cook et ceux de E. Peary. Aujourd'hui, on se demande encore
en effet qui fut le premier homme à atteindre le pôle
Nord ? Jacques Theodor, qui a écrit ce dossier, a passé
plusieurs mois à décortiquer le sujet (qu'il connaît
par ailleurs depuis des années) ; il a consulté des
dizaines d'ouvrages et de dossiers sur la question. Une publication
à ne pas manquer ! Ce sera pour lundi 18 mars sans doute.
Les
hommes ont la forme. Alain a pu entrer en contact avec un de ses amis
médecin ; il voulait être rassuré à propos
de ses gelures aux doigts. Rappelons que, lors de l'ascension de l'arête
est de l'Ama Dablam en 1983 (une première) avec André
Georges, Alain a eu ses dix doigts gelés au 3e degré
- et c'est depuis lors que ses mains sont plus sensibles au froid.
Il
n'empêche : le team a parcouru, malgré le vent et les
difficultés dont il vient d'être question, 16,8 km entre
10 am et 5.30 pm (et avec une importante dérive vers l'ouest
comme indiqué sur notre
carte). Un bon coup au moral. Les hommes sont satisfaits de leur
prestation et trouvent qu'ils ont finalement pas mal "bossé"
depuis ces dernières 24 heures. Ils sont d'autant plus remontés
qu'il semble que le terrain devienne un peu meilleur et que la glisse
ait été aujourd'hui quelque peu plus aisée.
6
mars 2pm / Les hommes ont toujours d'énormes difficultés
pour avancer sur un terrain plus que pourri. Par exemple : ils arrivent
à une zone de compression qu'ils parviennent tant bien que
mal à négocier - une heure d'effort, sinon plus. Lorsque
se présente soudain, sans bien entendu qu'ils aient pu s'en
rendre compte, comme une petite dépression,
cinq ou six mètres de profondeur, en bas, de l'eau glacée
mais infranchissable parce que trop mince, et ce, sur vingt ou trente
mètres de large, de l'autre côté, même talus
escapé et flanqué d'énormes glaçons glissants
et aux arrêtes vives et coupantes. Puis au-dessus, après
avoir négocié cette difficulté, de nouveau les
hummocks... De nouveaux les embourbements. La flotte... On passe ?
On fait demi-tour pour ne pas devoir affronter cette difficulté
? Ridicule ! Avec les efforts consentis depuis une heure. Bon, on
y va...Ils doivent passer. Ils passent... Hier, ils ont franchi un
chenal de plus de 500 mètres de large. Aujourdhui Alain, en
sautant sur le traîneau déjà l'eau, a plongé
les jambes dans l'eau jusqu'aux genoux. "On est devenu
de véritables cow-boys", a expliqué Dixie...
6
mars 9am / En raison d'un coup de fil tardif, nous publions ce
matin le suivi du 5 mars. Pendant
que Dixie filmait l'événement, Hubert s'est employé
à effrayer le plus possible l'animal. Une première fois,
il a attendu que l'ours soit assez proche d'eux (20 mètres)
pour tirer un premier coup de feu, ce qui ne l'a pas effrayé
outre mesure. Un recul de quelques pas, c'est tout, 4 ou 5 mètres
tout au plus. Lors d'une deuxième "charge" - l'animal
s'approchait en effectuant des inquiétants zig zag -, Hubert
a attendu qu'il se rapproche d'avantage - une quinzaine de mètres,
nous a-t-il dit - pour tirer une deuxième coup de feu. Cette
fois fut la bonne et le mammifère polaire a semblé avoir
compris car il s'est éloigné pour de bon de l'endroit
où se trouvaient les deux hommes.
Nous
remercions Dan Guravich pour nous avoir permis d'utiliser un des ces
photos, publiée par ailleurs dans notre rubique "Environnement"
; en cliquant sur le nom du site en-dessous de la photo, vous vous
rendrez sur son site web (très intéressant et de superbes
photos) Une
petite visite à la galerie "Photos du départ"
s'impose...
L'expédition
s'est finalement manifestée hier (aujourd'hui) à 1.30
am. D'une part, ils étaient trop fatigués pour appeler
la veille et de l'autre, la journée du 5 mars a été
vraiment fertile en rebondissements. Rebondissements que nous vous
raconterons dans le suivi du 6 mars en même temps que le rapport
du jour - donc en fin d'après midi, comme d'habitude.
Hier, les deux hommes avaient le moral ; aujourd'hui, ils semblaient plutôt abattus par l'énormité de la tâche. La surface sur laquelle ils doivent évoluer ressemble en effet furieusement à un véritable champ de mines sur lequel la glisse - toujours elle - est extrêmement ardue. Pour ne pas dire inexistante ; Dixie et Alain doivent s'y mettre à deux pour tirer leurs traîneaux dans les passages difficiles, ce qui fait naturellement trois trajets au lieu d'un. Certes,
il y a de temps à autre un peu de plat,
ce qui leur a permis d'ailleurs de tester une nouvelle fois les voiles
et de se dire que, le jour où le terrain leur permettra, ils
fileront comme le vent. Et il est bon justement, le vent : 30km/h
et dans la bonne direction, sud - sud est. "L'enfer,
le mot est faible..." ont été les premiers
mots d'Alain lors de la vacation satellite d'aujourd'hui (rappelons
qu'ils utilisent le système Iridium).
Une bête ne ferait pas ce que nous sommes en train de faire,
c'est comme si on remplissait nos traîneaux de briques et qu'on
s'en allait sur des chemins de campagne les essayer... Inhumain...Bon,
on ne vas pas trop se plaindre, mais tout de même, on ne s'attendait
pas à devoir faire de tels efforts... Cela dit, mes onglées
vont un peu mieux, mais j'ai quand même 7 doigts atteints".
Dixie a connu quelques problèmes aux pieds, cela va
dans le snes du mieux également..."
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